Préfet du Haut-Rhin, député (★ Soultz 13.7.1810 † Soultz 24.11.1880). Fils de Bernard West, greffier de justice de paix, chevalier de Saint-Louis. Célibataire. Licencié et docteur en droit de l’Université de Goettingen, West fut avocat à la Cour royale de Paris. Secrétaire d’ambassade à la légation de Rome. Protégé par Marie-Philippe de Golbéry ©, soutenu par le député et président du Conseil général Struch ©, le député André Koechlin ©, le préfet Bret ©, il fut nommé conseiller de préfecture du Haut-Rhin (août 1842) et, bientôt, secrétaire général de cette préfecture (septembre 1842). Écarté de la préfecture en février 1848, il n’y revint qu’en septembre. À la fin de la même année, lorsque de nombreuses voix s’élevèrent pour réclamer le remplacement du préfet Fawtier ©, West, homme du parti de l’ordre, fut nommé préfet grâce à ses puissants protecteurs, Struch et Heeckeren ©. Si les élections de 1849 furent un désastre pour les conservateurs haut-rhinois (deux élus sur douze), West parvint à assurer l’élection de trois candidats de l’ordre, en 1850, en usant d’importants moyens de pressions, résultats qui lui valurent les félicitations du gouvernement. Ses talents d’administrateur et son dévouement aux principes de l’ordre lui valurent une promotion, inattendue, et qu’il voulut refuser dans un premier temps : en 1850, il fut nommé dans le Bas-Rhin. En fonction pendant cinq ans, West passa rapidement pour être un préfet à poigne lors de la période du coup d’État, de la répression et de l’installation du nouveau régime en 1851-1852 ; il mena notamment la répression contre les réfugiés politiques à Strasbourg. Il fut à l’origine de la création d’un asile pour les pauvres à Dettwiller, de l’érection d’un monument à la gloire de Lezay-Marnésia ©. West tomba à la suite d’un conflit local : l’affaire des biens du chapitre de Saint-Thomas. Il tenta, avec l’appui du maire Coulaux ©, de contester la propriété de ses biens. Pour calmer la crise, il fut envoyé à Toulouse, Haute-Garonne. Il resta cinq ans dans cette préfecture qu’il quitta en 1859, à la suite de difficultés avec des députés et des notables de ce département. Mis en disponibilité, il revint dans le Haut-Rhin où, candidat officiel pour la circonscription de Belfort en 1863, il fut élu du Corps législatif. Il ne se représenta pas en 1869. Officier de la Légion d’honneur (1856).
Archives nationales, F1b I 177/2 ; Robert, dir., Dictionnaire des Parlementaires français comprenant tous les membres des Assemblées françaises et tous les ministres français 1789-1889, V, 1891, p. 560 ; A. Gasser, Livre d’or de la ville de Soultz, Soultz-Gray, 1909, p. 107 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910 I, 978 ; P. Muller, La Révolution de 1848 en Alsace avec une biographie des parlementaires alsaciens de 1789 à 1871, Paris-Mulhouse, 1912, p. 72 ; F. X. Ringenbach, « Une famille de juristes et d’administrateurs : les West de Soultz », Annuaire de la Société d’histoire des régions de Thann-Guebwiller, V, 1957-1960, p. 42-43 ; M. Spisser, Les élections et l’opinion publique en Alsace de 1848 à 1851, DES, Strasbourg, 1964; B. Le Clerc, V. Wright, « Les préfets du Second Empire », Cahiers de la fondation nat. des sciences politiques, n° 187, 1973, p. 411 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, 1986, p. 7722-7723; Répertoire nominatif et territorial, p. 306 ; François Igersheim, Politique et administration dans le Bas-Rhin (1848-1870), Strasbourg, 1993, p. 192-193 ; E. Anceau, Dictionnaire des députés du Second Empire, Rennes, 1999, n° 610, p. 366-367.
Caricature dans le même recueil que celle de Pugnière © à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (iconographie).
Olivier Conrad (2002)