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URBAN Alfred Arnaud dit Fred

Défenseur du bilinguisme et des langues régionales, (PI) (★ Strasbourg 6.3.1943 † Strasbourg 17.8.2004). Fils de Georges Urban de Griesbach et d’Irma Forth de Sarreguemines. ∞ mars 1976 Petra Dörnemann ; 2 filles. Après ses études au lycée Fustel de Coulanges de Strasbourg, Fred Urban a mené des études en sciences économiques à l’Université de Fribourg en Brisgau. Son parcours professionnel, débuté dans l’administration des finances du Bas-Rhin et poursuivi de 1971 à 1972 dans les services économiques de l’ONU à New York, s’est déroulé pour l’essentiel entre la France et l’Allemagne : comme collaborateur de la 2e chaîne de télévision allemande, au Badisches Staatstheater de Karlsruhe, puis à l’Office franco-allemand de la jeunesse (OFAJ) d’octobre 1982 à fin 1985 à Bonn et à Paris en tant que responsable du service de presse et d’information. Cette fonction devait fortifier son engagement pour le développement du bilinguisme et le renforcement de la coopération franco-allemande. Il dirigea notamment à ses débuts et le développa l’Office régional pour le bilinguisme — créé en son temps par le Conseil régional — devenu par la suite l’Office pour la Langue et la Culture d’Alsace (OLCA) de juin 1994 à décembre 2001. En dernier lieu, Fred Urban fut chargé de mission à l’ADA (Agence de développement Alsace) responsable pour la France du programme d’économie d’énergie BASE de 2002 à 2004. C’est cependant dans le domaine associatif qu’il mena surtout son action pour la valorisation de la langue et de la culture régionales ainsi que pour la promotion du bilinguisme. De 1988 à 1993, il fut président du Cercle René Schickelé qu’il transforma en « Culture et Bilinguisme d’Alsace et de Moselle – René Schickelé Gesellschaft ». Il fut un des initiateurs de la grande enquête de cet organisme sur la situation linguistique dans les trois départements et la vaste campagne d’information « Avez-vous perdu votre langue ? ». Celle-ci relayée par le magazine Land und Sproch et un important affichage, contribua, malgré les réticences officielles et officieuses, à l’ouverture des premières classes bilingues dans l’enseignement primaire. L’action de Fred Urban en faveur du dialecte alsacien devait s’élargir à la défense des langues régionales d’Europe. Elle fut reconnue par son entrée au Bureau européen des langues minoritaires (BELM), où il représenta la France en tant que secrétaire du Haut Conseil national des langues de France. Il milita pendant des années pour la reconnaissance du concept de droits culturels et linguistiques en Europe, efforts qui lui permirent, en signe d’approbation officielle, l’organisation en 1990 d’un grand colloque au sein du Conseil de l’Europe sur le thème « Les droits linguistiques, une composante des droits de l’Homme ». Les conclusions de ce colloque contribuèrent à l’établissement de la « Charte européenne des langues régionales ou minoritaires », convention ouverte à la signature de ses États-membres en 1992 par le Conseil de l’Europe. Ce texte signé par la France n’a pas encore été ratifié par notre pays, ce qui rend théorique en l’occurrence la protection par les pouvoirs publics de ce patrimoine culturel. L’action de
Fred Urban pour le rapprochement franco-allemand se traduisit également par son engagement dans le « Forum-Citoyen Eurodistrict », initiative transfrontalière entre habitants de Strasbourg et de l’Ortenau. Fred Urban compta par ailleurs parmi les membres fondateurs (1988) et membres du bureau, à partir de 1990 jusqu’à son décès, du Rheinkolleg une association internationale, basée à Spire (RFA) ayant pour objet le développement durable du Rhin et de sa vallée du point de vue de l’écologie, de la navigation fluviale et de la culture transfrontalière. Son amour pour la musique, exprimé dès sa prime jeunesse, l’amena à fonder le « Club européen du Jazz », longtemps actif à Strasbourg.

† Jean-Claude Hahn (2007)