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VOGELEIS Martin

Musicologue, historien, (C) (★ Erstein 5.6.1861 † Sélestat 11.8.1930). Fils de Martin Vogeleis, agriculteur, et de Joséphine Rapp. Il fréquenta l’école communale. Son oncle, Charles Rapp, curé à Birkenwald, puis, à partir de 1873, à Breitenbach, l’initia dès son plus jeune âge à la musique et à l’orgue, tandis que son vicaire, Alphonse Adam, lui enseigna les méthodes de travail en archéologie et pour les recherches d’archives. À l’automne 1876, il entra au petit séminaire de Luxeuil et, en automne 1879, au Grand Séminaire de Strasbourg. Tout au long de ses études, il ne cessa de se perfectionner en musique ; pendant les vacances, il fréquenta les archives pour connaître des documents en vue d’une histoire de la musique en Alsace. Il fut ordonné prêtre le 9 août 1885. À la rentrée suivante, il fut nommé professeur de chant et de musique au petit séminaire de Zillisheim, puis en 1892, vicaire à Illkirch-Graffenstaden. En 1896, il entra au comité directeur de l’Union Sainte-Cécile; il fut membre de plusieurs sociétés « musicales » et desservit jusqu’en 1906 la paroisse de Behlenheim. Musicologue et historien passionné, il voyagea dans toute l’Europe pour consulter les fonds des bibliothèques et archives. C’est ainsi qu’il découvrit en 1899 dans la bibliothèque de Prague le Tonarius de Twinger von Königshofen qu’il publia en fac-similé. De 1906 à 1908, il fut malade et séjourna à la clinique de la Toussaint à Strasbourg. Le 1er avril 1908, il fut nommé aumônier de l’hôpital de Sélestat, poste qu’il occupa jusqu’à sa mort. Officier d’Académie (1922). Sa Bibliotheca Alcediana fut léguée à la ville de Sélestat.

Vogeleis publia en 1911 le premier ouvrage embrassant l’ensemble de l’histoire de la musique en Alsace jusqu’en 1800. Grâce à ses contacts avec des archivistes, des musicologues français et étrangers, avec les ecclésiastiques qui connaissaient les archives religieuses, il a pu lire ou collecter de nombreux documents inédits. Cet ouvrage, réédité en 1976, reste à la base de toute investigation sur la musique en Alsace. Certains renseignements reposent d’ailleurs sur des documents aujourd’hui disparus. Vogeleis projetait de publier une « suite » à son livre, traitant de la période après 1800 : les notices qu’il avait élaborées sont conservées dans le « fonds Vogeleis » déposé à sa mort à la Bibliothèque humaniste de Sélestat. Ce fonds très important (plus de 3000 pièces) comprend également les nombreux manuscrits et imprimés, parfois fort anciens, que Vogeleis avait accumulés au cours de son existence et qui constituent une source de première importance pour la connaissance de la musique en Alsace, notamment la musique d’orgue du XIXe siècle. L’ouvrage publié de Vogeleis — Quellen und Bausteine zu einer Geschichte der Musik und des Theaters im Elsass, 500-1800, Strasbourg, 1911 (réimpression 1976) — a été largement exploité par les historiens de la musique, mais nécessite aujourd’hui une réévaluation : sa rédaction est marquée par l’esprit encyclopédique d’un homme passionné qui travaillait selon les habitudes de son temps, ne citant pas toujours ses sources, et, en particulier pour les périodes les plus récentes, ne distinguant pas toujours renseignement de première ou de seconde main, document et commentaire, utilisant sans doute même des témoignages oraux. Cependant, son travail est éminemment « moderne » par la dimension sociologique de sa matière, qui traite aussi bien des institutions et des manifestations les plus humbles de la musique que des grands hommes et des chefs-d’œuvres. Vogeleis s’est également investi dans la restauration de la musique d’église catholique. Il fut d’ailleurs l’auteur de quelques courts motets religieux.

Bibliothèque humaniste de Sélestat, Fonds Vogeleis. À côté de son œuvre magistrale sur l’histoire de la musique en Alsace, il faudrait citer une longue liste d’articles publiés entre 1898 et 1929 dans de nombreuses revues musicales. Cette liste a été publiée dans Jahrbuch der Elsass-Lothringischen Wissenschaftlichen Gesellschaft zu Strasburg, Colmar, 1930, p. 214-215. Voir aussi Revue de musicologie, février 1930 ; Écho de Sélestat du 11.8. et du 14.8.1930 ; Gazette d’Erstein, 23.8.1930 ; Bulletin ecclésiastique du diocèse de Strasbourg, 15.8.1930, p. 362 ; H. Meyer, La Bibliothèque municipale de Sélestat », Patrimoine des biblio »thèques de France, t. 4, p. 110-119; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, 1987, p. 442 ; J.-L. Gester, G. Honegger, « La musique en Alsace, une historiographie en marche », Revue d’Alsace, n° 126, 2000, p. 301-323.

Jean-Luc Gester et Hubert Meyer (2002)