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YVES Renaud

Avocat, magistrat, administrateur, député (★ Colmar 23 nivôse an XII = 14.1.1804 † Colmar 5.7.1884). Fils de Joseph Renaud Yves © et de Marie Catherine Charlotte Seitz. ∞ Anne Marie Marschall. Études secondaires au collège Napoléon à Paris, supérieures à la faculté de Droit de Strasbourg. Stagiaire au barreau de Colmar en 1827, il devint avocat à la Cour royale en 1829. Brillant orateur, il rejoignit les rangs de l’opposition libérale. Au lendemain de la révolution de 1830, il fut nommé substitut du procureur du roi, mais destitué dès 1832 pour avoir refusé de requérir contre un prévenu inculpé pour injure au roi. Ayant réintégré aussitôt le barreau, il se fit remarquer à plusieurs reprises par ses discours tenus dans des banquets politiques ou festifs. Devenu un ardent républicain, il joua un rôle actif dans la révolution de 1848 à Colmar, et fut nommé membre de la commission départementale du Haut-Rhin le 26 février 1848, puis adjoint au commissaire du gouvernement du Haut-Rhin le 2 mars 1848. Il quitta cependant la préfecture dès le 27 mars 1848, ayant obtenu le poste de procureur général de la Cour d’appel de Colmar. Il démissionna à la fin de l’été suivant, ayant été élu représentant du Haut-Rhin à l’Assemblée nationale constituante le 28 août 1848. Battu aux élections de 1849, il réintégra le barreau de Colmar et se distingua en obtenant, conjointement avec son collègue et ami l’avocat Ignace Chauffour ©, l’acquittement de Jaenger ©, Liblin © et Mossmann © au procès de Besançon en juin 1849. Il fut le défenseur de la presse socialiste pendant la Deuxième République et de la presse libérale sous le Second Empire. Il plaida à Strasbourg en décembre 1849 en faveur du Démocrate du Rhin qui avait publié un texte de Charles Boesé ©, article poursuivi pour appel à l’insurrection et à la guerre civile. Il défendit en 1862 le Courrier du Bas-Rhin de Gustave Silbermann ©. Élu bâtonnier de l’Ordre des avocats à la Cour à trois reprises (1849, 1855 et 1868), il se tint à l’écart de la vie politique sous le Second Empire. Ayant opté pour la France en 1872, il s’établit à Dijon, mais revint ensuite prendre sa retraite à Colmar.

Yves aurait collaboré en 1839 avec Rothmuller © pour les textes de ses Vues pittoresques de l’Alsace. Poète épicurien à ses heures, il avait publié en 1860 une pièce en vers, L’éloge du célibat, qui fut plusieurs fois jouée sur la scène colmarienne et adaptée en dialecte par le poète Mangold ©. En 1883, la Revue d’Alsace fit paraître l’un de ses poèmes intitulé Anecdote littéraire. Enfin, ses Souvenirs parurent à Dijon en 1885, après sa mort.

Archives municipales de Colmar, dossier biographique ; Affiches alsaciennes du 10.7.1884 ; D. A. Titot, Discours prononcé sur la tombe de Renaud Yves, Colmar, 1884 ; P. Ristelhueber, « Renaud Yves », Biographies alsaciennes, Colmar, 1884 ; Ch. Foltz, Souvenirs historiques du Vieux Colmar, Colmar, 1887, p. 346-350 ; Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, II, n° 31 (portrait) ; Robert, dir., Dictionnaire des Parlementaires français comprenant tous les membres des Assemblées françaises et tous les ministres français 1789-1889, 1891, t. V, p. 568 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1027-1028 ; P. Muller, La Révolution de 1848 en Alsace, Paris-Mulhouse, 1912, p. 205; J. Joachim, « Renaud Yves, Labienus et le Deux Décembre », Revue d’Alsace, 1924 p. 365-367 ; « Les hommes distingués du Vieux Colmar : Renaud Yves, avocat », La France de l’Est du 31.12.1928; F.-J. Heitz, Deux registres de délibérations du barreau de Colmar 1712-1870, sl, 1932, p. 340-341 ; idem, « Une promotion révolutionnaire en 1848 : Renaud Yves, procureur général à Colmar », Le pouvoir judiciaire, février 1848 ; J.-P. Kintz, Journaux politiques et journalistes à Strasbourg sous la Seconde République et à la fin du Second Empire, Strasbourg, 1970, 4 vol. multigr., p. 113, 121, 127 et 240; L. Sittler, « L’avocat Yves, L’Alsace du 21.3.1980; CNRS, Grands notables du Premier Empire – Haut-Rhin, 1978, p. 66; René Bargeton et alii, Les préfets du 11 ventôse an VIII au 4 septembre 1870. Répertoire nominatif et territorial, Paris, Archives Nationales, 1981, p. 308; Encyclopédie de l’Alsace, XII, p. 7813-7814 (erreurs en début de notice).

Jean-Marie Schmitt (2002)