Publiciste, imprimeur et homme politique, (PI) (★ Strasbourg, Saint-Guillaume, 29.6.1761 † Strasbourg 12.3.1834). Fils d’André Ulrich, batelier, et de Marie Catherine Griesbach. ∞ I 11.1.1786 à Strasbourg Marie Madeleine Rauschenbach, fille de Jean Rauschenbach, juge des tutelles et sénateur de Schaffhouse, Suisse, et de Marie Madeleine Osterried . ∞ II Charlotte Marguerite Perlin (★ Berlin v. 1755 † Strasbourg 18.7.1831), fille de Jacques Perlin, ancien capitaine, et de Wilhelmine Geltaine. Entré au Gymnase en 1769, il s’immatricula à la faculté de Philosophie de l’Université de Strasbourg en 1776. En 1781, il figurait sur le tableau des membres de la loge Saint-Jean d’Isis de Strasbourg. Il enseigna de 1782 à 1786 dans un orphelinat fondé par la Société philanthropique de Strasbourg, publia aussi diverses revues pédagogiques, ouvrit lui-même une institution pour élèves de toutes confessions et conditions, qui, pour des raisons financières, ne subsista que peu de temps. Il était aussi secrétaire interprète à la chancellerie de la ville, emploi qu’il garda jusqu’en 1793. En début de 1790, il entra comme associé dans la Société typographique, qui imprima la gazette Woechentliche Nachrichten (1790-1791), dont il fut le rédacteur. Il collabora aussi un temps à la Geschichte der Gegenwärtigen Zeit de Frédéric Simon © et André Meyer ©, mais cessa lorsque ce journal se radicalisa. Il adhéra à la Société des Amis de la Constitution de Strasbourg le 6 juuillet 1790, en démissionna le 7 février 1792 après sa scission et rejoignit la Société dite de l’Auditoire, de tendance modérée. Membre élu du Conseil général du département depuis le 9 septembre 1791, il refusa de reconnaître la « Révolution du 10 août » et fut suspendu le 21 août 1792. il fut pourtant élu officier municipal de la commune de Strasbourg le 31 décembre 1792, mais les commissaires de la Convention nationale envoyés à Strasbourg le suspendirent le 18 janvier 1793 et l’expulsèrent du département. Ulrich témoigna en faveur de l’ex-maire Dietrich © au procès de Besançon le 24 février 1793. Devenu suspect, il fut mis en état d’arrestation pour « incivisme, aristocratie et intrigues », interné au Séminaire de Strasbourg le 24 septembre 1793, conduit à Besançon le 15 octobre, ramené à Strasbourg le 9 frimaire II (29 novembre 1793) par ordre d’Euloge Schneider © qui rêvait d’un procès de Dietrich et « complices », à l’image de celui des Girondins devant le tribunal révolutionnaire de Paris (9 brumaire II – 30 octobre 1793). Ulrich fut libéré après Thermidor et, le 28 nivôse III (17 janvier 1795), le représentant Bailly le nomma membre du Conseil général de la commune de Strasbourg. Ce fut alors qu’il publia les deux volumes du fameux Recueil de pièces authentiques servant à l’histoire de la Révolution à Strasbourg ou les Actes des représentants du peuple en mission dans le Département du Bas-Rhin sous le règne de la tyrannie, des Comités et Commissions révolutionnaires, de la Propagande et de la Société des Jacobins à Strasbourg, couramment appelé le Livre Bleu, en référence à la reliure cartonnée bleue sous laquelle il parut. Par cette publication d’actes, certes authentiques mais soigneusement sélectionnés, Ulrich étala les excès de la Terreur pour en faire sentir toute l’horreur. Il publia aussi l’éphémère Pariser deutsche Zeitung (décembre 1795-mars 1796) journal d’opinion modéré, mais « anti-terroriste ». En 1796 il fut élu électeur de Strasbourg et, en 1797, il exerça les fonctions de commissaire de police. Revenant à la pédagogie, il fit paraître, cette même année, un Manuel des enfants contenant les éléments de la langue française et allemande. En 1799, il compta parmi les premiers membres de la Société libre des sciences et des arts de Strasbourg fondée par Richard Brunck ©, et, en 1825, il publia la revue Der Hausfreund qui cessa de paraître dès l’année suivante. Sur son acte de décès, il est qualifié de marchand de fer.
Archives municipales de Strasbourg, RAM-228, 245 bis et 246, Cons. Ma 40/583, Div. C. 10/51, Div. II-539/3039, Police 243, 245 et 252, Fonds Gerschel, 34 ; Archives départementales du Bas-Rhin, 1L 492, 1L 728, 50 L 10, 6E 41/116 (Laquiante) ; Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, M 5941, M 6809 ; E. Barth, « Notices biographiques sur les hommes de la Révolution… », Revue d’Alsace, 1878, p. 133 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 903-904 (confusions avec d’autres Ulrich) ; E. Hartmann, « Andreas Ulrich, ein Strassburger Publizist und Politiker in den Tagen der grossen Revolution », Jb. des Vogesen-Clubs, 1911, p. 65-122 ; idem, Das blaue Buch und sein Verfasser. Ein Beitrag zur Geschichte der französischen Revolution in Strassburg, Strasbourg, 1911, p. 83-172 ; K. Richter, « Andreas Ulrich und die Sprachenfrage im Elsass. Eine fast vergessene Persönlichkeit aus der Zeit der französischen Revolution », Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, 1986, p. 227-244 ; J.-P. Kintz, La presse en Alsace, La presse départementale en Révolution (1789-1799), La Garenne-Colombes, 1992, p. 185-274.
Claude Betzinger (2001)