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ZELLER Gaston

Universitaire, France (★ Belfort 9.3.1890 † Paris 3.10.1960). Fils de Gustave Zeller, colonel du Génie, et de Juliette Berthold ∞ (pas à Strasbourg) 18.5.1927 Marguerite Humbert, fille du général Georges Humbert © et de Louise Léontine Roustic. Agrégé d’histoire et de géographie (1919), docteur ès lettres (histoire, 1926), successivement professeur aux lycées de Metz (1920-1925), de Strasbourg (Fustel de Coulanges, 1926-1928), aux facultés des Lettres de Clermont-Ferrand, puis de Strasbourg en 1933, à la Sorbonne enfin depuis 1946. Séjour à Clermont-Ferrand de 1940 à 1942 avec la faculté de Strasbourg. Fondateur avec le professeur Lassus et le général de Lattre de Tassigny des fouilles de Gergovie (les Gergoviotes). Frappé pour son patriotisme ardent par un arrêté de suspension en 1943 par le gouvernement de Vichy, réfugié dans le Midi de la France jusqu’à la Libération, il avait échappé aux souffrances de la déportation. Professeur au Centre d’études germaniques et collaborateur fidèle de la Revue d’Alsace et de la Revue historique. La pensée de Zeller s’ordonnait autour de quelques grands thèmes qui s’inspiraient de la même méthode : ne recevoir aucune idée sans la passer au crible des faits et des textes, se méfier des théories générales et des idées reçues, prendre quand il le faut le contre-pied des banalités courantes et commodes qui, à force d’être répétées, finissent par être considérées comme des vérités. Démythification de l’histoire qui commanda la lutte de l’auteur contre la « mythologie historique », dans les deux domaines de sa recherche, les relations internationales et l’histoire administrative et institutionnelle. Le premier domaine fut marqué par sa thèse de doctorat, La réunion de Metz à la France, 2 volumes, 1926, des travaux sur l’Alsace et la Lorraine, L’organisation défensive de la frontière du Nord et de l’Est au XVIIe siècle, Paris, 1928, et sur le Rhin, La France et l’Allemagne depuis dix siècles, Paris, 1932. Zeller y réfutait un certain nombre d’idées fallacieuses, dont, celle, à son avis, de la politique monarchique des frontières naturelles (« Comme la vérité, l’erreur à son histoire… »). En dehors de l’esprit de système, elle s’expliquerait par la confusion entre les idées des publicistes et les desseins de la politique royale. Même examen minutieux au sujet de l’attitude à l’égard des provinces de l’Est dont l’Alsace (Le rattachement de l’Alsace à la France, 1948 et collaboration à la Bibliographie alsacienne), de l’Europe et du monde dans les deux volumes de l’Histoire des relations internationales (1953-1955), dirigée par P. Renouvin, consacrés à la période moderne. Le second domaine fut marqué par une contribution très importante à l’histoire du droit français et des institutions d’Ancien Régime, des études sur L’administration monarchique avant les intendants (Revue historique 1957) et Les institutions de la France au XVIe siècle (1948), sa période de prédilection, pas suffisamment connue à son avis. Historien et non juriste, à l’état de droit dont il connaissait les faiblesses, il opposait l’état de fait. Sensible aux questions économiques (douanes, corporations…), il ne participa cependant que de loin à L’École des Annales née à Strasbourg (1929). À la loi écrite, il rappelait la loi non écrite, la coutume, si vivante dans les siècles passés. Œuvre de défricheur, d’un caractère courageux, un peu sévère, un peu misanthrope, esprit indépendant, plus à l’aise à Strasbourg qu’à Paris pour sa recherche et son enseignement, il fut attiré vers la fin de sa vie de plus en plus par l’histoire sociale (Histoire et sociologie, 1959) et projetait d’écrire une Histoire de la misère dont il avait réuni les éléments. Chevalier de la Légion d’honneur.

Bibliographie dans G. Livet, « G. Zeller et les relations internationales. Une leçon de méthode et de critique historique », Bulletin de la Faculté des Lettres de Strasbourg, avril 1961, p. 355-370 ; recueil d’articles dans Aspects de la politique extérieure de la France d’Ancien Régime, 1962.

La Faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, par le doyen Maugain. Mémorial des années 1939-1945, 1947 ; J.-J. Hatt, « Les fouilles de Gergovie de 1941 à 1944 », Études historiques. Mélanges 1945, Strasbourg, 1947 ; G. Livet, « L’Institut et la chaire d’histoire moderne de la Faculté des Lettres de Strasbourg de 1919 à 1954 », Bulletin de la Faculté des Lettres de Strasbourg, Hommage à Lucien Febvre, novembre 1957 ; Who’s who in France, XXe siècle, p. 2025 ; A Gain, « G. Zeller, historien de Metz », Cahiers lorrains, oct. 1960 ; M. Devèze, « G. Zeller et l’histoire des institutions françaises d’ancien Régime », Annales de l’Est, 1961/2 ; J. Lassus, Mémoire d’un cobaye, 1973, p. 72-76 ; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, IV, p. 468- 473 ; Ch. O. Carbonell, G. Livet (dir.), Au berceau des Annales. Le milieu strasbourgeois. L’histoire en France au début du XXe siècle. Actes du Colloque de Strasbourg (11-13.10.1979), 1983 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, 1986, p. 7484-86 (Histoire de l’Université de Strasbourg) ; Histoire de Metz (sous la direction d’Y. Le Moigne), 1986, p. 211 – 242 ; 50 années à l’Université de Strasbourg 1948-1998 : G. Livet, Strasbourg, 1998, p. 72-73, 90-95, 237, 404 ; Histoire des gouverneurs militaires de Strasbourg (sous la direction du général Richard), Strasbourg, 2001.

† Georges Livet (2003)