Abbé de Murbach. Exerçant les fonctions d’hospitalier à l’abbaye de Murbach, Wasselnheim. fut élu abbé le 18 mars 1393, malgré la candidature adverse du custos Rudolf/Rodolphe Schultheis. Il était issu de la famille noble de Wasselnheim, citée dès 1156 en Basse Alsace (et non de celle des Haffner von Wasselnheim). Son abbatiat fut consacré au relèvement de l’abbaye, aussi bien du point de vue spirituel que temporel, obtenant l’incorporation des paroisses d’Oltingue, Dessenheim, Bergholtz et Buhl (1394) et garantissant les revenus des membres du chapitre (1405). Sa position fut confortée par la papauté de Rome (Boniface IX, 1394), puis, après le concile de Constance, par Martin V (1417) et par l’empereur Sigismond qui lui confirma les régales (1414), et, partant, ses prérogatives de prince d’Empire. Pour les territoires abbatiaux, ses 35 ans de règne furent marqués par une réorganisation générale illustrée par la rédaction d’un terrier général (urbaire) réalisé en 1394 et par la consignation des coutumiers des grands domaines (Dinghöfe) de Guebwiller et de Wattwiller, de Dessenheim et de Buhl. La gestion de ce patrimoine donna lieu à des aliénations de biens difficiles à exploiter (à Oltingue, par exemple) en même temps qu’à une réorganisation marquée par la création de bailliages tenus par des officiers révocables, à Saint-Amarin, Guebwiller, Wattwiller-Uffholtz, et à un exercice direct de la justice, au détriment des Schulheissen issus de la vassalité. En 1420, à Guebwiller, l’office de prévôt exercé par la famille noble éponyme des Schultheis ne fut plus attribué. Les relations de l’abbaye et du chef-lieu de la principauté firent l’objet d’une clarification. Le premier hôtel de ville guebwillerois est cité en 1397 tandis que sont fixées une fois pour toutes les obligations des différents agents du pouvoir municipal (v. 1400). Les tribus (dont la première, celle des boulangers, est citée en 1394) furent associées au conseil urbain à partir de 1417, parallèlement au déclin des nobles qui y perdirent leur place prééminente ; le Schaffner s’imposa comme le véritable chef d’une cité qui était désormais la partenaire de son seigneur (notamment sur le plan fincancier). La réglementation économique se développa dans différents domaines, spécialement la boulangerie (1405) et la boucherie (1424). À l’extérieur, l’abbé Wasselnheim renoua avec la politique d’alliance avec la maison d’Autriche.
Le traité de 1357 fut renouvelé en 1393, puis suivi d’un accord avec le duc Léopold IV à propos du péage de Thann (1399), dont les habitants de Saint-Amarin obtinrent la dispense totale (1408). Cette politique de bon voisinage donna lieu au renouvellement d’un accord avec les bourgeois de Munster à propos des hautes chaumes (1407) ou à des arbitrages comme celui qui fut rendu entre Bâle, Mulhouse et la duchesse douairière Catherine de Bourgogne ©, veuve du duc d’Autriche (1410). C’est vraisemblablement en tant que partisan du duc d’Autriche Frédéric IV, beau-frère de cette dernière, qu’il s’efforça d’empêcher de nouveaux empiètements sur le village de Hésingue, occupé quelque temps par Catherine, et qu’il apparaît furtivement en tant que Landvogt autrichien (1408). Sous son abbatiat, la juridiction de l’abbaye de Murbach sur sa filiale de Lucerne se manifesta par la destitution d’un prévôt incapable, Claus Buder (1415), et par la cession du droit de patronage de l’église de Sempach.
Kindler von Knobloch, Das goldene Buch von Strassburg, 1886; G. Bischoff, « Guebwiller au Moyen Âge. 1ère partie : Naissance et développement d’une ville seigneuriale d’Alsace (1275-1434) », Annuaire de la Société d’histoire des régions de Thann-Guebwiller, t. 10, 1973-1974, p. 95-119 ; idem, Recherches sur la puissance temporelle de l’abbaye de Murbach, Strasbourg, 1975 ; Chr. Wilsdorf, J. Heitzler, notice Murbach, Helvetia Sacra, III/1, Berne, 1986 ; Die Habsburger im deutschen Südwesten, Neue Forschungen zur Geschichte Vorderösterreichs, sous la direction de F. Quarthal et Faix, Stuttgart, 2000.
Georges Bischoff (2002)