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WOLFF Felix

Architecte, conservateur des Monuments historiques de l’Alsace, fondateur du Denkmalarchiv (★ Berlin 31.8.1852 † Potsdam 28.6.1925). ∞ Marie Lévy (★ Magdebourg, Saxe-Anhalt, 26.9.1862) ; 4 enfants. Après des études à l’Académie d’architecture de Berlin, Wolff séjourna en 1875 et 1876 en Alsace. Il tira de ce séjour une étude sur l’abbatiale de Marmoutier (Die Abteikirche von Maursmünster, 1898) dont il fit hommage au Statthalter, au directeur des Services d’architecture du Land, Beemelmans, et au président de l’Architekten und Ingenieur Verein d’Alsace-Lorraine, Bettcher en 1898. La qualité de cette étude amena Beemelmanns et Bettcher à souhaiter confier à Wolff d’autres études de ce type en Alsace. Ce fut cependant dans le cadre des travaux du congrès de l’Association générale des sociétés d’histoire et d’archéologie (Gesammtverein der deutschen Geschichts- und Altertumsvereine) des 27 et 28 septembre 1899 qu’on fit appel à Wolff. La commission pour la protection des Monuments historiques de cette association, qui rassemblait principalement des conservateurs, historiens de l’art et architectes se constitua en section autonome, et décida de tenir tous les ans « un congrès particulier des conservateurs » le Denkmaltage, sur le modèle des congrès d’archivistes, les Archivtage. Elle adopta une résolution revendiquant pour les États allemands une législation de conservation, se référant en particulier à la loi française de 1887. Elle décida enfin la réalisation d’un inventaire des Monuments historiques allemands, à publier en trois tomes, confié au professeur Dehio, qui l’avait vivement réclamé. Ces résolutions furent confirmées par le premier congrès des conservateurs de Dresde en 1900, soutenu par le périodique Denkmalpflege, issu de la Deutsche Bauzeitung. La commission de Strasbourg avait insisté aussi sur la nécessité de constituer des Archives des monuments historiques (Denkmalarchive), et exigé que fût accélérée l’ouverture prévue d’une institution de ce type à Berlin, en liaison avec le Musée d’architecture. Or Wolff était alors conservateur au Musée royal de Berlin et participa au projet de ce Denkmalarchiv berlinois. Il fut nommé conservateur des MH d’Alsace en octobre 1899, chargé d’exercer les fonctions de conservateur des MH et de créer un Denkmalarchiv instrument de travail commun aux historiens de l’art et aux architectes. Les services français du ministère des Beaux-Arts l’autorisèrent à recopier les dossiers des monuments classés d’Alsace aux archives de la Commission des Beaux-Arts, et l’inspecteur général Paul Boeswillwald © mit à sa disposition les dessins d’Eugène Boeswillwald sur le Haut-Koenigsbourg. Wolff organisa ainsi l’exposition sur le Haut-Koenigsbourg de 1901 qui marqua l’ouverture de la session du Landesausschuss et incita au vote d’un crédit de 500 000 marks, contrepartie alsacienne-lorraine d’un crédit identique du Reichstag consacré à la reconstitution d’un château fort médiéval sur les ruines du Haut-Koenigsbourg, voulu par Guillaume II. Dès mars 1901, le Denkmalarchiv fut ouvert au public, dans une aile de la cour du Palais des Rohan, avec des pièces importantes déposées par l’Universitat und Landesbibliothek, les copies de Paris, le manuscrit de Kunst und Altertum, légué par Kraus © qui venait de mourir. L’activité de Wolff évolua comme on le lui avait demandé, devenant plus celle d’un historien de l’art, archiviste et expert que celle d’un architecte se chargeant personnellement d’entretien et de restauration. Il y avait eu des précédents avec Kraus et Straub, ses prédécesseurs. Il instruisit les dossiers de classement et le ministère arrêta en 1903 une nouvelle liste de monuments classés d’Alsace- Lorraine. En même temps il publia un Manuel de la réglementation sur les monuments historiques (Handbuch der staatlichen Denkmalpflege in Elsass-Lothringen, 1903). En 1902, il fouilla à Niedermunster et en publia le résultat en 1904 (Die Klosterkirche St. Maria zu Niedermünster im Unter-Elsass. Eine Monographie, 1904). Sur la lancée de son exposition sur le Haut-Koenigsbourg, il procéda à la publication d’une étude sur les châteaux forts d’Alsace, qu’il publia en 1908: Elsässisches Burgen-Lexikon. Il organisa de même une exposition sur la conservation des Monuments historiques en 1905 (Führer durch die Ausstellung der Denkmalpflege im Elsass). La création, le 24 janvier 1908, d’une commission régionale des Monuments historiques (Landesbaukommission) réunissant des architectes (les présidents de I’Architekten und Ingenieurverein, le chef du bureau technique du ministère Franz, le président de la Société pour la
conservation des Monuments historiques (chanoine Keller), les architectes de la ville de Strasbourg (Wahn, puis Beblo ©), de l’Œuvre Notre Dame (Schmitz, puis Knauth ©), de Saint-Thomas (Salomon), les professeurs Dehio © (histoire de l’art) et Ficker © (histoire de l’art, théologie protestante), semble avoir marginalisé le conservateur Wolff. Il ne fit pas partie de la commission pour la restauration du Palais des Rohan (1908). En 1909, il fut vivement pris à partie à la Commission des monuments historiques par Dehio et Laugel © pour avoir approuvé un plan d’agrandissement de l’église d’Ammerschwihr (démolition de la tour, ajout de deux travées et reconstruction de la tour au-dessus des travées neuves). Le rattachement de la conservation des Monuments historiques au sous-secrétariat d’État aux travaux publics, imposa la nomination d’un architecte pratique. Wolff fut remplacé par Knauth. Wolff publia un rapport-bilan (Einrichtungen und Tätigkeit der staatlichen Denkmalpflege im Elsass in den Jahren 1899-1909), fut nommé Geheimes Archivrat et se retira à Potsdam.

Direction régionale des Affaires culturelles – Alsace ; Archives de la Conservation des Monuments historiques; Archives départementales du Bas-Rhin, AL 27, Archives du Statthalter.

François Igersheim (2002)