Général, (C) (★ Molsheim 5.9.1751 † Paris 5.4.1794). Fils de Thiébaut Westermann, barbier-chirurgien, et de Marie Élisabeth Dogin. Engagé dès l’âge de 15 ans dans le régiment de cavalerie Esterhazy, il servit ensuite dans les gendarmes de la garde qu’il quitta avec le grade de sous- officier (1773). Écuyer dans les écuries du comte d’Artois, il se fixa finalement en mars 1790 à Haguenau comme secrétaire-greffier de la nouvelle municipalité. Accusé d’avoir été mêlé aux émeutes de l’été 1790, il fut chassé de Haguenau et arrêté à Paris sur plainte du maire Dietrich © de Strasbourg. Ramené en Alsace, il put s’enfuir, fut repris et conduit à Saverne. On le retrouve ensuite à Paris dans l’entourage de Marat, Fabre d’Églantine, Danton et Dumouriez. Il participa activement à la prise des Tuileries le 10 août 1792. Une tentative de corruption de la part des royalistes – il s’agissait, semble-t-il, de trois millions de livres – avait lamentablement échoué. Dumouriez fit de Westermann son homme de confiance et le fit promouvoir adjudant général dès le 14 septembre 1792. Westermann reçut sans tarder le commandement de la Légion du Nord. Mais, le 5 avril 1793, Dumouriez passa à l’ennemi, à l’insu semble-t-il de Westermann qui fut arrêté pour comparaître devant le Comité de sûreté générale. Grâce au conventionnel Laurent Lecointre qui avait établi un rapport favorable, il fut réintégré et promu général de brigade. Affecté à l’armée des côtes de La Rochelle, il livra de mai 1793 à janvier 1794 une lutte implacable contre les Vendéens, ripostant à la violence par la violence, multipliant des actions sanglantes peu compatibles avec les lois de la guerre. Incendies criminels et répressions féroces se succédèrent pendant des mois, à tel point que l’on ne parlait plus que du « Boucher de la Vendée ». Le 20 juin 1793, il s’empara avec 1200 hommes de Parthenay défendu par 6000 hommes. Ayant attaqué à plusieurs reprises un ennemi nettement supérieur en nombre, Westermann fut traduit pour cette raison devant le tribunal militaire de Niort qui l’acquitta. De retour sur le front, il participa victorieusement à de nombreux engagements et batailles. Il décida de la bataille du Mans (13 décembre 1793) et, sous les ordres de Kléber ©, écrasa les Vendéens à Savenay (23 décembre 1793). Admiré pour son courage, obnubilé par ses victoires, Westermann ne vit pas le danger qui guettait ses amis dantonistes. Il fut destitué le 6 janvier 1794. Le Tribunal révolutionnaire le condamna à mort avec la plupart de ses amis. Le 5 avril 1794, il monta sur l’échafaud, placide et méprisant: « Mon cœur me dit que j’ai bien servi mon pays » avait-il lancé, quelques jours plus tôt, à Fouquier-Tinville.
Archives nationales, dossier Westermann dans les papiers de son avocat Verrières (F 7 4621) ; Service historique de l’Armée de Terre, Vincennes, dossier Westermann (GB 164) ; Dictionnaire historique et biographique de la Révolution et de l’Empire 1789-1815, t. II, Paris, 1899, p. 831 ; A. Mathiez, « Westermann et la Cour à la veille du 10 août », Annales révolutionnaires, 1917, p. 398-406; Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie II, p. 49-51 (portrait); Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910 I, p. 979; Six, Dictionnaire biographique des généraux et amiraux… 1792-1814, Paris, 1934, II, p. 510; G. Bordonove, La guerre de Vendée, Paris, 1964 ; J. Gass, Album de Molsheim, 1911, 1981, pl. XXVIII (portrait) ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, 1986 (notice de S. Bensidoun) ; Alphonse Halter, Dictionnaire biographique des maréchaux et généraux alsaciens et des maréchaux et généraux morts en Alsace de l’Ancien Régime à nos jours, Colmar, 1994, p. 326.
Théodore Rieger (2002)