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WOLFF Nicolas

Chef de corps-franc, (C) (★ Rothau 30.7.1763 † Colmar 4.1.1846). Fils de Jean Antoine Wolff ©. ∞ I vers 1788 Françoise Pronne, de Raon-sur-Plaine (†20.7.1810) ; 10 enfants dont 1 fils Nicolas Louis dit Lolo Wolff ©. ∞ II 27.12.1810 à Barr Marie Louise Degermann (PI), fille de Jean David Degermann, aubergiste au Brochet à Barr, et de Marie Catherine Dietz ; 6 enfants. D’abord commis aux forges de Framont, et à celles de Rothau, il se lança ensuite dans le commerce du bois où ses affaires prospérèrent. Maire de Rothau de 1803 à 1813, fournisseur d’acier et de bois pour l’industrie de l’armement, il fut en 1812 un des 500 contribuables les plus imposés du département des Vosges. Il fut appelé en mars 1814 par l’empereur, probablement sur recommandation du commissaire extraordinaire de l’empereur, Pierre Louis Roederer, pour constituer une unité de partisans dans la haute vallée de la Bruche et mener des actions sur les arrières de l’ennemi, en liaison avec les groupes formés par les anciens officiers de la Garde Joseph et Nicolas Brice et Nicolas Bertrand qui opéraient « sur les frontières des départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin, de la Meurthe et des Vosges ». Le 7 avril 1814, Wolff, qui avait organisé les jours précédents quelques embuscades à Schirmeck, Wisches, Lutzelhouse et Muhlbach, se retrancha dans le cimetière qui entourait à l’époque l’église de Rothau, et résista à l’attaque d’un détachement badois d’une centaine d’hommes commandés par le capitaine Bodman, lui causant de sérieuses pertes et l’obligeant à se retirer. Mais la population, craignantdes représailles sur les personnes et les biens, engagea des pourparlers avec Bodman et parvint à convaincre Wolff d’accepter un armistice lui permettant de se retirer, ainsi que ses hommes, en épargnant Rothau. Ses supérieurs reprochèrent à Bodman d’avoir négocié des conditions aussi clémentes; celui-ci se suicida quelques jours plus tard. Rothau fut alors occupée par une colonne bavaroise venue de Sélestat dont le chef décida, pour faire un exemple, de détruire de fond en comble la maison de Wolff. Le 12 avril 1814, Wolff se cachait encore avec une quarantaine d’hommes dans la forêt de Mollkirch, Rosheim, Grendelbruch, lorsqu’arriva la nouvelle de l’abdication de l’empereur et du retour des Bourbons. Wolff se rendit à Strasbourg où une commission royale estima les dommages dont il avait été la victime à 96 000 francs. Pendant les Cent-Jours, on vit réapparaître le « colonel » Wolff qui reçut une commission du général Rapp ©, qui commandait l’armée du Rhin, pour lever un corps-franc dans l’arrondissement de Sélestat. L’unité, mal armée et manquant de chevaux, fut engagée du côté de Plobsheim pour défendre les passages du Rhin. Le corps-franc fut licencié vers le 10 août 1815, mais Wolff resta bloqué dans Strasbourg assiégé, jusqu’au 25 septembre 1815. Considéré comme un « homme dangereux», Wolff fut constamment surveillé par la police, soupçonné d’être au cœur de toutes les conspirations bonapartistes. Sa pension de la Légion d’honneur fut supprimée et seulement rétablie en 1823. Wolff qui avait été ruiné en payant de ses propres deniers la solde de ses partisans et dont les biens avaient été détruits, ne fut jamais indemnisé. Il mourut dans la gêne, sinon la misère, chez une de ses filles, à Colmar. En 1896, un article du Petit Parisien, réveilla le souvenir de Wolff et de ses partisans et on décida une souscription publique pour lui élever un monument. Rothau étant en territoire allemand, le monument fut érigé à Provenchères et devint un lieu de pèlerinage pour les habitants de la vallée, notamment le 14 juillet. Après la guerre de 1914-1918, Provenchères fit don à Rothau du monument qui fut placé à côté de l’église, à l’endroit même du combat de 1814. En- 1941, les nazis décidèrent la destruction du monument, qui fut démonté par le sculpteur Obert qui l’entreposa chez lui. C’est en 1954, après les travaux d’agrandissement du cimetière que la stèle fut installée à son emplacement actuel, à côté du nouveau cimetière. Chevalier de la Légion d’honneur.

† Jean-Paul Bailliard (2002)