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WINTERBERGER Martin

Résistant, (★ Dingsheim 19.12.1917 † Mutzig 5.10.1993). Fils d’Auguste Winterberger, cheminot, et de Marie Gutmann. ∞ 1945 Simone Jeanney. 3 enfants. Fréquenta l’école de Gresswiller. CAP de tourneur sur métaux. Travailla mécanicien tourneur aux usines Bugatti de Molsheim.Mobilisé en 1939. Caporal au 52e escadron aérien stationné à Argelès-sur-Mer. Avec des camarades de Gresswiller, il passa la soirée de Pâques (14 avril 1941) à Mutzig. Au retour, le groupe qui chantait la Marseillaise fut surpris par une patrouille. Winterberger prétendit avoir seul entonné l’hymne national. Arrêté, il fut transféré au siège de la Gestapo à Strasbourg (rue Sellenick) et interrogé pendant dix jours. Transféré au camp de Schirmeck, il y séjourna du 25 avril au 12 novembre 1941. Il fut alors interné au camp du Struthof. L’infirmier du camp ayant observé qu’il n’était pas infecté de poux, il fut affecté à la lingerie. Le lavage et le repassage des uniformes permit à Winterberger de concevoir et de réaliser un plan d’évasion avec 4 autres détenus. Ils s’emparèrent de la Mercedes du commandant du camp et s’évadèrent lors d’un orage le 4 août 1942. Winterberger et un camarade avaient revêtu des uniformes d’officiers S.S. Une prime de 3000 Reichsmarks fut promise pour sa capture. Seuls quatre fugitifs parvinrent, après vingt jours de marche, à gagner la forêt de Chaux, à franchir la Loue le 23 août 1942 et à atteindre Lons-le-Saunier. Winterberger déclara vouloir rejoindre l’armée de la France libre en Angleterre ou en Afrique après un temps de repos à Argelès-sur-Mer. L’invasion de la partie méridionale de la France en novembre 1942 obligea Winterberger à s’évader vers l’Espagne à la fin du mois de janvier 1943. Il fut incarcéré à la prison provinciale de Malaga le 12 février 1943 et y passa près de sept mois avant d’être transféré vers le camp de Miranda del Ebro où il resta près d’un mois. S’étant présenté à divers consulats britanniques lors de son arrivée en Espagne, il fut réuni à un groupe d’évadés français qui bénéficièrent de l’intervention de l’ambassade du Royaume Uni. Ils furent embarqués à Malaga le 1er novembre sur un navire battant pavillon britannique près des côtes ibériques et qui s’avéra être le Sidi-Brahim de la Marine française. Débarqué à Casablanca, Winterberger s’engagea à la 1ère Division française libre qu’il rejoignit au Cap Bon en Tunisie. Il participa à la campagne d’Italie, au débarquement en Provence et à la Libération de la France. Il se retrouva en Alsace en novembre 1944. Au mois de janvier 1945, Winterberger se trouva dans le secteur d’Obenheim, Herbsheim et Rossfeld où la 1ère DFL résista à la tentative de l’ennemi de reprendre pied autour de Strasbourg. Après sa démobilisation, il travailla à nouveau aux usines Bugatti. Il ne put vaincre le mal qui le terrassait malgré des traitements et des séjours en sanatorium.
Chevalier (1973) puis officier de la Légion d’honneur (1983), médaille des Évadés, croix du Combattant volontaire, croix de Guerre 39/45 à l’ordre de l’armée, Médaille militaire (1963).

Béné Ch. Du Struthof à la France libre, 1968, p. 143-223 ; Granier Jacques, Schirmeck. Histoire d’un camp de concentration, Strasbourg, 1968, p. 198-213 ; Dernières Nouvelles d’Alsace du 28.4.1985.

† Jean-Pierre Kintz (2007)