Chimiste, membre de l’Institut, (PI) (★ Strasbourg 26.11.1817 † Paris 12.5.1884). Fils de Jean-Jacques Wurtz, pasteur, et de Sophie Kreiss, fille de pasteur. Il suivit pendant un an les cours d’humanité au Séminaire protestant après avoir fréquenté le gymnase de sa ville natale. Il découvrit son intérêt pour la chimie et s’inscrivit à la faculté de Médecine. Il y devint chef des travaux chimiques en 1838. Après avoir fréquenté le laboratoire de Liebig à Giessen, il soutint sa thèse de doctorat en 1843. Il quitta Strasbourg pour Paris où Dumas, doyen de la faculté des Sciences et professeur de la faculté de Médecine, le prit comme préparateur de chimie organique et le fit nommer répétiteur à l’École centrale des Arts et manufactures. Professeur agrégé de chimie organique en 1847, Wurtz obtint la chaire de chimie en 1850 à la création de l’Institut agronomique de Versailles. Il succéda comme professeur à Dumas en 1853. Deux ans plus tard le rattachement du laboratoire de chimie lui fut accordé. Il fut doyen de la faculté de 1866 à 1875 où il passa à la faculté des Sciences comme professeur de chimie organique. Wurtz remplissait d’autres fonctions. Coopté en 1856 par l’Académie de Médecine, il la présida en 1881. Il siégea à partir de 1867 dans la section de chimie de l’Académie des Sciences et en devint président. Il fut membre du comité consultatif d’hygiène et en assuma la présidence à partir de 1871. Il participa à la fondation de la Société chimique de Paris et à celle de l’Association française des sciences. Sa réputation s’était répandue à l’étranger: membre correspondant de l’Académie de Berlin et de celle de Munich en 1858, de celle de Vienne en 1880 ; associé étranger de la Société royale de chimie de Londres en 1864. De nombreux prix couronnèrent son œuvre fondée sur l’alliance de l’expérimentation et de la théorie. L’influence de Wurtz alla au-delà du monde scientifique. Il fut élu sénateur inamovible comme candidat du centre gauche par 146 voix sur 199 votants en 1881, année où il fut promu grand officier de la Légion d’honneur dont il était membre du conseil de surveillance.
Nombreux ouvrages cités dans Biographies alsaciennes, I, n° 4, et Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1022-1023. On peut mentionner que Wurtz collabora, dès 1842, aux Annales de chimie et de physique et au Répertoire de chimie pure. Les Recherches sur l’albumine soluble représentent son doctorat. Notons que les Recherches sur la constitution des acides du phosphore avaient été publiées dans les Annales de chimie et de physique et que l’Histoire des doctrines chimiques parues en 1868 est un tirage à part de l’introduction parue dans le Dictionnaire de chimie pure et appliquée.
Archives départementales du Bas-Rhin, 2M 688 ; Meyer I, n°4, p. 20 (portrait) ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 5756 ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 472-474; Héran J. et Mantz J.-M., dir., Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, 1997, p. 790 (index); Les immortels du Sénat, 1875-1918, Les cent seize inamovibles de la Troisième République, sous la dir. de J.-M. Mayeur et Alain Corbin, Publication de la Sorbonne, 1995, p. 497-498.
† Jean-Pierre Kintz (2002)