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VELSIUS Justus

Médecin et philosophe (★ La Haye, Pays-Bas, vers 1510 † après 1581). Filiation inconnue, ∞ Beatrix von Steinhoven (Archives municipales de Strasbourg, KS 55′ f° 232 v°, KS 63′ f° 100 r°-v°). Études à Paris, Bologne et Louvain. Docteur en médecine à Bologne en février 1538, Velsius exerça la médecine à Anvers, mais continua ses études à Louvain en 1541. À la suite des démêlés avec l’Inquisition, Velsius se rendit à Strasbourg en 1544. Bucer © lui procura un poste d’enseignant au Gymnase ainsi qu’un canonicat en novembre 1545. En 1548 cependant, Velsius refusa de condamner l’Intérim imposé à la ville de Strasbourg par Charles-Quint. Cette attitude lui valut une sévère critique de la part de Jacob Sturm © qui l’appela desertor bis transfuga. En juin 1550, Velsius se rendit à Cologne où il devint lecteur de grec à l’Université. De nouveaux démêlés avec l’Inquisition lui valurent quelques mois de prison (fin 1555 à mars 1556). Entre 1556 et 1561, on trouve Velsius entre autres lieux à Wesel et à Francfort, d’où il fut chassé en 1561, suite à la publication en latin de sa Somme de la doctrine chrétienne (1560), aujourd’hui perdue. En 1561, il revint pour quelques mois à Strasbourg où on examina ses écrits. Il s’enfuit fin juin 1561 — peut-être banni ? — et s’établit quelque temps à Bâle, puis à Zurich, où il ne fut pas mieux accueilli qu’à Strasbourg, puis à Marburg (août 1561), à Londres (janvier-mars 1563), à Groningen (avril 1566), à Leyde (1578). Par la suite, on perd sa trace.

L’œuvre volumineuse et disparate de Velsius comporte au moins 16 titres et plus de 22 écrits restés manuscrits. Citons parmi les plus importants: Verae christianaeque philosophiae comprobatoris atque aemuli […] descriptio (1554). La même année, il publia à Cologne Probabititer disserendi ratio et via dans laquelle il présenta les Topiques d’Aristote. L’Apologia contra haereticae pravitatis appelatos Inquisitores…, 1556, reproduit des document des années 1554 et 1555. La Propositio nostrae a Deo vocationis et legationis, parue en 1561, est le premier écrit systématique de la période errante de Velsius. Selon Ph. Denis, Velsius était un spiritualiste. Sa doctrine de la grâce a une allure schwenckfeldienne. Du côté catholique, on considère Velsius comme un hérétique malgré son attachement à l’Intérim. Quant aux réformateurs, ils marquent leur défiance à son égard et désapprouvent sa doctrine du libre arbitre. En revanche, Velsius jouit d’une bonne réputation dans les milieux scientifiques. Il a traduit un nombre important d’ouvrages de médecine, mathématiques, physique et philosophiques (Hippocrate, Galien, Simplicius et surtout Aristote dont il s’était toujours déclaré le disciple). Sa dernière œuvre d’érudition date de 1557. Ph. Denis a publié la liste des écrits de Velsius, celle des documents du XVIe siècle le mentionnant, celle des travaux spéciaux sur Velsius., celle des documents et travaux postérieurs au XVIe siècle le mentionnant, celle des ouvrages imprimés de Velsius, celle des écrits manuscrits et la correspondance de Velsius.

J. Ficker, O. Winckelmann, Handschriftenproben des XVI. Jh. nach Strassburger Originalen, Strasbourg, t. Il, 1905, pl. 83 ; Ph. Denis, « L’envoyé de l’Esprit et les hommes d’Église : Justus Velsius à Francfort et à Londres (1556-1563) », Divers aspects de la Réforme aux XVIe et XVIIe siècles. Études et documents, Paris, 1975, p. 183-237; A. Séguenny (éd.), Bibliotheca dissidentium. Répertoire des non-conformistes religieux des seizième et dix-septième siècles, I, Baden-Baden, 1980, p. 48-95 (article de Ph. Denis) ; M. Usher-Chrismann, Bibliography of Strasbourg imprints 1480-1599, New Haven, 1982, p. 257 ; Ph. Denis, « Évangéliques et catholiques renvoyés dos à dos : la Prepositio nostrae a Deo vocationis et legationis de Justus Velsius », Bibliotheca dissidentium scripta et studia n° 1, 1983, p. 218-226 ; M. Lienhard, S. F. Nelson, H. G. Rott (Bearb.), Quellen zur Geschichte der Täufer Bd. XVI, Elsass, IV. Teil, Stadt Strassburg 1543-1552 samt Nachträgen und Verbesserungen zu Teil I, II und III…, Gütersloh, 1988, p. 598 (passim) ; Th. A. Brady Jr., Protestant Politics: Jacob Sturm (1489-1553) and the german Reformation, New Jersey, 1995, p. 123.

† François-Joseph Fuchs (2002)