Skip to main content

VICTOR

Moine bénédictin de Saint-Gall, maître de l’école cathédrale de Strasbourg, ermite (★ vers le milieu du Xe s en Rhétie, Suisse orientale, † après 991 dans un ermitage probablement au- dessus du lac de Longemer, commune de Xonrupt, Vosges) Ses parents, de milieu aristocratique, cherchèrent à promouvoir Victor à l’abbatiat du monastère de Pfäfers (canton de Saint-Gall). Contrairement à leur vœu, Victor entra à l’abbaye de Saint-Gall. Sous l’abbé Craloh (942-958), il y remplit la fonction de doyen. Il occupait ainsi la deuxième place à la tête de la communauté. Pris dans la lutte d’influence entre moines alamans et moines rhétiques, Victor prit le parti de l’abbé Enzelin de Pfäfers (vers 958). Devant la cour royale, Enzelin gagna l’indépendance de son abbaye de Pfäfers contre les prétentions de l’abbé Craloh de Saint-Gall. Victor s’érigea en chef du parti saint-gallois contre l’abbé déposé Craloh. Il dut prendre la fuite. L’abbé évincé le rattrapa et lui creva les yeux. L’évêque Erchenbald © de Strasbourg appela son protégé et sans doute parent dans sa ville épiscopale, pour le consoler de ses déboires. Le transfert eut lieu peu après 958. Il se fit avec l’autorisation du nouvel abbé Burchart de Saint-Gall, élu régulièrement par le chapitre. L’évêque confia au savant bénédictin la direction de son école cathédrale. Bien qu’aveugle, Victor faisait prospérer cet établissement scolaire par le niveau de ses études et par la qualité de ses élèves. Après la mort de l’évêque Erchenbald en 991, Victor se retira dans la solitude érémitique pour se consacrer à la prière. Après le décès d’un ancien ermite qui occupait la maisonnette, il s’établit dans cet ermitage. Ce lieu était situé dans les « Hochfeldinae montes, longum mare ». La description ne convient pas aux collines autour de Hochfelden (arrondissement Strasbourg Campagne), où Grandidier a situé la retraite du moine, devenu pédagogue. Les montagnes qui bordent le Hochfeld ou haut plateau au-dessus du lac de Longemer (commune de Xonrupt, canton de Gérardmer) répondent davantage au signalement des lieux, donné par son biographe.

Sources : Ekkehart IV (chroniqueur de Saint-Gall), Casus Sancti Galli, c. 7-9, dans Monumenta Germaniae Historica, Scriptores, t. 2,1829, p. 110-117 ; Casus sancti Galli, éd. G. Meyervon Knonau, Saint-Gall, 1877 (St. Galler Mitteilungen 15 /16). Extrait dans Regesten der Bischöfe von Strassburg, Innsbruck, 1908, t. 1, n° 159, p. 251 ; Casus sancti Galli – St. Galler Klostergeschichten, hg. v. H. F. Haefele, Darmstadt, 1980 (Ausgewählte Quellen zur deutschen Geschichte des Mittelalters, 10).

Ph. A. Grandidier, Histoire de l’Église et des évêques-princes de Strasbourg, Strasbourg, t. 2, 1778, p. 369 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 918 ; Clauss, Die Heiligen im Elsass, Düsseldorf, 1935, 136-137 ; P. Stintzi, Gottselige des Elsasses, Colmar, 1937, p. 7 ; I. Müller, « Ekkehard IV. und die Rätoromanen »,  Studien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktinerordens, 82, 1971, « Victor Retianus », p. 272-275 ; Helvetia sacra, Abt. III, Die Orden mit Benediktinerregel, Berne, 1986, Bd. 1, Teil 2, p. 999, 1199, 1284 ; L’abbaye de Saint-Gall et l’Alsace au haut Moyen Âge. Actes des Journées de Colmar, 23-25 juin 1994, Colmar, 1997, en particulier la contribution de W. Berschin, « Erckenbald de Strasbourg (965-991) », p. 55-76.

† René Bornert (2002)