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ZURLAUBEN (de)

Les seigneurs de la Tour et Châtillon ou Thurn und Gestellenburg seraient originaires de la région de Zug en Suisse. Puissants barons d’empire déjà mentionnés au Xe siècle, en honneur sous Othon le Grand, ils furent de grands bienfaiteurs des églises et monastères de Suisse méridionale. Ils étaient souvent en guerre contre les bourgeois de Berne et l’irrémédiable se produisit le 18 août 1375 lorsque les vassaux d’Antoine I († 1402) jetèrent du haut de la tour des murs d’un château son oncle Guichard, évêque de Sion. Le neveu, vaincu par les habitants du Valais, se retira auprès du duc de Savoie. Son fils aîné, Balthasar, se cacha dans les bois pour se soustraire à la fureur des habitants révoltés et substitua au nom de la Tour et Châtillon à celui de Zurlaube Ad Frondem, en souvenir de son asile. Oswald, descendant d’Antoine Ier, capitaine dans les troupes suisses au service des papes Jules II et Léon X, puis de Maximilien Sforza, passa au service de la France et de son roi François Ier, après la bataille de Marignan en 1515. Dès lors l’attachement de cette famille noble au royaume de France ne se démentit plus (quatorze officiers, généraux et colonels ont été tués au service de la couronne). Ce sont eux qui installèrent les anabaptistes chassés de Suisse dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines vers 1680.

  1. Conrad III,

inspecteur général. Fils de Beat II de Zurlauben († Perpignan 1682). Il fut pendant huit ans lieutenant aux gardes suisses près du roi Louis XIV. En 1675, il fut nommé colonel du régiment de Furstenberg, gouverneur du château de Zwollen en Hollande. Enfin, en 1676, brigadier de l’armée française. Il servit en Catalogne et se distingua au siège de Puigcerda en 1677. En 1679, il fut inspecteur général d’infanterie dans le Roussillon et la Catalogne. En récompense des services rendus, le roi lui donna par lettre patente de mars 1681 les seigneuries d’Ortemberg et de Villé. Chevalier de l’ordre de Saint-Michel en 1682, il mourut sans laisser de descendance mâle.

  1. Béat Jacques II,

lieutenant-général, comte de Villé (★ Zug 25.2.1656 † Ulm 21.9.1704). Fils de Henri de Zurlauben, capitaine général des troupes du canton de Zug, et de Anne-Marie de Speck. Neveu de 1. ∞ 18.6. 1691 Julie de Sainte-Maure, nièce du duc de Montauzier ©. Nommé lieutenant du régiment allemand de Furstenberg le 2 février 1668. Il participa aux campagnes sur le Rhin de 1672 à 1674 puis en Flandre de 1675 à 1678. Capitaine du régiment allemand de Königsmark le 10 août 1682, il fut incorporé dans la brigade d’Oberkam en 1690. Il fut nommé brigadier d’infanterie le 22 mai 1690, passa en Irlande et se distingua à la bataille de Limmerick. Il fit preuve de bravoure lors de la bataille de Neerwinden, Belgique le 29 juillet 1691 et fut blessé lors de la bataille de Steinkerque le 3 août 1692. Il fit les campagnes de Flandres de 1691 à 1697, puis de 1701 et 1702. Commandant des troupes du canton de Zug le 30 avril 1695, maréchal de camp le 3 janvier 1696, enfin lieutenant général. Il commanda la gendarmerie à la bataille de Hochstetten le 13 avril 1704 et repoussa trois fois l’ennemi. Par lettres patentes du 14 décembre 1682 il obtint les terres et seigneuries d’Ortenberg et de Villé, auparavant détenues par son oncle. Celles-ci furent érigées en baronnie par une lettre datée de juillet 1686 et enfin en comté. Chevalier de Saint-Louis en 1694. Sa fille Julie de Zurlauben épousa le 28 décembre 1711 Henri Louis de Choiseul, marquis de Meuse. Par grâce royale, le comté de Villé passa ainsi aux Choiseul. En effet, le roi étendit la transmission d’un fief à la descendance féminine, suite aux nombreuses requêtes formulées par Béat Jacques II, ce, par lettres patentes de mars 1703.

Service historique de l’Armée de Terre, dossier 3YD 355 ; Michaud, Biographie universelle, t. 45, Paris, 1854 ; Nartz, Le Val de Villé, Recherches historiques, Strasbourg, 1887 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 337-338; Historisch-biographisches Lexikon der Schweiz…, Neuenburg, 1934, t. 7, p. 768-769; G. Livet, L’intendance d’Alsace de la guerre de Trente ans à la mort de Louis XIV (1634-1715), 1991 ; Halter A..

Jean-Marie Klein (2003)