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WINTER Auguste Henri Paul

Député (★ Mulhouse 25.8.1898 † Wittenheim 8.10.1987). Industriel du textile, propriétaire du tissage de Bourtzwiller à partir de 1931, il fut un précurseur en matière de prévention médicale et d’aide sociale, en ce qui concerne le dépistage des maladies telles que la tuberculose, le fléau de l’époque, ou en assurant les frais pharmaceutiques. Il fit dispenser des cours de théorie et de pratique professionnelle, ainsi que de comptabilité ménagère, de puériculture et de secourisme. Les ouvrières trouvaient des douches à l’usine ainsi qu’un réfectoire où les repas étaient gratuits. Après avoir fait campagne dans le secteur fortifié de Longwy en 1939-1940, il fut démobilisé et rentra en Alsace. Dès septembre 1940 il participa avec Paul Dungler © et Marcel Kibler © à la création du réseau « 7e colonne d’Alsace » spécialisé dans le renseignement. Paul Winter devint le chef clandestin de l’organisation dans le Haut-Rhin. La 7e colonne d’Alsace ne tarda pas à être mise à contribution par les filières d’évasion qui fonctionnaient intensivement. Paul Winter accueillit le général Giraud, évadé d’Allemagne, à Mulhouse à l’hôtel de l’Europe et l’accompagna le 20 avril 1942 à son rendez-vous avec la voiture qui le transporta vers la frontière suisse. En automne 1943, Paul Winter, demeuré seul en Alsace, reçut l’ordre de resserrer les liens entre les organisations clandestines. Le 5 juin 1944, il est à Strasbourg pour coordonner l’action des FFI d’Alsace et prend son nom de guerre: commandant Daniel. De retour à Mulhouse, victime d’un agent provocateur, le « capitaine Leroi » alias Lenoir, il échappa à l’arrestation en se faisant hospitaliser à la clinique du Saint-Sauveur où la porte de sa chambre est gardée par la police. Il réussit à s’en échapper avec la complicité de religieuses et des médecins. En novembre 1944, commandant d’un bataillon et de sept compagnies de FFI il eut plus de 9000 hommes sous ses ordres. Lieutenant-colonel breveté honoraire, il combattit dans la clandestinité, en liaison directe avec le commandant Marceau, chef de la Résistance alsacienne. Il soutint l’action de la 1ère Armée française dans la prise de Mulhouse en novembre 1944 et durant les mois qui suivirent. Dès la libération de la ville, il organisa l’approvisionnement et la ville et de ses alentours. Il engagea également des actions humanitaires en faveur des réfugiés et des enfants qui furent évacués en Suisse par la Croix-Rouge. C’est grâce à lui que le passage de l’occupation allemande à la Libération ne fut guère sanglant à Mulhouse. Paul Winter fut aussi un des premiers députés résistants. Il se désista au lendemain des élections.

Paul Winter avait obtenu de nombreuses décorations : officier de la Légion d’honneur, Croix de guerre avec palmes, rosette de la Résistance et commandeur de l’ordre national du Mérite. Catholique fervent, il avait obtenu la plus haute distinction du Vatican : il était chevalier du Saint-Sépulcre.

L’Alsace des 12.9.1981, 13.9.1981 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 15.9.1981,
4.10.1991.

Éliane Michelon (2002)