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WANGEN de GEROLDSECK Louis Gonzague François Dominique Léopold de

Maire de Strasbourg, député du Bas-Rhin (★ Haguenau 22.1.1760 † Strasbourg 16.10.1836). Fils de Jean Jacques Dominique, baron de Wangen de Geroldseck (★ 1720 † 1795), capitaine de la Légion royale des vaisseaux, et de Marie-Dorothée de Günderrode. ∞ 1.1.1786 à Chaumont, Haute-Marne, Marie Anne Labbé de Plenoy, fille de Joseph Labbé, seigneur de Briaucourt, Marault, baron de Lancques, et de Jeanne Marie Dureville. Seigneur de plusieurs villages de la Basse-Alsace, le baron fut, en 1787, membre de l’Assemblée du district de Haguenau. Ruiné par la Révolution, il devint, en 1803, secrétaire de la Chambre de commerce de Strasbourg dont il démissionna lors de sa nomination comme maire de la ville. En effet, l’échec successif du patriciat italien avec Livio © et de la caste universitaire avec Frédéric Herrmann ©, amena l’empereur, après mûres réflexions, à se fonder sur la noblesse d’Ancien Régime avec la nomination comme maire de Strasbourg le 14 février 1806, de Wangen qui fut installé le 10 mars, avec une pompe inhabituelle, en présence du maréchal Kellermann ©, du général Oudinot ©, de l’évêque Saurine ©, des présidents des deux consistoires supérieurs, des présidents des tribunaux. La magistrature de Wangen fut catastrophique et entachée des pires exactions financières. Cependant, comme l’indiquait un rapport secret de l’archiviste Schneegans © de janvier 1846, « les désordres qui ont eu lieu sous son administration n’ayant pas été divulgués par un procès de forme, il est très difficile de fournir des détails précis ». Le système établi alors par la mairie était celui de deux caisses parallèles entièrement à sa disposition et qui permettaient toutes les irrégularités. Le receveur municipal avait en particulier l’habitude de faire figurer chaque année « des arrérages ou des non recouvrements considérables, des réserves de crédits ouverts et non employés », transférés d’un exercice à l’autre souvent à des époques éloignées où le Conseil en avait perdu le souvenir. Aussi, lors de la séance du 8 août 1810, le Conseil municipal invita le maire « à prendre à l’avenir des dispositions pour que les travaux autorisés soient réalisés immédiatement et les dépenses acquittées sans délai, tant afin de ne pas compromettre les intérêts ou le crédit de la Ville par des retards, qu’afin de ne pas laisser ainsi dans la caisse municipale des sommes trop considérables et perdues pour l’effet de la circulation ». Quant aux deux caisses particulières du maire, elles étaient toutes deux à sa disposition, l’une à la mairie, l’autre chez le receveur municipal sous le nom de Caisse de réserve et de Caisse de retenue sur les travaux et le préfet se plaignit de ce que les comptes de cette caisse « ne lui ont été communiqués ni directement ni indirectement en aucun temps, que les comptes soient en recette, soit en dépenses ». Quant aux manœuvres condamnables ayant cours à cette époque, deux ont été attestées par des témoins qui sont les suivantes : les personnes qui se présentaient à la recette municipale pour toucher des mandats se voyaient renvoyées par le receveur sous le prétexte que la caisse était vide et ceci jusqu’à ce que le créancier, las d’être ajourné, finissait par perdre patience et par se plaindre. Alors le receveur, sous prétexte de les obliger, leur offrait de les régler immédiatement sous condition qu’ils se contentassent d’une somme inférieure à celle portée au mandat. Une foule de créanciers qui avaient un besoin urgent de leur argent étaient heureux après tous les tracas et tous les déboires qu’on leur avait fait essuyer, d’en finir à ce prix. Le second fait avéré se rattacha à l’histoire de la construction de la salle de spectacle qui fut une histoire toute hérissée de scandales et de malversations. Le charpentier qui fut chargé des travaux de charpenterie se présenta un jour à la recette municipale avec un mémoire de 30 000 francs. On examina son mémoire et on lui dit que tout était bien en règle, mais qu’il avait à refaire son mémoire en ayant soin de doubler le chiffre total et qu’alors on lui payerait ses 30 000 francs. Pressé de recouvrer son dû, le charpentier fit ce qu’on lui avait ordonné de faire. Et le rapport secret de Schneegans conclut avec indignation que « ces deux faits avec cent autres du même genre qui circulent encore dans la ville donnent la clé des manœuvres infâmes qui eurent lieu alors et expliquent ce que le Conseil municipal entendait quand il parle du « crédit de la ville compromis ». Mais le scandale était trop patent et bientôt la foudre impériale tomba sur les prévaricateurs. Le 19 juillet 1810 un décret impérial supprima « les caisses particulières qui existaient dans l’administration du Maire » et ordonna au receveur municipal Hervé qui avait payé des dépenses non autorisées par décret impérial, de cesser ses fonctions ». Lorsque le Conseil municipal reçut cette nouvelle le 30 juillet, avec ordre de mettre les scellés sur la caisse municipale, le maire se trouvait à Paris, soi-disant en mission, mais en réalité convoqué par le gouvernement. Par la même occasion, le 25 août, le préfet révoqua l’architecte en chef de la ville Boudhors ©, impliqué dans les malversations municipales, de même qu’il destitua le secrétaire général de la préfecture. En revanche, on permit au maire de prétexter d’affaires de famille qui ne lui permettaient plus de se vouer plus longtemps à celles de la ville, pour donner sa démission au début de septembre 1810. Cependant, ses manipulations financières ne l’empêchèrent pas de poursuivre une brillante carrière politique et financière. Déjà nommé au Conseil général du Bas-Rhin entre 1800 et 1806, il y siégea à nouveau de 1808 à 1833. Il le présida en 1804 et en 1817. Élu député par le collège de Saverne en 1824, il fut réélu en 1827. Il vota l’Adresse des 221 le 18 mars 1830. Co-fondateur de la Fabrique d’acier du Bas-Rhin. Chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, officier de la Légion d’honneur.

Archives municipales de Strasbourg, VI 695/17 ; Annuaire du département du Bas-Rhin de 1806 à 1833 ; Lehr, L’Alsace noble, 1870, III ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 951-952 ; Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 133-136, 154, 156, 187-188, 198, 203, 236 ; CNRS, Grands notables du Premier Empire – Bas-Rhin, 1984, p. 40 et 41 ; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, t. IV, 1982 (voir index).

† Georges Foessel (2002)