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Conférences du patrimoine 2021-2022

organisées par la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace

en collaboration avec les Musées de Strasbourg

 

 

Jeudi 14 octobre 2021
Les pépiniéristes Baumann de Bollwiller : des « influenceurs » des jardins au XIXe siècle ?
Cécile Modanese, Université de Haute-Alsace

Les pépinières Baumann sont fondées à Bollwiller par Jean Baumann vers 1735. Révolutionnant les pratiques arboricoles d’alors, celui-ci crée pour son propre compte une pépinière d’arbres fruitiers à objectif mercantile. L’activité traverse la Révolution française et réalise une formidable ascension en trois générations. Elle connaît son heure de gloire au XIXe siècle, documentée notamment par des archives familiales et par des articles dans diverses revues horticoles du XIXe siècle. L’entreprise perdure non sans difficultés de transmission à travers six générations, jusqu’en 1969. Le succès extraordinaire de cette entreprise spécialisée au XIXe dans les arbres fruitiers et d’ornement, repose sur sa capacité à s’approvisionner et à reproduire des plantes rares et prisées. Elle se distingue par la qualité et la rareté de ses produits : camélia, séquoia géant, sophora pleureur… La pépinière se charge elle-même de la commercialisation des productions, sur un marché en expansion et en constante mutation. Ainsi, ces plantes participent à la propagation d’un goût nouveau : celui pour la végétation exotique, propice à l’évasion par la rêverie. Son champ d’activité principal de production d’arbres et d’arbustes est complété dès le début du XIXe siècle par le travail de « dessin de jardins », diffusant notamment en Alsace et en Suisse les jardins pittoresques.

Illustration : Étiquette des Frères Baumann à Bollwiller, 1838. Archives privées Alain Baumann.

 


Mardi 2 novembre 2021
Schiltigheim du Néolithique à l’époque contemporaine : le résultat des fouilles du Dinghof

Elise Arnold et Lucie Jeanneret, Archéologie Alsace

Les fouilles archéologiques menées en 2018 au cœur de la ville de Schiltigheim, à l’emplacement d’un ancien Dinghof – ou cour seigneuriale – dépendant à l’époque médiévale du chapitre Saint Thomas de Strasbourg, ont permis de mettre au jour des vestiges d’occupation allant du Néolithique ancien à l’époque contemporaine. La découverte exceptionnelle de plusieurs caves de stockage taillées dans le lœss, dont peu de parallèles sont encore connus en Alsace et qui témoignent des activités d’un Dinghof rural au cours du bas Moyen Âge, représente l’un des apports majeurs de cette opération. L’étude du bâti menée sur la maison en pan de bois ayant abrité les familles des derniers Dinghofmeier de la cour colongère à partir du XVIIe siècle, offre quant à elle un contrepoint intéressant et complémentaire à l’analyse des vestiges en creux, en illustrant l’une des dernières étapes de l’histoire du site, occupé depuis près de 7 300 ans.

Illustration : vue de la maison des Dinghofmeier datée du XVIIe siècle, surplombant l’une des caves de stockage du Dinghof médiéval en cours de fouille (cliché : E. Arnold)


Jeudi 9 décembre 2021
Les plans d’extension des villes en Alsace-Lorraine (1871-1918)
Hélène Antoni, ENSAS

Au XIXe siècle la révolution industrielle entraîna des mutations urbaines sans précédent. Les villes d’Alsace et de Lorraine, annexées à l’Empire allemand suite à la guerre de 1870, firent l’objet d’extensions urbaines, sur le modèle de la nouvelle discipline naissante en Allemagne, le Städtebau. Les villes d’Alsace-Lorraine étaient les témoins et les acteurs des mécanismes spécifiques, à la fois réglementaires, juridiques et d’organisation administrative qui se mettaient en place à ce moment-là, en Allemagne. Le fort engagement des autorités allemandes dans ces projets permet de mieux comprendre les enjeux pour les villes d’Alsace-Lorraine dans un contexte politique et culturel particulier.

Illustration : Plan de l’extension de Strasbourg dit plan Conrath, 1880 (BNUS, M Carte 1092).

 


Jeudi 6 janvier 2022
Diversifier les documents nécrologiques pour mieux commémorer les défunts (XIIIe-XVIe siècles, diocèse de Strasbourg)
Anne Rauner, Université de Strasbourg

 

Au Moyen Âge central, les nécrologes, puis les obituaires étaient les supports privilégiés de la prière pour les morts. On inscrivait dans ces calendriers perpétuels le nom des défunts pour le salut desquels la communauté chrétienne devait prier. Or, à partir du tournant du XIIIe siècle, les mutations de la commémoration des défunts, la diffusion progressive d’une nouvelle culture administrative dans laquelle on mobilisait l’écrit pour administrer au mieux les biens et les revenus conduisirent à la diversification et à la spécialisation des documents nécrologiques. Les différents manuscrits se distinguaient les uns des autres par leurs caractéristiques matérielles et leur contenu textuel. Leurs conditions de production différaient, mais surtout ils formaient un réseau d’écrits au sein duquel chacun se voyait attribuer une fonction différente.

Illustration : Archives municipales d’Obernai, GG 14a, fol. 14a. Photographie de l’auteur.

 


Jeudi 3 février 2022
Les fouilles du quartier du château à Châtenois (67) : un lieu du pouvoir épiscopal entre 800 & 1600
Jacky Koch, Archéologie Alsace

 

Les fouilles programmées du jardin du presbytère, menées avec le soutien de la commune depuis 2008, ont révélé les vestiges d’une occupation continue depuis l’Antiquité jusqu’au début du XVIe siècle. La genèse de cette longue histoire est peut-être liée à la présence d’une villa antique, occupée sans discontinuité jusqu’à la fin du XIIe siècle. L’édification d’une fortification en pierres, toujours existante, remodèle entièrement la topographie du site au milieu du XIIIe siècle. Le site reçoit la maison d’un Burgmann, représentant de l’évêque de Strasbourg. Une nouvelle mutation intervient dans le cours du XVe siècle, par la multiplication de constructions associées à l’économie viticole. Les découvertes immobilières et mobilières livrent, cas unique en France, l’éventail complet des traces d’opérations liées à la culture et la production du vin (caves, bâtiment au pressoir…). L’histoire du site s’achève par un épisode violent daté dans la première moitié du XVIe siècle, très probablement la Guerre des Paysans.

Illustration : Contrepoids d’un pressoir à vin découvert dans la troisième maison (J. Koch © Archéologie Alsace).


Jeudi 3 mars 2022
Les Néandertaliens de la vallée de la Bruche : présentation du site paléolithique de Mutzig-Rain (Bas-Rhin)
Héloïse Koehler, Archéologie Alsace

Découvert fortuitement en 1992 à l’occasion de travaux entrepris par un particulier dans son jardin, le site de Mutzig (Bas-Rhin) abrite de nombreux abri-sous-roche, aujourd’hui la plupart effondrés, qui ont été occupés à la Préhistoire ancienne. Des fouilles menées chaque été depuis 2010 révèlent de nombreuses occupations néandertaliennes aux alentours du 90e millénaire. Le remarquable état de conservation des vestiges exhumés offre l’opportunité d’étudier le fonctionnement d’un campement de néandertaliens sur une dizaine de millénaires. Ces données, confrontées aux autres découvertes menées dans la vallée de la Bruche et plus généralement dans le fossé rhénan, permettent d’avoir un premier aperçu de l’occupation de l’Alsace par les populations néandertaliennes.

Illustration : Vue de la fouille de Mutzig.

 


Toutes ces conférences auront lieu de 18h30 à 20h

à l’Auditorium des Musées de Strasbourg (MAMCS)

1 Place Hans-Jean-Arp 67000 STRASBOURG

Bus 4 ou 10 – arrêt Musée d’Art Moderne

Tram B ou F, arrêt Faubourg National

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles