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WEYH Jean

Fabricant de mobilier religieux, peintre-décora-teur, doreur, sculpteur (★ Sélestat 21.9.1841 † Colmar 28.3.1909). Fils de Benoît Weyh. († Sélestat 8.4.1845), tisserand, et de Marie Anne Felber. ∞ 2.9.1867 à Colmar MarieSalomé Billé (★ Colmar 20.1.1847 † Colmar 8.4.1932), fille de cordonnier. Weyh effectua son apprentissage de peintre-décorateur chez François Antoine Deneken ©, à Strasbourg. Dans cet atelier, il prit part en 1858 à la polychromie et à la dorure (« d’après le modèle de la Sainte-Chapelle, à Paris ») de multiples exemplaires exécutés selon le modèle d’une statue de la Vierge à l’Enfant, dont son maître avait acquis la propriété pour le commerce. Toujours au sein de cet atelier, il calqua les peintures murales du chœur de l’ancienne collégiale Saint-Martin de Colmar, dégagées du badigeon qui les couvrait depuis plus d’un demi-siècle, avant de les recouvrir d’une nouvelle polychromie (supprimée au début du XXe siècle, peu avant son décès). En 1863, il s’installa à Colmar où, d’après deux indices, il poursuivit sa formation dans l’important atelier de fabrication de mobilier religieux et de sculpture Klem… Il est probable qu’il y apprit la menuiserie et la sculpture. Il s’établit ensuite comme doreur dans cette même ville mais fournissait également dès lors du mobilier d’église. Il semblerait qu’il n’acquît pour son entreprise ses ateliers de la rue de l’Est qu’en 1883. La même année, il y fit construire un bâtiment supplémentaire et en 1888, en joignant des plans signés de sa main, il demanda au maire l’autorisation d’y transformer un hangar abritant du bois à l’usage de son entreprise en atelier de sculpture et de menuiserie, et d’y établir en outre un atelier de serrurerie. À la fin des années 80, son atelier s’attacha à des travaux de sculpture d’éléments architecturaux à l’église Saint-Martin de Colmar. Son papier à en-tête des année 1890 indique qu’il avait diversifié ses activités: peinture décorative, construction de mobilier religieux, sculpture religieuse, réalisation de vitraux, fourniture de glaces, de cadres de tout style, dorure et même vente d’estampes religieuses. Apparemment il ne réalisa toutefois pas beaucoup de vitraux dans ses ateliers, voire pas du tout (on en connaît par exemple à l’église Sainte-Marguerite de Riquewihr), car il est certain qu’il s’occupa de revendre des vitraux fabriqués ailleurs (à Munich, par exemple) et de les adapter à l’édifice pour lequel on les lui avait commandés. Par ailleurs, même si son atelier était capable de fournir des sculptures en pierre ou en bois, les autels qu’il réalisait comportaient fréquemment des statues de série, provenant de la fabrique Mayer et compagnie de Munich, de la Sainterie de Vendeuvre-sur-Barse, (Aube), ou de l’Institut catholique de Vaucouleurs (par exemple pour l’église de pèlerinage de Marienthal, en 1889), ou encore des statues sculptées dans d’autres ateliers (par exemple l’important atelier Metz, de Gebrazhoffen, pour deux statues de son maître-autel à Eguisheim, en 1880). Il se chargeait souvent de la mise en polychromie de ces statues ou encore de reliefs réalisés dans les mêmes matériaux, provenant de ces mêmes fabriques, destinés à orner des autels ou correspondant à des stations de chemins de croix (dont il assurait en outre l’encadrement, comme le chemin de croix de la firme Mayer et compagnie, à Blodelsheim). Il réalisa également souvent des peintures monumentales (comme, par exemple, dans les églises de Marckolsheim, de Still, en 1896 ou dans la chapelle des Trois-Épis, en 1902). On le chargea aussi de temps à autres de restaurer des œuvres anciennes, comme les autels de Bouxwiller (Haut-Rhin), en 1881, de Walheim, en 1882, ou les peintures murales de l’église Saint-Michel de Wihr-en-Plaine, en 1896. Malgré la concurrence de plusieurs ateliers importants dans la région (Boehm à Mulhouse, Brutschi à Ribeauvillé, Hettich à Haguenau et Klem à Colmar), Jean Weyh obtint de nombreux marchés dans les dernières décennies du XIXe siècle et dans la première du XXe, sans doute car il pratiquait des prix attractifs, moins élevés en tout cas la plupart du temps que ceux de la maison Klem, grâce à l’utilisation de statues de série, que Klem proposait bien plus rarement. On lui doit ainsi de très nombreux ensembles de mobilier d’église, catholique et protestant, du nord au sud de la région.

A. Straub, « Une statue de la Vierge », Revue catholique d’Alsace, 1859, p. 31-33; Archives municipales de Colmar 62 2100, 8-10, et Police du bâtiment, dossier 43, rue : Archives départementales du Bas-Rhin 67, 8 E 480, 123; base de données Palissy du ministère de la Culture (www.culture.gouv.fr). Ses descendants colmariens possèdent de lui plusieurs portraits photographiques.

Emmanuel Fritsch (2007)