Skip to main content

WEILLER Jean Lazare

Ingénieur, industriel et homme politique, (I, puis C) (★ Sélestat 20.7.1858 † Valmont-sur-Territet, Suisse, 12.8.1928). Fils de Léopold Weiller (ou Loeppe Perre), marchand originaire de Seppois-le-Bas, et de Reine Ducasse (ou Duckes), fille d’un colporteur de Mackenheim. ∞ I Marie Jeanne Weiller, décédée, ∞ II Alice Javal, fille d’un médecin-ophtalmologue, sœur de Jean Javal, député de l’Yonne de 1909 à 1914, et petite-fille de Léopold Javal ©, député de l’Yonne. Weiller se convertit au catholicisme au moment de son mariage. Quatre enfants du second mariage. Études primaires et secondaires à Sélestat, Angoulême (à partir de 1872), puis au lycée Saint-Louis à Paris. Études d’anglais et de chimie à Oxford. Après le service militaire dans l’infanterie (1877), Weiller entra dans l’usine de tissus métalliques d’un cousin à Angoulême. Il mit au point un procédé de laminage à chaud du fil de cuivre et créa sa propre entreprise à Angoulême. Il inventa peu après l’alliage du bronze siliceux qui révolutionna le transport du courant électrique. En 1880-1881, il créa les Tréfileries et Laminoirs du Havre. Il étudia et fabriqua des câbles sous-marins et fonda la première usine de câbles téléphoniques à grand nombre de conducteurs. Administrateur de la Société des Téléphones, il fut l’un des introducteurs du téléphone en France. il s’intéressa aussi à la communication sans fil et construisit avec Marconi et Telefunken la première station transatlantique de télégraphie sans fil près de Hambourg. En 1889, il publia dans la revue Génie civil la première étude sur les moyens pour transmettre la vision à distance par électricité et conçut la « roue à miroirs », le premier « téléviseur », qui fit l’objet d’une communication à l’Académie des Sciences. Inventeur du taximètre, il fonda la première compagnie des fiacres automobiles à Paris. En 1900, Weiller fut envoyé en mission aux États-Unis par le gouvernement français et publia à son retour une série d’articles dans le Temps, ainsi qu’un ouvrage, Les grandes idées d’un grand peuple, qui eut plus de 60 éditions. C’est de cette époque que datent ses liens d’amitié avec l’influent directeur du Temps, Hébrard. Weiller se passionna aussi pour les débuts de l’aviation et suscita le premier vol en France des frères Wright, en 1908, par un prix de 500 000 francs. Il fut l’un des fondateurs de la Compagnie générale de navigation aérienne. Weiller s’intéressa aussi à la politique. Il fut administrateur de La République Française, journal fondé par Gambetta. En 1888, il échoua, sous l’étiquette de républicain, aux élections à la Chambre des Députés dans la circonscription d’Angoulême où il était opposé à Paul Déroulède. En mai 1914, il fut élu député d’Angoulême et siégea du côté de la gauche républicaine. Membre de la Commission de législation fiscale et de la Commission des postes et télégraphes. En 1914, il fut chargé d’une mission d’information en Suisse par le gouvernement français et publia un ouvrage sur La propagande allemande à l’étranger et la pénurie des matières premières en Allemagne, ainsi que des articles dans le Temps sur « l’Allemagne vue de Suisse ». En avril 1917, il publia un article dans le Journal des Débats, où il se prononçait pour la reprise de relations diplomatiques avec le Saint-Siège. En novembre 1919, il fut candidat malheureux sur une liste d’Union républicaine et « clemenciste » en Charente. Le 11 janvier 1920, Weiller fut élu sénateur du Bas-Rhin, comme candidat de l’Union Populaire Républicaine (UPR). Inscrit au Groupe de la gauche démocratique, il fut secrétaire de la Commission des Affaires étrangères. Weiller s’installa à Sélestat où il acquit une propriété. Au sein de l’UPR, il se situait du côté de l’aile nationale. Il fut l’un des principaux bailleurs de fonds et collaborateur de l’Écho d’Alsace et de Lorraine, lancé en septembre 1923 par l’aile nationale de l’UPR. D’abord partisan d’une suppression du Commissariat général et d’une départementalisation rapide de l’Alsace-Lorraine, il se convertit à l’idée d’une régionalisation modérée comme moyen d’assimilation. Selon le Journal des Débats, consulté par Herriot, qu’il connaissait bien, sur sa déclaration de juin 1924, il se serait contenté de suggérer de remplacer l’annonce de l’application des « lois laïques » par celle des « lois de la République ». Jusqu’à son décès, il joua cependant un rôle de conciliateur entre l’aile nationale et l’aile régionaliste de l’UPR. Il s’ef- força aussi d’expliquer le problème alsacien aux Français de l’intérieur dans de nombreux articles, en particulier dans le Temps, la Revue des Deux Mondes et l’Information. Le 9 janvier 1927, il fut réélu sénateur du Bas-Rhin avec le plus grand nombre de suffrages. Administrateur de plusieurs sociétés en Alsace, en particulier la Banque du Rhin, les Filatures et Tissages de Wittenheim, la Maison Le Roux et Cie, la Grande Brasserie et Malterie de Colmar. Commandeur de la Légion d’honneur (1912), officier de l’Instruction publique.

Son fils, Paul Louis (★ Paris 1893 † Genève 1993), né du second mariage, fut membre de l’Institut (1965), président de l’Académie des Beaux-Arts (1980), mais aussi aviateur, industriel et mécène.

Études électriques et mécaniques sur les corps solides ; Traité général des lignes et transmissions électriques, (en collaboration avec Vivarez), 1892 ; Les grandes idées d’un grand peuple, 1901 ; La propagande allemande à l’étranger et la pénurie des matières premières en Allemagne ; L‘Allemagne vue de Suisse ; Pro Alsatia.

Archives de l’Alliance israélite universelle, Paris, fonds Haff, dossier Weiller ; La Vieille France du 2.1.1919 (attaque antisémite contre L. Weiller qui « n’est pas alsacien, puisqu’il est juif ») ; Journal de l’Est du 18.8.1928 ; J.-A. Jaeger, Sur la vie de M. L. Weiller, L’Alsace française du 26.8.1928 ; Journal des Débats du 13.8.7928 ; Die Heimat de septembre 1928 ; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 314 ; Jolly, dir., Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, VIII, p. 3218-3219 ; P.-L. Weiller, « Un précurseur : Lazare Weiller », Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1973, p. 81-87 ; Christian Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Paris-Strasbourg, 1982 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, p. 7707-7708 ; P. Birnbaum, Les fous de la République. Histoire politique des juifs d’État de Gambetta à Vichy, Paris, 1992 (index) ; J. Mousseau, Le siècle de Paul-Louis Weiller – 1893-1993, Paris, 1998.

Christian Baechler (2002)