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ULMANN Salomon

Grand rabbin du consistoire central, (I) (★ Saverne 25.2.1806 d. Paris 6.5.1865). Fils d’Isaac Salomon, instituteur israélite à Saverne qui prit le nom d’Ulmann en 1808, et de Frumet Koschel. Il vint habiter Strasbourg en 1818. Son père l’initia à la langue hébraïque et lui inculqua les premiers fondements du savoir juif. Grâce à l’aide de coreligionnaires strasbourgeois, dont le savant talmudique Moïse Bloch, le jeune homme entra à l’École centrale rabbinique de Metz en 1830. Il en sortit en 1832 premier gradué grand rabbin. Il occupa le poste de rabbin à Lauterbourg à partir de 1834, puis devint grand rabbin de Nancy à partir de 1843. Il sut modérer la tendance libérale de cette communauté tout en concédant des innovations liturgiques comme l’introduction de l’orgue, revendication des notables libéraux de la première moitié du XIXe siècle. Il succéda en 1853 à Marchand Ennery comme grand rabbin du Consistoire central à Paris. Son élection s’inscrivait dans les mutations de l’époque où l’émancipation sociale et politique des juifs de France devait être complétée par l’émancipation des pratiques religieuses. Une fois installé dans ses fonctions, Ulmann ne tarda pas à mettre en œuvre l’entreprise de rénovation pour laquelle il avait été élu. Il milita pour le transfert dans la capitale de l’École centrale rabbinique de Metz (ce projet fut réalisé en 1859) montrant ainsi son souci de former des rabbins ouverts à la vie intellectuelle et au monde moderne. Se rendant compte qu’il ne pourrait apporter des innovations au niveau national sans le concours de ses collègues, il fit réunir à Paris une confé- rence des grands rabbins du 13 au 21 mai 1856 en vue d’échanger des idées sur les moyens à favoriser les progrès moraux et religieux des fidèles. Cette conférence aboutit à une réforme du culte en réduisant les passages des prières trop longs, les pioutime, en introduisant la prédication rabbinique hebdomadaire en français et l’orgue dans les synagogues sous certaines conditions. Il fit encore adopter pour les rabbins et les ministres-officiants, à l’intérieur des édifices religieux, la tenue de style ecclésiastique et prévoir dans les synagogues des emplacements convenables pour les femmes et les élèves des écoles. La conférence introduisit également une cérémonie d’initiation religieuse destinée aussi bien aux filles qu’aux garçons. Fut enfin créée une caisse centrale de solidarité pour aider certains rabbins et leurs veuves. Cette conférence figure dans l’histoire comme l’acte de naissance du judaïsme français moderne, fidèle à la tradition et adapté aux besoins du temps. L’action d’Ulmann a donc permis au judaïsme consistorial français d’éviter une « dérive libérale » semblable à celle du judaïsme allemand. Chevalier de la Légion d’honneur et membre du Conseil supérieur de l’œuvre du prince impérial.

Ulmann publia le Recueil d’instruction religieuse et morale à l’usage des écoles israélites en 1859 et laissa plusieurs manuscrits en langue hébraïque dont Dewar Tora Léabbir Ya’akov.

Courrier du Bas-Rhin des 5.5, 6.5, 13.5, 23.5 et 22.6.1865 ; L’Univers israélite n°20, 1865, p. 457-470 ; Archives israélites n° 26, 1865, p. 417 ; D. Fischer, Geschichte der Stadt Zabern, 1874 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 902-903 ; Jüdisches Lexikon, IV/2, Berlin, 1930, p. 1095 ; Encyclopaedia judaica, v. 15, Jérusalem, 1971, p. 1523 ; S. Schwarzfuchs, Les Juifs de France, Paris, 1975, p. 251-259 ; D. Cohen, La promotion des juifs en France à l’époque du Second Empire, Aix-en-Provence, 1980 ; F. Job, Les juifs de Nancy, Nancy, 1991, p. 103 ; P. E. Hyman, The emancipation of the jews of Alsace, New Haven-Londres, 1991 (index) ; R. Berg, Histoire du rabbinat français (XVIe-XXe siècle), Paris, 1992, p. 22, 41, 47-48, 55, 57, 60, 175, 191 ; S. Braun, Le dernier testament. Chronique de la communauté juive de Lauterbourg, Strasbourg, 1997, p. 67 ; Y. R. Kaufmann, « Salomon Ulmann et le compromis de 1856 », Almanach du KKL, Strasbourg, 1999, p. 40-43 ; E. Benbassa, Histoire des juifs de France, Paris, 2000, p. 148.

Jean Daltroff (2001)