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WENCKER (Jakob) II

Archiviste et éditeur de textes (★ Strasbourg 7.7.1668 † Strasbourg 1.1.1743). Fils de Jacques Wenker I ©. ∞ 26.3.1694 Marie Madeleine Krauss. Juriste de formation, il publia en 1696 sa thèse consacrée aux bourgeois forains (Pfahlbürger) qui lui valut les compliments du grand juriste Schilter ©. Il était déjà, depuis 1694, au service de la ville de Strasbourg en qualité d’archiviste adjoint (Registrator adjunctus), poste obtenu avec la protection du préteur Obrecht ©. Cependant, il resta longtemps subordonné à un Registrator en premier nommé Kniebs dont l’activité n’est pas connue, puis, après le départ de Kniebs, les règles de l’« alternative » instaurées après l’annexion l’obligèrent, malgré son ancienneté et ses travaux, à rester subordonné à un catholique, en l’occurrence Jean François Spohn, archiviste en chef de 1727 à 1730. Spohn ayant troqué son poste pour le secrétariat du Petit Sénat, Wencker fut enfin intronisé le 2 octobre 1730 comme directeur des Archives (Direktor Archivi) avec pour adjoint et successeur désigné son propre fils.

Membre de la corporation des Gourmets, Wencker n’accéda qu’assez tard à des postes de responsabilité municipale. Admis à la chambre des XIII en 1736, il devint ammeistre la même année et encore une fois en 1742. Il fut aussi, en 1735, membre du Tribunal matrimonial et, en 1738, scolarque. Comme archiviste, Wencker connut les joies et les peines inhérentes à un métier dont les servitudes matérielles sont parfois méconnues des « décideurs ». Il dut par exemple batailler en l’automne 1730, pour faire rendre étanche et inaccessible aux rongeurs le plancher qui séparait les archives d’un magasin à blé installé à l’improvisade juste au-dessus du précieux dépôt. En 1734, le préteur Klinglin s’empara d’une partie de la bibliothèque jusqu’alors confiée aux archivistes.

L’œuvre archivistique de Wencker est abondante et traduit le zèle et la patience de son auteur plus que l’originalité ou l’esprit d’innovation. Conformément à la tradition inaugurée par Clussrath ©, il pratiqua, plutôt que des inventaires à proprement parler, des index thématiques (Register ou Registrum) en particulier celui des registres ou mémoriaux du Sénat et des XXI. Plus encore il constitua des recueils de copies de pièces anciennes relatives à l’histoire de la Ville et plus particulièrement à l’histoire de la Réforme. On sait que les « annales » attribuées à tort à Sebastian Brant © étaient en réalité des extraits réalisés par Wencker à partir des anciens procès-verbaux du Sénat depuis au moins 1300 (dont les originaux pour la période 1503-1521 étaient effectivement de la main de Brant). Il rédigea aussi des notes sur des points d’histoire touchant aux droits de la Ville. Malgré certaines pertes dues notamment à l’incendie de la Bibliothèque en 1870, les manuscrits de Wencker constituent encore une source de premier ordre et suppléent parfois aux défaillances des fonds d’origine. C’est notamment grâce à ces manuscrits que sont connus, au moins par fragments, les plus anciens comptes de la Ville, les plus anciens procès-verbaux, etc.

Wencker doit sa notoriété à ses publications en particulier à Apparatus et instructus archivorum (Organisation des archives et directives à ce sujet) publié en 1713, avec une dédicace au préteur Klinglin, alors que l’auteur n’était encore qu’adjoint, et suivi deux années plus tard des Collecta archivi et cancellariae jura (morceaux choisis sur les archives et droits de la chancellerie). En dehors d’une introduction au premier ouvrage, comportant un bref historique des Archives de Strasbourg, il s’agit essentiellement de la réimpression de plus de 30 traités anciens et de documents d’archives, ce qui en fait une documentation précieuse et commode pour une étude spécialisée, d’autant plus que certains textes tels celui de Marc Otto © (Apparatus, p. 87 et s.), ne sont plus conservés que par la publication de Wencker. Cependant, il est difficile de faire de ce dernier un théoricien de l’archivistique encore moins un novateur. C’est bien plutôt un judicieux compilateur servi par une longue activité.

De pfalburgeris (thèse de droit), Strasbourg, 1696 ; Collectanea juris publici, Strasbourg, 1702 ; Apparatus et instructus archivorum, vulgo von der Registratur und Renovatur, Strasbourg, 1713 ; Collecta archivi et cancellariae jura, Strasbourg 1715 ; Repertorium generale über die Ein und Zwanziger Memorialia secul(orum) 1600 und 1700, manuscrit Archives municipales de Strasbourg, conservé seulement pour les lettres O à Z ; Varia ecclesiastica (recueils de documents et de notes historiques histoire de Strasbourg et du protestantisme, histoire de l’Empire, etc.), Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, 141 et 165-183 ; Argentoratensia historico-politica. Res alsaticae et argentoratenses, manuscrit Archives municipales de Strasbourg 852-856.

« Programme funéraire » 3 janvier 1743, Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, 447 n° 121 ; L. Dacheux, « Les chroniques strasbourgeoises de Jacques Trausch et de Jean Wencker », Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, XV, 1892, p. LXXXVIII-LXXXIX (passim) ; Allgemeine deutsche Biographie, 41, 1896, p. 710 ; E. Raeuber, Inventaire général des Archives de la ville de Strasbourg antérieures à 1790, Strasbourg, 1929, p. 29 ; J. Adam, Inventaire des archives du chapitre Saint-Thomas de Strasbourg, Strasbourg 1937, col. 253-317; G. Foessel, J.-P. Klein, J.-Y. Mariotte, Mille ans d’archives à Strasbourg, Strasbourg, 1988 (traduction de l’historique des Archives municipales de Strasbourg) ; W. Leesch, Die deutschen Archivare, Biographisches Lexikon, Munich et Paris, t. 2, 1992, p. 659 (cite notamment Christoph Weidlich, Zuverlässige Nachrichten von denen jetzt lebenden Rechtsgelehrten, 3, vers 1760, p. 183.) ; Les sources manuscrites (op. cit.), p. 20, 21, 24, 47, 55, 82, 102-103, 234, 267.

Jean-Yves Mariotte, François Schwicker (2002)