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WINTER Conrad Philippe-Henri

Poète, écrivain, (PI) (★ Strasbourg 1.11.1931). Fils de Ruth Winter, fille d’Adolphe Winter, chirurgien, et de Jeanne Hirt, de Haguenau, fille du pasteur Adolphe Hirt. ∞ I 28.3.1953 à Strasbourg Aliette Scheidwasser ; 2 fils, ∞ II 13.11.1971 à Strasbourg Michèle Keller, agrégée de l’Université ; deux garçons et une fille. Enfant, Conrad Winter a été élevé à Strasbourg par la veuve Wieter, adepte des Frères Moraves de Herrnhut (Église la Bonne nouvelle). Il a fréquenté jusqu’en 1939 le petit lycée Fustel de Coulanges. Pendant son évacuation à Imbsheim, sa mère adoptive décéda. De 1940 à 1951, Conrad Winter a été accueilli par la famille maternelle à Haguenau où Adolphe Winter, homme cultivé intéressé par la philosophie et les langues, exerça une influence bienfaisante sur lui. Marqué par les événements de la guerre (bombardements et mort tragique de camarades), il s’est retrouvé au lycée de Haguenau où il passa son baccalauréat (1948-1949). S’orientant d’abord vers des études de médecine, il s’est présenté avec succès au PCB (certificat d’études physiques, chimiques, biologiques) en 1950, mais l’appel de l’espace fut plus puissant. Pilote amateur sur Morane 315, il s’est engagé pour cinq ans dans l’armée de l’Air (1951). Or, réformé à la suite d’un accident, il s’est inscrit derechef à l’Université de Strasbourg où il a passé la propédeutique et quatre certificats de lettres modernes (1951-1952). De 1956 à 1958, Conrad Winter a été l’adjoint du professeur Paul Imbs © au Centre de philologie romane. Une thèse de 3ecycle (Le thème de l’énergie dans l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry et ses moyens d’expression) avec Jean Gaulmier devait assurer le déroulement de sa carrière. Les changements intervenus dans la vie universitaire à partir de 1958 entravèrent le cursus envisagé. Après différentes affectations, Conrad Winter a enseigné de 1965 à 1992 au lycée technique industriel de Haguenau. Sa deuxième matière d’enseignement, la philosophie, sous-tend une partie de son œuvre. En 1981, il s’est engagé avec le recteur P. Deyon dans le « programme régional ». À partir de 1984, il a été chargé de mission auprès du recteur pour l’option Langue et culture régionales. De 1989 à 1992, il a été affecté à temps complet à ces activités.

Conrad Winter est un poète et écrivain trilingue qui utilise avec un égal bonheur les trois langues qui sont à sa disposition, mais qui ne sont pas interchangeables pour autant. Chaque langue a son niveau d’expression et son secteur d’application avec bien entendu des zones communes. La partie française de son œuvre est peut-être la plus importante. Elle culmine à notre sens dans le recueil Laconismes de 1996, illustré par Tomy Ungerer ©. L’auteur jongle avec des paradoxes, prestidigitateur ou magicien réel, moraliste à sa façon qui évoque les grands noms de la littérature française. En revanche, le dernier ouvrage en français, La chanson des images, paru en 2001, illustré par Camille Claus, est l’antidote des Laconismes, sans pirouettes ni contorsions, une poésie tendre et fragile, le meilleur de lui-même. Quant aux œuvres en dialecte, nées du contact avec la vie campagnarde, elles excluent aucun sentiment, la gamme des émotions est complète avec la sincérité de la langue maternelle. Ich will lewendi sin, daté de 1992, séduit par sa concision presque sculpturale déjà suggérée par la disposition des vers. Si les œuvres en alsacien facilitent la communication, les textes en allemand, plus rares et plus précieux, accentuent la distanciation et la joie de modeler la substance linguistique, avec, à l’arrière-plan, le souvenir de la Losung des Frères Moraves, citation de la Bible pour éclairer la journée. Prix littéraires : Prix Normand de la Société des gens de Lettres, Paris, 1980 ; prix Goethe (Oberrheinischer Kulturpreis), Bâle, 1984 ; Prix de l’Académie des Marches de l’Est, Strasbourg, 1993.

Autres œuvres : Pour l’homme sans condition, Honfleur, 1969 ; Le cerveau imaginaire, Honfleur, 1970 ; L’ordre liquide, Paris, 1971 ; Leeder vumm roode Hahn, Strasbourg, 1972; Chanson pour un métier, 1973 ; Antiproverbiales, 1974 ; Vogelfrei, Saverne, 1974 ; La chanson des images, Bruxelles, 1975 ; Lieder vun de Sunnebiuem, Strasbourg, 1977 ; Kerzeiicht, Durningen, 1978; Cailloux blancs, Durningen, 1979 ; Vierwinde, Durningen, 1980 ; Kridestaub, Strasbourg, 1981 ; In dieser Sprache, avec A. Finck et A. Weckmann, Hildesheim, 1981 ; IPA-Importantes Personnalités Actuelles-Bas-Rhin, Alsace, 84-86, p. 255 (portrait) ; Widerhakensprüche, Landau, 1991 ; Land un Sproch, 140, 2001, p. 20 (portrait).

E. Vicari, Histoire de la littérature en Alsace, Strasbourg, 1985 ; A. Finck, Die deutschsprachige Gegenwartsliteratur im Elsass, Hildesheim, 1987; A. Finck, Geistiges Elsässertum, Landau, 1992, p. 101-111.

† Théodore Rieger (2002)

† Strasbourg 6.9.2007

Philippe Legin (juin 2022)