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WIDMANN Johann (MÖCHINGER ou MECHINGER)

Médecin, auteur d’ouvrages (★ Maichingen, près de Sindelfingen, Bade-Wurtemberg vers 1440-1444 † Pforzheim, Bade-Wurtemberg, 31.12.1524 ; inhumé dans la collégiale), ∞ I une sœur du docteur Jakob Krütlin, de Degerloch.∞ II Mechtild Bâlz, fille du secrétaire Heinrich B. de Münsingen ; 5 enfants dont Beatus, docteur ès lois et futur chancelier du Tyrol, Ambrosius, professeur de droit à Tübingen et 3 filles mariées à des personnalités influentes: Dr Gregor Lamparter, Dr Jakob Kirser et Conrad Griemper. Immatriculé en 1459 à Heidelberg où il acquit le titre de magister artium en 1463. Ses études ultérieures se déroulèrent en Italie, en particulier à Pavie chez Giovanni Marliani. On signale sa présence à la cour des Sforza. Après un séjour à Padoue, il passa sa promotion à Ferrare le 10 mai 1469. Le choix de cette Université s’explique par le moindre coût, c’est du moins la raison affirmée par de nombreux étudiants contemporains de l’Empire. Nanti du titre Doctor medicinae et cirogiae, il se trouvait en 1472 à Ulm. Immatriculation en 1474 à l’Université d’Ingolstadt. Fin 1475, il fut au service du margrave Christoph Ier de Bade et resta médecin de la cour jusqu’en 1483-1484. Vers 1477-1478, il occupa la fonction de physicien de la ville de Bâle, mais sans fonction universitaire. Ses relations strasbourgeoises remontent à la période badoise. Il dispensa des soins à Peter Schott © et sa famille. Une profonde amitié lia le chanoine Schott à Widmann. Nous disposonsd’une documentation précieuse grâce aux échanges épistolaires consignées dans les Petri Schotti, Lucubratiunculae. Argent., 1498. Ces lettres du chanoine P. Schott adressées à Widmann permettent de reconstituer la pathologie de Schott et de sa famille : lithiase urinaire du père, fausse couche de sa sœur et fièvres tierces et quartes du chanoine. Cette clientèle strasbourgeoise, qui fréquentait les eaux thermales en Bade, les relations privilégiées avec la famille Schott, ont facilité l’acquisition par Widmann du droit de bourgeoisie de la ville de Strasbourg le 3 novembre 1483, à titre gratuit, incorporé à la Lanterne, tribu regroupant les chirurgiens-barbiers et les baigneurs. Le droit de bourgeoisie lui permettait d’exercer auprès d’une clientèle privée et, de ce fait, lui donna l’occasion de juger le niveau et les conditions d’exercice de l’art médical de la cité. Jugement certainement critique, puisqu’il s’est permis de soumettre un projet de réforme concernant les pharmaciens, les barbiers et les sages-femmes, projet où il se dit « futur physicien de la Ville de Strasbourg ». Ces conseils en vue d’une amélioration de l’exercice médical et contre le charlatanisme sont inspirés des institutions de Bamberg, Nuremberg et Wurtzbourg. Ils sont reproduits par Otto Winckelmann © dans Das Fürsorgewesen (op. cit.). Ce terme de « futur physicien » est à l’origine d’une confusion; quelques auteurs en déduisent hâtivement que Widmann était médecin stipendié de la ville. En réalité, aucun document, pour le moment, ne permet d’affirmer ce fait. En dépit des appuis dont il disposait, sa demande est restée sans réponse du Magistrat, qui se priva ainsi d’un des meilleurs médecins de son temps. Dès le 6 juillet 1487, il fut immatriculé à Tübingen ; cette faculté, de création récente, lui permettait d’accéder à l’enseignement, besoin et désir souvent ressentis dans les écrits le concernant. En 1491, il fut nommé médecin du comte Eberhard im Bart, à la cour des Wurtemberg. Cette fonction, certes honorifique et enviable, lui procura aussi des soucis par les intrigues de la cour, les calomnies et jalousies. Ses activités à la faculté de Tübingen cessèrent en 1498. Il paraît encore comme médecin de l’abbaye de Maulbronn en 1516. Une donation (190 florins) faite en 1522, en commun avec son épouse, à la collégiale de Pfortzheim, confirme sa nouvelle résidence.

Très souvent confondu avec son homonyme Johannes Widmann de Heinsheim (1461-1535), également médecin et futur professeur à l’Université de Fribourg.

Tractatus de pustulis et morbo qui vulgato mal defranzos appellatur, Argent. 1497 ; premiers documents concernant la syphilis, voir Burgun, op. cit. ; Tractatus de pestilentia, 1501, simultanément avec Questio de filga pestis de Gabriel Biei, théologien ; Tractatus de balneis thermarum ferinarum, vulgo Vuilbaden (Wildbad), perutilis balneari volentibus ibidem, 1513 (en langue latine et allemande). Regimen… wie man sich in der pestilentzsischem lufft halten soll, Strasbourg, 1511 et 1519. Réédition en 1519 par J. Knobloch.

K. Baas, « Die beiden Ärzte Johann Widmann », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, NF XXVI, 1911, p. 621-635 ; E. Bourguignon, Notes pour servir à l’histoire de l’ancienne école de médecine de Strasbourg, thèse du 24 août 1849, p. 26 (Widmann Johannes), R. Burgun, La syphilis à Strasbourg aux XVe et XVIe siècles, 1947, p. 9, 10, 21 (Widmann) ; idem, Histoire de la médecine à Strasbourg, 1997, p. 50, 86 ; idem, « Grandes figures de l’humanisme alsacien », Société savante d’Alsace et des régions de l’Est, collection Grandes Publications, t. XIV, 1978, p. 251 -252 ; U. Ceccarelli, II De pustulis et de morbo qui vulgato nomine mal franzos appelatur del medico tedesco Giovanni Widmann, 1496, Scientia veterum, 69, Montecatini-terme 1964 (cité par Zitter) ; M. A et M. L. Cowie, The works of Peter Schott (1460-1490), 2 vol., Chapel Hill, 1963- 1971, (Forschungen zur Reformationsgeschichte, 5), 1922, I. Teil, p. 11 ; C. H. Fuchs, Die ältesten Schriftsteller der Lustseuche, 1843, p. 95-112, 321, 394-396 ; Verfasser Lexikon, t. 10, p. 994-998 ; R. G. Haebler, Dr Johannes Widmann, Markgräflich badischer und herzoglich württembergischer Leibarzt und Professor Medicinae an der Universität Tübingen ; Haller, Die Anfänge der Universität Tübingen 1477-1537, vol. I, 1927, p. 134-141, vol. II, 1929 ; J. Fr., Hermann, Notice historique de Strasbourg II, 1819, p. 411-412, Württembergische Vierteljahrshefte für Landesgeschichte, XLII, 1936, p. 280, 37 ; K. Gundolf, Seuchenzüge des Mittelalters, Stuttgart, 1986, p. 109-128 ; F. Kirschleger, « La police médicale au XVe siècle à Strasbourg », Gazette médicale de Strasbourg, n° 12, 1844, p. 314 ; Chr. Koch, « Observation sur l’origine de la maladie vénérienne et sur son introduction en Alsace et à Strasbourg », Mémoires de l’Institut national des sciences morales et politiques, Paris, Vendémiaire an XI (1803), vol. IV, I. Kothe, Dr Ludwig Vergenhans und andere Württemberger auf der Universität Ferrara ; N. Mederer, Annales Ingolstadiensis Acad. 1472-1572, vol. I, p. 9; W. Pfeilstricker, « Die zwei Leibärzte Johann Widmann », Sudhoffs. Arch. 41, 1957, p. 260-282 ; idem, Neues Württembergisches Dienerbuch, vol. I, p. 340, 335 ; R. Rau, « Dr Johannes Widmann genannt Möchinger », Heimatkundtiche Blätter für den Kreis Tübingen, NF n° 6, 1964, p. 1-3; O. Rössler, « Johann Widmann », Balneologische Zentralzeitung, 1903, p. 46-49 ; Ch. Fr. Sattler, Geschichte des Herzogtums Württemberg unter der Regierung der Graven, Ulm, 1767-1768 ; Ch. Schmidt, Histoire littéraire de l’Alsace, p. 31 ; J. H. Steinhoffer, Neue württembergische Chronik, III, 1752, p. 506, 537, 813 ; W. Vischer, Geschichte der Universität Basel, p. 249- 250 ; Wankmüller, Communication faite à Paris le 29 mai 1967 (document transmis par M. Bachoffner) ; Wankmüller, Beiträge zur württembergische Apoth. Geschichte, vol. III, 1955-1957, p. 13-14 ; E. Wickersheimer, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Âge, Paris, 1936 ; O. Winckelmann, Das Fürsorgewesen der Stadt Strassburg, 2 parties en un volume, Quellen und…, XXXIX, p. 466-469; M. Usher Chrisman, Bibliography of Strasbourg imprints, 1480-1599, Yale U.P., 1982, p. 231 et 233 ; J.-P. Kintz, La société strasbourgeoise 1560-1650, Strasbourg, 1984, p. 170 ; Héran J. et Mantz J.-M., dir., Histoire de la médecine à Strasbourg, Strasbourg, 1997, p. 50 et 86 ; M. Zitter, Die Leibärzte der württembergischen Grafen im 15 Jahrhundert, Verein der Freunde und Förderer des Instituts für Geschichtliche Landeskunde und Historische Hilfswissenschaften an der Universität Tübingen, 2000.

Eric Wolf (2002)