Skip to main content

WEIDITZ (WYDYZ)

Famille d’artistes originaire de Meissen, Saxe mais établie dans le Rhin-Supérieur vers 1465.

  1. Bartholomäus,

sculpteur, reçu bourgeois de Strasbourg en 1467, épousa Waltpurg, fille du peintre strasbourgeois Marx Döiger (Livre de bourgeoisie de Strasbourg I, 144).

  1. Hans I,

sculpteur, sans doute fils de 1. Ses dates de naissance et de mort sont inconnues ; sa présence est attestée à Fribourg en Brisgau entre 1497 et 1516 environ, son nom étant mentionné à deux reprises sur une liste d’imposition en 1497 et en 1508. Il y a notamment travaillé pour des particuliers (retable de l’Adoration des mages, 1505, pour le chancelier Conrad Sturzel, aujourd’hui à la cathédrale) et pour la cathédrale (retable Schnewlin, en collaboration avec Hans Baldung Grien, vers 1514-1516). Il semble ensuite s’être établi à Strasbourg, eu égard aux œuvres conservées en Alsace (Trinité de sainte Anne, vers 1520, église protestante Saint-Pierre-le-Vieux), mais sans qu’on dispose de sources à cet égard (pas d’inscription dans le livre de bourgeoisie). Proche à beaucoup d’égards de Nicolas de Haguenau, l’œuvre de Weiditz est exemplaire d’un art encore gothique, tout en intégrant également certains éléments du langage de la Renaissance. Le petit groupe en bois, Adam et Ève, des débuts du XVe siècle, Bâle, Historisches Museum) montre sa capacité d’adaptation au genre naissant de la petite sculpture de cabinet.

R. F. Burckhardt, « Hans Weiditz the Elder », The Burlington Magazine, 11, 1907, p. 212-221 ; Cl. Sommer, « Beiträge zum Werke des Bildschnitzers Hans Wydyz », Oberrheinische Kunst, 3, 1928, p. 94-104 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, vol. 35, 1942, p. 269 ; M. Fuchs, La sculpture en Haute-Alsace à la fin du Moyen Âge 1456-1521, Colmar, 1987, p. 67, 110, 135, 150, 151, 153, 161, 173, 194, 218, 223, 256, 267, 288 ; R. Recht, Nicolas de Leyde et la sculpture à Strasbourg 1460-1525, Strasbourg, 1987, p. 298-300 et 388-390.

3. Hans II,

peintre, dessinateur, graveur (C, puis P) (★ Strasbourg ? vers 1495-1500 † Strasbourg ? vers 1536). Sans doute fils de 2. Faute de sources, sa vie ne peut être reconstituée que de façon hypothétique, à partir de ses œuvres, ce qui est d’autant plus problématique que l’attribution de celles, très importantes, réalisées à Augsbourg entre 1517 et 1522, a fait l’objet de discussions entre historiens d’art, notamment entre les deux guerres, sans que le problème soit définitivement résolu. Il y a cependant de bonnes raisons de supposer que l’artiste auquel on a donné le nom de Petrarcameister est bien Hans Weiditz, certaines continuités stylistiques entre la période augsbourgeoise et celle de Strasbourg apparaissant plus convaincantes que les divergences, ces dernières dues sans doute en partie à des conditions de production artistique différente. Après avoir peut-être fait son apprentissage à Strasbourg vers 1514-1517, sans qu’il soit possible de repérer un témoignage de cette période, Weiditz a dû terminer son tour de compagnon à Augsbourg, probablement dans l’atelier de Hans Burgkmair, l’artiste augsbourgeois le plus éminent de l’époque et un des introducteurs des formes de la Renaissance italienne en Allemagne. Dans les années suivantes, Weiditz créa pour les principaux imprimeurs augsbourgeois, en particulier pour Grimm et Wirsung, de nombreuses vignettes religieuses, et des encadrements de titre aux formes exubérantes, inspirées notamment de bordures vénitiennes, mais faisant preuve d’une grande imagination. Il est aussi l’auteur de portraits gravés (l’empereur Maximilien, Ulrich von Hutten) et l’un des fondateurs de l’art de la caricature, volontiers anticléricale. Le grand bois gravé représentant une vue panoramique d’Augsbourg (1521) est le premier dans son genre, mais son apport essentiel se situe dans les très nombreuses gravures (plus de 260) réalisées en 1519-1520 sur les indications de Sebastian Brant © pour l’ouvrage de Petrarque, Von der Arzney bayder Glück…, qui devait paraître chez Grimm et Wirsung, mais ne fut publié qu’en 1532 par Heinrich Steiner, de même que les illustrations pour les Officia de Cicéron (Steiner, 1531). L’apport de Brant a été discuté et reste difficile à définir, mais l’extraordinaire imagination visuelle de Weiditz lui appartient en propre : il donne non seulement une vision très personnelle de la société de son temps, parfois difficile à déchiffrer, souvent ironique et teintée de pessimisme, mais se révèle aussi un dessinateur hors pair (sans doute a-t-il été, au moins en partie, son propre graveur), dans un style bien différent de Dürer ou de Burgkmair, même s’il lui arrive de s’en inspirer.

Après la faillite de l’officine Grimm en 1522, Weiditz revint à Strasbourg, où il travailla régulièrement pour la plupart des imprimeurs strasbourgeois, sans que ceux-ci, à une exception près, lui confient de grandes commandes : il dût se contenter en général de gravures de titre, de marques d’imprimeurs, de copies simplifiées d’images bibliques en provenance de Wittemberg ou de Bâle. Néanmoins, même Si un certain nombre d’illustrations n’atteignent pas le niveau artistique de celles d’Augsbourg, les personnages n’étant souvent que des silhouettes, l’inspiration originale demeure et va même se radicaliser, dans la mesure où, à partir de 1524, une série de gravures de titre pour Schott, Köpfel ou d’autres imprimeurs sur des thèmes généralement bibliques développe progressivement une iconographie très neuve, dans laquelle le Dieu anthropomorphe est remplacé par des signes (mains, œil), pour aboutir en 1529 à ce qui est sans doute la première représentation de Dieu par le Tétragramme, les quatre lettres hébraïques du Nom ineffable, YHVH, dans un tract à la mémoire de Ludwig Haetzer qui brasse des thèmes spiritualistes, anabaptistes et antitrinitaires dans une composition visuelle très élaborée. Il est clair que Weiditz fréquenta les nombreux dissidents strasbourgeois de cette époque ; il illustra encore en 1530 un ouvrage de Melchior Hofmann. Mais la politique des réformateurs et du Magistrat se durcissant à leur égard, il bénéficia d’une commande d’un tout autre genre, la plus importante de la période strasbourgeoise, l’illustration de l’Herbarum vivae eicones de Brunfels, paru en trois volumes entre 1530 et 1536, un des ouvrages fondateurs de la botanique moderne, où la veine narrative de Weiditz cède le pas à une remarquable exactitude scientifique. C’est le seul ouvrage dans lequel l’éditeur, Schott, cite élogieusement son nom dans la préface. Les gravures du troisième volume, comme d’autres parues chez Cammerlander, ne semblent plus avoir été gravées par lui ; on peut donc supposer qu’il décéda en 1535 ou 1536.

Woldemar von Seydlitz, « Der Illustrator des Petrarca (Pseudo-Burgkmair) », Jahrbuch der preussischen Kunstsammlungen, 12, 1891 ; Heinrich Röttinger, Hans Weiditz der Petrarkameister, Strasbourg, 1904 ; Th. Musper, Die Holzschnitte des Petrarka-Meisters, Munich, 1927 ; H. Zimmermann, « Beitrage zum Werk einzelner Buchillustratoren des 16. Jahrhunderts », Buch und Schrift, 1, 1927, p. 62 et s. ; W. Fraenger, Altdeutsches Bilderbuch : Hans Weiditz und Sebastian Brant, Leipzig, 1930 ; Hans Rott, Quellen und Forschungen zur südwestdeutschen und schweizerischen Kunstgeschichte im 15. und 16. Jahrhundert, vol. III/1, Stuttgart, 1936, p. 215 ; H. Röttinger, « Hans Weiditz, der Strassburger Holzschnittzeichner », Elsass-Lotringisches Jahrbuch, 16, 1937, p. 17-125 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, vol. 35, 1942, p. 269 et s. ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, vol. 37, 1950, p. 270-271 (article Petrarkameister) ; Ritter, Répertoire bibliographique des livres imprimés en Alsace aux XVe et XVIe siècles, Strasbourg, 1955, p. 442-445 et app. 208 ; W. Scheidig, Die Holzschnitte des Petrarca-Meisters, Berlin, 1955 ; J. Wirth, « Hans Weiditz, illustrateur de la Réforme à Strasbourg », Ernst Ullmann (éd.), Von der Macht der Bilder ; Kunst und Reformation, Leipzig, 1983, p. 299-318 ; Hans-Joachim Raupp, « Die Illustrationen zu Francisco Petrarca, Von der Artzney bayder Glueck, des guten und widerwertigen (Augsburg 1532) », in Wallraf-Richartz Jahrbuch, vol. XLV, 1984, p. 59-112 ; F. Muller, « Strassburg als Mittelpunkt oberrheinischer, radikaler Reformation. Täuferische und antitrinitarische Bildpropaganda in den frühen Jahren der Reformation (1526-1530) », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, vol. 140, 1992, p. 266-286 ; David Landau-Peter Parshall, The Renaissance Print : 1470-1550, New-Haven-Londres, 1994, p. 247-255 ; F. Muller, « Les premières apparitions du tétragramme dans l’art allemand et néerlandais des débuts de la Réforme », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, tome LVI, 1994, n° 2, p. 327-346 ; idem, « L’évolution de l’image de propagande à Strasbourg dans les premiers temps de la Réforme », Bulletin de la Société d’histoire du protestantisme français, tome 140, p. 5-31 ; Horst Kunze, Geschichte der Buchillustration in Deutschland : Das 16. und 17. Jahrhundert, Francfort/Main-Leipzig, 1995, vol. I, p. 212-223 ; F. Muller, Artistes dissidents dans l’Allemagne du seizième siècle : Lautensack-Vogtherr-Weiditz, Baden-Baden, 2001 (Bibliotheca Dissidentium, vol. 21) ; F. Muller, Art et Réforme à Strasbourg au XVIe siècle (à paraître).

4. Christoph I,

sculpteur, médailleur, orfèvre (★ Fribourg/Brisgau ? vers 1500 † Augsbourg, 1559). Sans cloute fils de 2 et frère de 3. ? 1533 Regine Forster, sœur du sculpteur et orfèvre augsbourgeois Joachim Forster. Il est possible que Weiditz ait fait son apprentissage chez son père, mais ce n’est qu’à partir de 1523 qu’on trouve ses premières œuvres conservées, des médailles à l’effigie de bourgeois de Strasbourg. Confronté à l’effondrement très rapide des grandes commandes religieuses, Weiditz affirma très vite un talent original dans les genres en essor, la médaille, plus tard la petite sculpture de cabinet et l’orfèvrerie. Il devait s’établir à Augsbourg à partir de 1526, travaillant notamment pour une clientèle aristocratique et en 1529 pour Charles-Quint, qu’il suivit en Espagne et qui lui accorda le privilège de travailler sans être maître, ce qui lui valut l’hostilité de ses collègues augsbourgeois, mais ne l’empêcha pas d’atteindre à l’aisance, puisqu’il acheta deux maisons en 1549 et 1552. Il fit de nombreux voyages en Allemagne et aux Pays-Bas à l’instigation de ses commanditaires. Ouvert à de nombreuses influences, notamment à celles du maniérisme italien dans ses sculptures, Weiditz est un des artistes les plus intéressants de la Renaissance allemande dans les genres qu’il a pratiqués.

G. Habich, Die deutschen Schaumünzen des 76. Jahrhunderts, vol. I/1, p. 54-68, ill. 43-58 ; vol. II/1, p C-CVII ; P. Grotemeyer, « Die elsässischen Medailleure des 16. Jahrhunderts », Elsass- Lothringisches Jahrbuch, 10, 1931, p. 193-232, ici 198-211 ; R. Forrer, « Une médaille inédite de Christoph Weiditz et quelques autres médailles de cet artiste », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 29, 1938, p. 266-273 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, vol. 35, 1942, p. 267-268 ; Welt im Umbruch : Augsburg zwischen Renaissance und Barock, cat. d’exp., Augsbourg, 1980, vol. II, p. 205-209.

5. Christoph II,

peintre, dessinateur (★ Strasbourg avant 1517 † Strasbourg vers 1570-1571). Peut-être fils de 3 (ou de 2 ?). Sa vie et son œuvre restent très mal connues, malgré quelques sources administratives. Il aurait, selon Seyboth ©, repris avec David Kandel, l’officine de Johann Albrecht entre 1537 et 1539, pour y publier notamment l’Augsburger Geschlechtsbuch de Paul Hektor Mair, illustré de nombreuses gravures dues aux deux artistes (une réédition augmentée est parue à Augsbourg en 1550). En 1556, il fit baptiser un fils, Christoph et acheta deux maisons en 1565. Il était mort en 1572 puisque l’orfèvre Paul Zesch acquit cette année le droit de bourgeoisie par sa femme Barbara, fille de « weiland Christoph Weiditz ».

Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, vol. 35, 1942, p. 268-269 ; Hans Rott, Quellen und Forschungen zur südwestdeutschen und schweizerischen Kunstgeschichte im 15. und 16. Jahrhundert, vol. III/1, Stuttgart, 1936, p. 167, 231, 249, 215 ; Ritter, Répertoire bibliographique des livres imprimés en Alsace aux XVe et XVIe siècles, Strasbourg, 1955, p. 212 et app. 208.

Frank Muller (2002)