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WURTEMBERG (de) Frédéric, comte de Montbéliard, duc de Wurtemberg

(★ Montbéliard et non Horbourg 19.8.1557, † Stuttgart, 29.1.1608) Fils de Georges et de Barbe de Hesse. ∞ Sibylle d’Anhalt 23.5.1581. Parmi ses enfants Louis-Frédéric ©, évêque (virtuel) de Strasbourg, Jules-Frédéric, commandant l’armée protestante au moment de la guerre de Juliers (1609). Orphelin à onze mois, confié à un conseil de tutelle formé par son oncle Wolfgang de Deux-Ponts, son cousin Christophe de Wurtemberg, fils d’Ulrich VI et à Philippe de Hanau-Lichtenberg fut associé au gouvernement du comté de Montbéliard à l’âge de vingt ans, en 1577. Il recouvra pleinement l’apanage de son père en 1581, réunifiant l’ensemble du patrimoine de la dynastie à la mort du duc Louis en 1593 et résida alors plus fréquemment à Stuttgart. Son règne fut marqué par une politique aux dimensions européennes et jalonné par plusieurs grands voyages, au Danemark, en France (1586), en Hongrie, à la cour d’Élisabeth d’Angleterre (1592) ou en Italie. Allié privilégié du futur Henri IV de Navarre dans sa guerre contre la Ligue, reconnu en tant que tel au traité de Vervins (1598), il lui prêta des sommes colossales (960 355 livres) et reçut en échanges d’importantes seigneuries du royaume de France (Enghien et Alençon notamment, tenus par son fils Louis-Frédéric jusqu’en 1612). Entre 1587 et 1595, avec l’aide de son beau-frère Christian d’Anhalt, il fut l’un des principaux pourvoyeurs de troupes du parti huguenot, s’exposant du même coup aux représailles des ligueurs catholiques. Ainsi, en 1587, le rassemblement de l’armée « navarraise » de François de Châtillon, fils de l’amiral de Coligny dans le pays de Montbéliard fut-il suivi par de terribles représailles au cours desquelles 149 villages furent atteints. Le comte Frédéric para sa contre-offensive depuis Horbourg. Ses implications outre-Vosges eurent un impact considérable en Alsace puisqu’elles l’incitèrent à soutenir l’évêque protestant Jean-Georges de Brandebourg contre son compétiteur catholique Charles de Lorraine et à se poser en protecteur de l’évêché de Strasbourg dont son fils Louis-Frédéric, âgé de six ans à peine, était fait coadjuteur (1594). Cette intervention lui permit d’occuper les possessions épiscopales de la rive droite du Rhin, notamment Oberkirch, et d’annexer la vallée de la Rentsch – un état de fait reconnu par le traité d’Obernai conclu avec Charles de Lorraine à l’issue de la Guerre des Évêques, en 1600. Pour autant qu’on puisse l’assurer, le dessein de Frédéric était la création d’une vaste principauté protestante à cheval sur le Rhin, face aux Habsbourg et aux ducs de Lorraine. Dans cette optique, la fondation de la ville neuve de Freudenstadt, conçue par Heinrich Schickhardt pour 3500 habitants (1597), pouvait constituer un relais commode entre la Souabe et l’Alsace. Prince protestant, Frédéric de Wurtemberg fut le consolidateur du luthéranisme dans ses territoires, dans la foulée de l’ordonnance ecclésiastique de 1559. Sous la conduite de Cancerinus, successeur du surintendant Matthias Erb, les 14 paroisses de ses seigneuries alsaciennes devinrent un laboratoire de la Réforme wurtembergeoise, favorisant les échanges entre le duché et le comté de Montbéliard. C’est ainsi que des bourses d’études furent mises en place à l’université de Tübingen pour accueillir régulièrement quatre Alsaciens et six Montbéliardais et que 31 des 122 pasteurs en fonction en Moyenne Alsace avant la Guerre de Trente ans furent issus du duché souabe. Tout en restant solidement luthérien, Frédéric encouragea l’arrivée de réfugiés huguenots français pour lesquels il fonda le village de Frédéric-Fontaine, ainsi que de religionnaires chassés par les Habsbourg. Il organisa, sans succès, le fameux colloque de Montbéliard entre les théologiens Théodore de Bèze et Jacob Andreae (1587), mettant au grand jour les divergences entre les deux branches majeures de la Réforme. Prince de la Renaissance, véritable modernisateur de ses États, Frédéric de Wurtemberg rassembla une bibliothèque de 2000 volumes dans son château de Montbéliard et s’attacha plusieurs grandes figures de son temps comme le naturaliste Bauhin ou l’architecte Heinrich Schickardt (1558-1635). Ce dernier, avec qui il effectua son voyage d’Italie, objet d’un récit paru en 1602, fut notamment le reconstructeur du château d’Horbourg (1597-1599).

A. Bouvard, « Heinrich Schickhardt, architecte et ingénieur wurtembergeois (1558-1635) », Les Wurtemberg dans la seigneurie de Horbourg, sous la dir. de P.-E. Maurer et Marc Kauffmann, Association d’Archéologie et d’Histoire de Horbourg-Wihr, 3, 1997, p. 63-82 ; J.-M. Debard, « Frédéric de Wurtemberg, prince de Montbéliard et Christophe Blarer de Wartensee, prince évêque de Bâle », Le Pays de Montbéliard et l’ancien évêché de Bâle dans l’Histoire, Soc. d’Émulation de Montbéliard et Société jurassienne d’Émulation, 1984, p. 111-140 ; E.- A. Herrenschneider, Horbourg, trad. fr., Horbourg, 1993; G. Hertel, « Entre l’Allemagne et la France. Le fondateur de Freudenstadt et son rôle dans la guerre européenne de religion », Mémoires de la Société d’Émulation de Montbéliard, 1989, p. 309-338.

Georges Bischoff (2002)