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VOELTSCHE (FOLTSCHE, VOLSCH(IN), FELSCH, etc.)

Famille de financiers strasbourgeois, nobles à partir du XVe siècle. C’est à tort que Kindler les fait remonter aux frères Heinrich et Werner Velkelin, cités de 1226 à 1243 (Urkb. Str. I, index). C’est en 1266 qu’ils apparaissent : six d’entre eux figurent sur la première liste des Hausgenossen (consortium des monnayeurs) de Strasbourg (Urkb. Str. I 487 ; cf. I 461 n° 611) ; parmi eux, Voeltsche (tout court) et son frère Götz Voeltsche, ce qui suggère que Voeltsche est au départ un hypocoristique (d’un prénom en Volk-, tout comme Volz ; les confusions entre les deux familles sont  d’ailleurs fréquentes). De 1266 à 1391, 66 ou 69 Voeltsche figurent dans les listes de Hausgenossen (Alioth I 107, 110 ; II 534), ce qui en fait une des familles notables de la finance strasbourgeoise. Plusieurs d’entre eux sont jurés de la monnaie entre 1292 et 1361 (ibidem II 530). On les voit agir comme banquiers de l’évêque (Urkunden Rufach I n° 420 ; Urkb. Str. V 114 n° 113, 214 n. 2, etc.) et comme bailleurs de fonds des Lichtenberg © (LU I 1218), des Rappoltstein © (Rappoltst. Urkb. Il n° 203, IV n° 2), des Ochsenstein © (Archives municipales de Strasbourg, KS 1 f° 133v). Mais ils sont aussi impliqués dans le grand commerce (Urkb. Str., Il n° 340 : 1315) et ont des terres à la campagne (p. ex. à Ittenheim dès 1282 : Corpus d. Altdeutschen Originalurk. V 162 n° N 209 ; à Oberschaeffolsheim en 1292 : Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg A 729/2 ; à Pfettisheim en 1320 : Archives municipales de Strasbourg, AH 583 f° 73r ; à Blienschwiller en 1341 : Archives municipales de Strasbourg 10NA 76 f° 83r ; à Mittelbergheim en 1345 : Archives départementales du Bas-Rhin, Niedernai charte 52). Avec l’ouverture du Conseil de Strasbourg, en 1332, au patriciat bourgeois dont ils font partie, ils y pénètrent en force : trois d’entre eux y siègent cinq fois en six ans (1332-1337 : Urkb. Str. VII, 886-893), et s’y maintiennent avec une fréquence élevée jusqu’à la fin du XVe siècle. Mais ce n’est qu’en 1406 que l’un d’eux, Hug, qui a été Dreier auf dem Pfennigturm en 1403-1425 (Alioth II 548), devient Stettmeisier. À la même époque, ils se poussent à la tête des couvents strasbourgeois : Clara est abbesse des Clarisses am Rossmarkt en 1343 et 1348, Katharina prieure de Sainte-Élisabeth en 1344 et Gertrud de Sainte-Catherine en 1355, Claus gardien des Franciscains en 1367 et Agnes prieure de Saint-Marc en 1508 (et dès 1480 ?). L’évolution des Voeltsche du XIVe au XVIe siècle est classique: ils acquièrent des fiefs — de l’évêque Berthold (1328-1353 : Urkb. Str., IV/2 p. 282), des Burggraf von Osthoffen avant 1343 (Archives municipales de Strasbourg VI 696/4), puis des Lichtenberg (Archives départementales du Bas-Rhin, Niedernai charte 112 : 1372 ; LU II 1926 : 1406), renforcent leur implantation rurale et abandonnent le commerce, et plus tard la banque (mais Reimbold Voeltsche est encore un financier actif entre 1463 et 1479 : F. Rapp dans Comptes rendus de l’Académie des inscr., 1993, p. 63). Leur mode de vie les rapproche ainsi de la noblesse, et on commence à leur donner le titre d’écuyer : en 1372 à Hans (Archives départementales du Bas-Rhin, Niedernai charte 112), qui après sa mort est appelé tantôt écuyer, tantôt bourgeois de Strasbourg (Urkb. Str., VII 2504, 2627) ; en 1406 à Hug (LU II 1926) — même si, à Strasbourg, ils siègent encore avec les patriciens bourgeois. Les mariages des Voeltsche reflètent cette évolution (Urkb. Str., VII, index). Au XIVe siècle, ils les unissent à des familles du même milieu : Sturm (Archives municipales de Strasbourg S, 10NA 216/9 avant 1350), Lentzelin (Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg Hohe Schule Weyersheim 2:1355), zum Trùbel, zur Megde, branches bourgeoises des Hundsfeld (Urkb. Str., III n° 155) et des Müllenheim ©. Mais avant 1373, les deux filles de † Johann Voeltsche épousent l’une l’Ammeister Rülin Barpfennig, l’autre l’écuyer strasbourgeois Simund Haumesser von St. Pilt, et désormais les Voeltsche épousent plus souvent des nobles: Wetzel avant 1390; Roeder von Diersburg avant 1468, Hummel v. Staufenberg peu après (Kindler), Kageneck et Boecklin avant 1482 (Archives municipales de Strasbourg, AA 68 f° 88), ce qui n’empêche pas Eucharius Voeltsche, Oberschultheiss d’Obernai depuis 1485, d’épouser Agnes, fille de Jakob Mieg (Archives municipales de Strasbourg, 10NA Doc. part. Geispolsheim), d’une famille encore bourgeoise. En 1486, son frère Peter est chevalier — le seul du lignage à ma connaissance. Il devient Stettmeister (1486-1496) sans avoir jamais siégé au Conseil, alors que son parent Hans le devient (1491-1495) « à l’ancienneté », après y avoir siégé 16 fois entre 1457 et 1488. Peter est aussi procureur fiscal de Maximilien de 1496 à 1502 (Archives municipales de Strasbourg, AA 314/3, 319/35; Wiesflecker, Knolle), principalement chargé de faire rentrer le Gemeinen Pfennig — un échec — mais intervenant également dans les litiges entre la ville et l’archevêque de Cologne, la ville de Wissembourg et l’électeur palatin ; il touche d’ailleurs, avec l’accord du roi, des pensions de ces deux villes pour soutenir leur cause, ce qui lui vaut d’âpres critiques (RTA MR VI 581, Archives municipales de Strasbourg, AA 314/13). D’autre part, ayant prêté 2000 florins à Maximilien, il est autorisé à s’en rembourser sur les amendes qu’il fait imposer, ce qui le pousse à des excès de zèle (Knolle, p. 157 et 160) ; l’archevêque de Mayence, chef de file de l’opposition au souverain, l’accuse même de filouterie (bübery : RTA MR VI 650). Il est par ailleurs jugé incompétent, n’étant pas juriste (Knolle, p. 159). Il reste conseiller de Maximilien jusqu’en 1507 au moins (Archives municipales de Strasbourg, AA 328/22), en particulier pour des négociations avec les villes alsaciennes (p. ex. Cartulaire de Mulhouse IV n° 1950). Au XVIe siècle, les Voeltsche quittent Strasbourg (Ludwig et
Reimbold sont les derniers à y siéger au Conseil : 1530-1532) et s’intègrent à la noblesse rurale. Certains se mettent au service de grands seigneurs, en particulier Ludwig, Oberschultheiss de Wangen en 1527 et bailli de Balbronn/Westhoffen au moins de 1531 à 1544, et son neveu Ludwig, bailli de Marmoutier pour les Rappoltstein de 1557 à 1571 au moins. On trouve les Voeltsche vers 1525-1545 à Kaysersberg (A. Scherlen, Geschichte der Stadt Ammerschweier, 1914, p. 133), vers 1532-1544 à Romanswiller, vers 1545-1554 à Balbronn (Annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Molsheim et environs, 1992, p. 46 ; Archives départementales du Bas-Rhin, inv. 3B 1335, 1348) et finalement à Stutzheim, dont ils prennent le nom ; selon Kindler, ils y auraient possédé un château, qui n’est pas autrement connu. Selon le même, le dernier Voeltsche, Hans Ludwig, lieutenant-colonel et bailli de Dachstein, aurait été tué par un boulet de canon devant Molsheim le 13 mai 1622 (Goldenes Buch ; la date de 1628 dans le Geschlechterbuch semble une faute d’impression).

Urkundenbuch der Stadt Strassburg ; Kindler von Knobloch, Das goldene Buch von Strassburg, 1886, p. 388-389, et Oberbadisches Geschlechterbuch I, 1898, p. 363 ; U. Knolle, Studien zum Ursprung und zur Geschichte des Reichsfiskalats im 15. Jh., 1965, p. 154-162 ; F. Schmidt-Sibeth, « Die Völsch im Niederelsass », Archiv für Sippenforschung 35,1969, p. 41-45 (presque uniquement sur leur généalogie aux XV/XVIe siècles, quelques erreurs de détail) ; H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian t., Il, 1975, p. 253-265 (sur le fiscal Peter) ; Th. A. Brady, Ruling Class, Regime and Reformation at Strasbourg 1520-1555, Leiden, 1978, p. 448 (passim) ; H. Gollwitzer (éd.), Deutsche Reichstagsakten unter Maximilian I. (cité RTA MR), VI, 1979 (index sous Voelscher [!]); M. Alioth, Gruppen an der Macht. Zünfte und Patriziat in Strassburg im 14. und 15. Jh., 1988 (index par B. Metz disponible aux Archives municipales de Strasbourg) ; Fr. Battenberg, Lichtenberger Urkunden, 5 vol. 1994-1995, index (cité LU).

Bernhard Metz (2002)