Skip to main content

WEINUM Marcel

Résistant et martyr, (C) (★ Brumath 5.2.1924 † Stuttgart 14.4.1942). Fils de Robert Weinum et Mathilde Marie Schneider qui s’établirent à Strasbourg-Neudorf en 1936. Il suivit les cours à l’École de la maîtrise de la cathédrale dirigée par l’abbé Hoch ©. Il obtint le certificat d’études et devint apprenti dessinateur. Lors de l’évacuation de Strasbourg, la famille fut dirigée vers la Dordogne. Elle revint en Alsace en août 1940. Dès le mois de septembre, Marcel Weinum parvint à constituer autour de lui une équipe d’amis. Ils étaient alors environ dix qui, à l’exception du séminariste Charles Lebold, son frère de lait, étaient âgés de 15 à 18 ans. Le réseau prit le nom de « Main noire » afin de « combattre d’une façon active le développement allemand en Alsace « (selon l’acte d’accusation du Tribunal spécial) par des graffiti, des tracts, des écrits et des actes de sabotage. Les grenades, dérobées au Fort Hoche, étaient lancées contre les vitrines de magasins arborant des emblèmes nazis. Le 8 mai 1941, Marcel Weinum et Albert Uhlrich eurent l’intention de refaire cet acte lorsqu’ils se trouvèrent devant une voiture officielle – celle du Gauleiter Robert Wagner ©, alors attablé au restaurant de la Marne. Ils lancèrent deux grenades à main dans la voiture à travers le pare-brise et prirent la fuite. Le 20 mai 1941, Marcel Weinum et son camarade Ceslav Siratzki, qui avait déjà été envoyé par Weinum à Bâle pour faire connaître l’organisation au consulat anglais et solliciter un soutien, partirent à bicyclette pour se rendre en Suisse et recontacter les représentants britanniques. Interpellés par des douaniers, Marcel Weinum blessa par balle l’un d’eux et, avec Siratzki, put s’échapper. Alertées, les autorités parvinrent à arrêter les deux fuyards près de la frontière. Transféré à la prison de Mulhouse, soumis à des interrogatoires, ils placèrent leur confiance dans un codétenu qui, en réalité, avait été mis dans leur cellule pour leur arracher des renseignements sur les autres membres de la « Main noire ». Vingt-six jeunes gens furent appréhendés, au mois de juillet 1941, et dix comparurent du 27 au 31 mars  devant le Sondergericht ou Tribunal spécial d’exception de Strasbourg. C. Siratzki avait été abattu à Schirmeck le 12 décembre 1941 dans une « tentative d’évasion » (terme utilisé par la Gestapo pour couvrir l’assassinat de leur victime). Chacun des dix membres de la « Main Noire » qui comparurent devant le Sondergericht avait son avocat : Marcel Weinum fut défendu par maître Eber et Albert Uhlrich par maître Léon Rapp. Au procès, Marcel Weinum prit sur lui toute la responsabilité des actes de la « Main Noire ». Malgré une pathétique et profonde plaidoirie des avocats Eber et Rapp, il fut condamné à mort. Invité à déclarer ce qu’il pensait de la sentence, il affirma : « Je suis fier de donner ma vie pour la France ». Le 13 avril 1942, en prison à Stuttgart, il lui fut signifié que le recours en grâce avait été rejeté. Il fut décapité le lendemain et sa dépouille portée au cimetière de Cannstatt. Elle fut transférée en 1949 au cimetière du Polygone. Marcel Weinum fut nommé, à titre posthume, sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI). Chevalier de la Légion d’honneur ; médaille de la Résistance avec rosette ; croix de Guerre.

Les amis de Marcel Weinum vont confier au Mémorial de Schirmeck des objets lui ayant appartenu.

Ouvrages à consulter; R. Heitz, À mort, 1946, p. 13 ; M.-J. Bopp, L’Alsace sous l’occupation allemande 1940-1945, Le Puy, réimpression en 1947, p. 276-277. Brumath 1939-1945, son histoire, ses histoires et la vie de ses habitants pendant la Seconde Guerre mondiale ; L. Kettenacker, Nationalsozialistische Volkstumspolitik im Elsass, Institut für Zeitgeschichte, 1973, p. 243 ; Ch. Béné, L’Alsace dans les griffes nazies, t. 4, 1978, p. 197-269 ; Répertoire de l’exposition « Souvenirs et mémoire d’histoire en Basse-Alsace (1789-1995) ». Plaquette réalisée par le « Souvenir Français du Bas-Rhin » à l’occasion de l’exposition présentée au Conseil général du Bas-Rhin, Hôtel du département à Strasbourg du 14 novembre au 4 décembre 1996, p. 128-129.

René Kleinmann (2002)