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WURMSER Nicolaus

Peintre d’origine strasbourgeoise, signalé de 1348 à 1360 en Bohême, au service de l’empereur Charles IV qui l’appréciait fort: delectus nobis magister Nicolaus pictor, familiaris noster et qui lui accorda le 6 novembre 1359 des privilèges lui assurant la jouissance pleine et entière de tous ses biens, sans que le droit et les règlements en vigueur dans le pays lui soient une entrave. Nicolao dicto Wurmser de Argentina pictore suo propter hic… pingat loco et castra. Cette citation d’archives le situe davantage. En 1360, il fut de plus dispensé du paiement du cens foncier relatif à son bien immobilier de Morina, à proximité de Karlstein. Il épousa Agnes von Zatec. Selon une relation ancienne (Murr, Journal), il fut signalé à Prague, en 1310, le nom d’un certain « Cunzel Behemins frater Nicolai pictoris » ; pourtant il n’est pas avéré que ce dernier ait un rapport avec Wurmser. Il est bien établi que Wurmser œuvra en divers palais, châteaux et sanctuaires, à Prague (couvent d’Emmaüs) et particulièrement au château impérial de Karlstein, en compagnie de maître Théodéric, avec qui il se lia d’amitié, et en collaboration avec le peintre italien Tommaso da Modena. La recherche actuelle le désigne volontiers sous le nom de maître A. Le travail de Wurmser n’est malheureusement pas très aisé à définir, en raison de l’état de délabrement des peintures murales qui lui sont attribuées. La légende de saint Wenceslas, patron de la Bohême, et de sa tante, sainte Ludmilla, duchesse du pays et martyre, lui est attribuée avec une quasi-certitude. D’autre part son arbre généalogique de la maison de Luxembourg, détruit en 1597, n’est plus connu que par une copie insérée dans un manuscrit conservé à la Bibliothèque de Vienne. On lui attribue également les portraits en buste de Charles IV et de sa femme Anna von der Pfalz dans la chapelle Sainte-Catherine du château, de même que les sept têtes de saints patrons de la Bohême et, dans une niche d’autel, une Vierge à l’Enfant entre l’empereur et l’impératrice. Sa participation à l’exécution des plus anciennes peintures de la chapelle Saint-Wenceslas à la cathédrale Saint-Guy de Prague est également assurée. Face à l’art à tendance monumentale de maître Theodoric, son art est marqué par une certaine élégance d’écriture, acquise au contact de l’art français de la miniature (Bible moralisée de Jean le Bon). Le concours d’un maître Theodoric, de Wurmser et de Tommaso da Modena a créé une sorte de symbiose de l’art germanique, français et italien en Bohême.

Primisser, dans Wiener Jahrbuch der Literatur, XXIII, 1824, p. 114; P. E. Tueffe, Revue d’Alsace, 1882, p. 470 ; M. Pangerl, « Das Buch der Malerzeche in Prage », Quellenschriften für Kunstgeschichte, Vienne, 13, 1888 ; J. Neuwirth, «  Mittelalterliche Wandgemälde und Tafelbilder der Burg Karlstein », Böhmen, 1896, p. 67, 87, 91, 94 et s., 100, 102 ; idem, « Die Wandgemälde in der Wenzelkapelle des Prager Domes », Mitteilungen des Vereins für Geschichte der Deutschen Böhmen, 38, 1899, p. 142 et s. ; idem, Der Bilderzyklus des Luxemburger Stammbaumes aus Karlstein, 1897, p. 28 et s. ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 1022 ; A. Stange, Deutsche Malerei der Gotik, 2, 1936, p. 27 et s. ; A. Matijiek, Gotische Malerei in Böhmen, Prague, 1939, p. 157 ; A. Friedl, Mickalai Wurmser. Misto Kralowstyel portretu na Karlsteyne, Prague, 1956 ; M. Darsel, Gazette des Beaux-Arts, 1964, p. 239 ; Ch. Gérard, Les artistes de l’Alsace pendant le Moyen Âge, I, 1977 (rééd.), p. 344-360 ; Catalogue de l’exposition : Die Parler und der schöne Stil, 1350-1401. Europäische Kunst unter den Luxemburgern, Cologne, Schnützgen-Museum, 1978, p. 718-719 (Karel Stejskal) ; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, Paris, 1999, p. 742.

Victor Beyer (2002)