Skip to main content

WAGNER Jean Frédéric

Typographe, journaliste, député-maire de Mulhouse (★ Colmar 6.3.1894 † Mulhouse 19.9.1956). Fils d’Adolphe Wagner, ouvrier, et de Caroline Philippe, ∞ 13.6.1918 à Stuttgart Guillaumette Lindacker. Wagner fit dans sa ville natale son apprentissage de typographe. C’est à Colmar qu’il adhéra, dès l’âge de 18 ans, au syndicalisme libre et au Parti social-démocrate. Il s’établit ensuite à Mulhouse où on le trouve en 1920 linotypiste au Republikaner, quotidien de la fédération socialiste SFIO du Haut-Rhin. De 1920 à 1935, il présida le Syndicat typographique de Mulhouse (177e section de la Fédération française des travailleurs du livre CGT). Resté fidèle à la conception réformiste du syndicalisme, il fut, en 1921, secrétaire administratif de l’Union départementale du Haut-Rhin des syndicats CGT, au côté d’Alexandre Eisering ©. Dès 1922, il quitta le clavier de la linotype pour prendre la succession de Jean Martin © à la rédaction du journal. Il fut le directeur politique et l’éditorialiste du Republikaner/Républicain du Haut-Rhin et le gérant de l’imprimerie Union de 1928 jusqu’à son décès. De 1925 à 1940, et après la Libération, il présida la section socialiste de Mulhouse. Il fut candidat sans succès aux élections législatives de 1928 et de 1932 à Thann contre l’UPR Brom ©, puis à Mulhouse-ville en 1936 contre le démocrate Wallach © et contre Féga © lors de l’élection partielle d’avril 1939. Dès 1923, à la faveur d’une élection partielle, Wagner entra au conseil municipal de Mulhouse. La confiance du maire Wicky © lui valut d’accéder à un poste d’adjoint en 1927 à la mort de Joseph Gsell ©, puis de premier adjoint en 1935. Une de ses activités les plus importantes, après le déclenchement de la crise économique, fut la gestion du fonds de secours aux chômeurs dans une ville qui comptait plus de 4000 demandeurs d’emploi à la fin de 1934. Il acquit rapidement une réputation d’expert de la gestion communale : il fut l’un des fondateurs en 1929 de l’Association des maires du Haut-Rhin, dont il fut plus tard président, puis vice-président. Très sensible à la menace hitlérienne, il fit de son journal dès 1933 l’un des organes les mieux informés sur les réalités du IIIe Reich dans la presse française et de Mulhouse une plaque tournante de l’aide aux réfugiés allemands et à la résistance social-démocrate. Il présida en 1936 le comité départemental du Rassemblement populaire. Wagner quitta Mulhouse le 15 juin 1940 et se réfugia à Toulouse d’où il collabora à la presse socialiste suisse. En 1941, il participa à la fondation du Groupement d’entraide des réfugiés d’Alsace et de Lorraine (GERAL). Il passa à la clandestinité après l’occupation de la Zone Sud par l’armée allemande. Dès le 28 novembre 1944, il rentra à Mulhouse libérée avec le maire Wicky. Nommé vice-président du Comité départemental de Libération, il fut blessé le 14 décembre 1944 par un obus allemand aux deux jambes et resta handicapé sa vie durant. Il assura la direction des affaires municipales durant la maladie du vieux leader socialiste. À la suite de la démission de ce dernier, il fut élu maire le 3 janvier 1947 par une coalition des socialistes, des communistes et du groupe de la Résistance. L’essor soudain du gaullisme politique lui fit perdre la mairie, après les élections d’octobre 1947, au profit du RPF Gander ©. En mai 1953, il retrouva le siège de maire contre le RPF Obringer au bénéfice de l’âge. Dans un premier temps, les groupes de droite lui refusèrent tout soutien et il fut obligé de constituer une municipalité minoritaire, entièrement socialiste. Un compromis, dû à l’indépendant J.-J. Dollfuss © inaugura la formule d’« Entente municipale » et donna le poste de premier adjoint au MRP Wasmer ©. Ainsi s’amorçait l’évolution de Wagner et son dauphin Émile Muller © vers un centrisme gestionnaire. Cette municipalité entama un vigoureux effort pour mettre fin à la crise du logement populaire avec la construction de la cité HLM de la Mertzau (cité Jean Wagner) et de la cité Victor Hugo. Elle jeta les bases de l’aménagement du centre de Mulhouse, en achetant l’ancienne usine de la Dentsche, préliminaire de la réalisation de la place de l’Europe. La régularisation du cours de l’III permit la construction d’un ensemble de sports et de loisirs. Wagner intervint avec énergie pour la construction du nouveau lycée de garçons (lycée Albert Schweitzer) et
réussit le jumelage de Mulhouse avec Anvers. Tête de liste SFIO du Haut-Rhin depuis 1945, Wagner siégea aux deux Assemblées constituantes (1945-1946) et aux Assemblées nationales élues en 1946 et 1951. Sa compétence en matière communale en fit l’un des auteurs, en 1947, de propositions de loi sur le Code municipal et sur le statut des agents communaux. En 1953, il fut élu président de la commission de l’Intérieur ; pourtant, il intervint peu à la tribune du Palais-Bourbon, sauf sur des questions concernant l’Alsace : ainsi, en 1946, pour contester le maintien de la législation concordataire ou, en 1950, au sujet de l’aéroport de Bâle-Mulhouse. En février 1953, il participa à toutes les démarches des parlementaires non communistes d’Alsace au sujet du procès de Bordeaux et fut l’un des huit députés socialistes qui votèrent l’amnistie pour les incorporés de force impliqués dans le massacre d’Oradour. En 1954 et 1955, il présida des missions parlementaires en Algérie, à l’issue desquelles il déclara que l’insurrection nationaliste pouvait être maîtrisée par des réformes d’ordre social. Le système des apparentements, qui lui avait per- mis de conserver le dernier siège parlementaire socialiste en Alsace en 1951, joua contre lui le 2 janvier 1956. Une coalition du MRP et des Républicains sociaux (ex-RPF) ne lui permit pas de profiter de la remontée sensible des voix du SFIO, due à l’absence d’une liste mendésiste dans le Haut-Rhin. Le parti socialiste le désigna alors pour siéger à l’Assemblée de l’Union française, mais son décès subit réduisit singulièrement la durée de ce dernier mandat. Légion d’honneur ; croix de Guerre 1939-1945. 50 Jahre Buchdrucker-Organisation zu Mülhausen, Mulhouse, 1923 ; Dix années d’activité municipale 1925-1935, Mulhouse, 1935 ; Une génération d’activité municipale, Mulhouse, 1947.

L’Alsace du 20.9.1956 ; Le Nouvel Alsacien du 20.9.1956 ; Nouveau Rhin français du 20.9.1956 ; Le Travailleur du Livre, octobre 1956 ; Républicain d’Alsace du 24.9.1956 ; A la mémoire de Jean Wagner, Mulhouse, 1956 ; É. Muller, « Jean Wagner », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1962, n° 1, p. 39-40 ; R. Wagner, La vie politique à Mulhouse, Mulhouse, 1976 ; G. Livet, R. Oberlé, Histoire de Mulhouse des origines à nos jours, Strasbourg, 1977 (index) ; L. Tinelli, Les travailleurs du Livre dans le mouvement ouvrier. Cent années du Livre à Mulhouse, Mulhouse, 1981 ; J.-M. Bockel, E. Riedweg, Mulhouse, son passé, son avenir, Mulhouse, 1983 ; B. Fischbach, Ces maires qui ont fait Mulhouse, Mulhouse, 1983, p. 89 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, 1986, p. 7658-7659 ; Maitron, dir., Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, 43, 1993, p. 328-329 ; Almenos, Bulletin n° 2, février 2002.

† Raymond Oberlé et Léon Strauss (2002)