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VIGUIÉ Louis André

Préfet, (Pr) (★ lssoudun, Indre, 20.9.1884  † Ballainvilliers, Essonne, 11.4.1976). Fils de Théodore Paul Viguié, sous-préfet, et de Laure Eugénie Marguerite Jeanne Prat de Lestang. ∞ 24.6.1907 à Toulouse, Haute-Garonne, Jeanne Adèle Hélène Marguerite Bouscas, 4 enfants dont Raymond, directeur du cabinet de son père à la préfecture du Bas-Rhin de 1936 à 1940, vice-président du Tribunal administratif d’Alsace et de Lorraine en 1947, puis carrière préfectorale [Bargeton, dir., Dictionnaire biographique des préfets, septembre 1870 – mai 1982, Paris, Archives Nationales, 1994, p. 545]. Licencié ès-lettres. Mobilisé de 1914 à 1917, blessé. Viguié était entré dans l’administration préfectorale en 1908. Il fut préfet de l’Aube (1929-1930), de l’Yonne (1930-1932), directeur du personnel et de l’administration générale au ministère de l’Intérieur (1932-1933), préfet de l’Hérault (1933-1935), de Seine-et-Oise (1935-1936). Il fut nommé préfet du Haut-Rhin par le gouvernement Léon Blum le 26septembre 1936, puis préfet du Bas-Rhin le 9 juillet 1937. En cette dernière qualité, il dut gérer le département dans des circonstances dramatiques, notamment la crise de Munich (septembre 1938), l’arrestation de Roos ©, la mobilisation générale, l’évacuation de Strasbourg et de la région frontalière, la « drôle de guerre », l’arrestation des autres chefs autonomistes, l’invasion de l’Alsace par la Wehrmacht. Replié à Lutzelhouse depuis septembre 1939, il fut arrêté par les Allemands vers le 20 juin 1940 et ramené à Strasbourg, puis emprisonné successivement dans les prisons de Karlsruhe, Francfort, Berlin et Münster sous prétexte qu’il avait fait détruire des dossiers confidentiels. La presse nazie le traita à cette époque de « tortionnaire » du « martyr » Karl Roos. Le 21 août 1940, le président de l’Association du corps préfectoral, A. Autrand, attira l’attention du maréchal Pétain, chef de l’État, sur sa situation qui avait déjà été évoquée par la délégation française auprès de la commission allemande d’armistice à Wiesbaden dans ses notes du 10 et du 18 juillet 1940. Il fut libéré, puis expulsé vers la zone non occupée le 20 septembre 1940. Le 24 septembre, il rejoignit sa famille à Enguibaud, Tarn. Il fut nommé préfet des Bouches-du-Rhône le 2 octobre 1940, mais il n’aurait pas « donné pleine satisfaction » au gouvernement de Vichy dans cette fonction. Le ?14 novembre 1941, il fut nommé « commissaire du pouvoir » en vertu de la loi du 11 août 1941. Les fonctions de ces hauts fonctionnaires consistaient à contrôler les services publics de l’État, des collectivités locales et des établissements publics et à « veiller à l’application des lois dans l’esprit de la Révolution nationale ». Le gouvernement provisoire de la République française le révoqua le 28 septembre  1944 (avec effet du 9 août 1944) et le mit à la retraite d’office le 20 mai 1945. Légion d’honneur : chevalier (1923), officier (1933).

Archives nationales, F1b I 862, 1124, 9,09 ; Sarraz-Bournet, Témoignage d’un silencieux, Self, 1948 ; Bargeton, dir., Dictionnaire biographique des préfets, septembre 1870 – mai 1982, Paris, Archives Nationales, 1994, p. 544-545 ; M. Cointet, Vichy capitale 1940-1944, Paris, 1993, p. 204 ; M. O. Baruch, Servir l’État français. L’administration en France de 1940 à 1944, Paris, 1997.

Léon Strauss (2002)