Famille de maçons et de maîtres d’œuvre établie à Strasbourg aux XVIe et XVIIe siècles. En 1507, Hans Uolberg, époux de Magdalena, veuve de Jacob von Barre, maçon, acquit le droit de bourgeoisie par mariage. Dans les années vingt et trente, il est souvent cité en qualité de maître d’œuvre du chantier municipal de Strasbourg (Werkmeister auf dem Mauerhof). Le 2 novembre 1528, Ambrosius Uolberger, de Sélestat, de son état maçon, acheta le droit de bourgeoisie de Strasbourg. Son fils Hans Thoman © 1, à moins qu’il ne s’agisse du fils de Hans, fut d’abord maître d’œuvre à Sélestat avant de diriger le chantier de la cathédrale de Strasbourg. Son fils Carl Thoman © 2 lui succéda dans ses fonctions tandis qu’un autre fils, Hans Bernard (★ Strasbourg 1578), négociant, représenta la tribu du Miroir au Grand Sénat de la ville en 1629-1630. Sa veuve, née Anna Brand, est encore mentionnée en 1637.
- Hans Thoman,
maître d’œuvre de la cathédrale de Strasbourg, (PI) (★ vers 1530 † Strasbourg avant le 22.1.1608). Fils d’Ambrosius (ou de Hans) Uhlberger ∞ I Juliane († 1566). ∞ II 10.2.1572 à Strasbourg, Temple-Neuf, Ursula Fritschmann ; 5 enfants. Hans Thoman fut d’abord, entre 1560 et 1565, maître d’œuvre de la ville de Sélestat. Il figure dans les ordonnances de 1563 promulguées par la Grande Loge de Strasbourg (Der Steinmetzen Bruderschafft Ordnungen). À Sélestat, aucune œuvre ne peut lui être attribuée avec certitude, bien que les voûtes réticulées et stellaires de l’ancienne commanderie des chevaliers de Saint-Jean, construite selon la tradition par Michel Sindelin (1564), présentent des caractéristiques maniéristes. En 1565, Hans Thoman succéda à Marx Schan à la tête du chantier de l’Œuvre Notre-Dame à Strasbourg. Mais ce n’est qu’en 1580 qu’il acquit le droit de bourgeoisie. Outre d’importants travaux de restauration ou de reconstruction à la cathédrale de Strasbourg (pointe de la flèche, escaliers, balustrades, toitures), on lui doit en premier lieu l’achèvement du buffet en pierre de l’horloge astronomique (1571-1574). Il ajouta notamment à la partie médiane l’oriel sur voûtes curvilignes (qui influença fortement l’architecture strasbourgeoise de la fin du XVIe siècle) et le couronna d’un dôme flamboyant surmonté de sa propre statuette avec son signe lapidaire. En 1573, il entreprit à Andlau, à la demande de l’abbesse Maria-Magdalena Rebstock ©, et avec l’autorisation du Magistrat de Strasbourg, la nouvelle maison d’habitation des chanoinesses dont il reste encore des vestiges. En 1574, avant de remanier son château d’Osthouse, Sébastian Zorn von Bulach demanda conseil aux deux maîtres d’œuvre de Strasbourg : Hans Thoman et Jacob von Freiburg. Entre 1579 et 1584, Hans Thoman construisit l’aile ouest et le somptueux escalier en colimaçon de la Maison de l’Œuvre Notre-Dame. Sa dernière œuvre, la tribune des instrumentistes (1607), à côté du grand orgue de la cathédrale, a disparu au XVIIIe siècle, mais est nettement visible sur d’anciennes gravures. L’art de Hans Thoman, conforme aux tendances de son époque, propose un savant mélange de réminiscences gothiques et d’innovations Renaissance, rehaussé par une stéréotomie d’une rare virtuosité. Il préfigure, dans une large mesure, les options de Christoph Wamser © pour la grande église des Jésuites de Molsheim, achevée en 1617.
- Carl Thoman,
maître d’œuvre de la cathédrale de Strasbourg, (PI) (★ vers 1560 † Strasbourg 13.7.1610). Fils de 1. Grâce à la réputation et à l’insistance de son père, qui avait dirigé le chantier de la cathédrale pendant 43 ans, on lui confia, en 1608, les rênes de l’Œuvre Notre-Dame. Sa mort prématurée (en réalité, c’est la longévité de son père qui avait retardé sa nomination) ne lui permit pas d’entreprendre de grands travaux. Il supervisa néanmoins l’installation d’un nouvel orgue par Anton Neuknecht, fixé à Ravensburg, Bade-Wurtemberg (1608-1609).
Ph. A. Grandidier, Essais historiques et topographiques sur l’église cathédrale de Strasbourg, Strasbourg, 1782, p. 125, 228 ; Strassburg und seine Bauten, Strasbourg, 1894, p. 265-270 ; Charles Wittmer et J. Charles Meyer, Le Livre de bourgeoisie de la ville de Strasbourg 1440-1530, Strasbourg, II, 1954, p. 561 n° 5641 et p. 790 n° 8719 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, vol. 33, p. 551 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, p. 7455 ; M. Schaefer, « Le grand orgue de la cathédrale de Strasbourg au XVIIe siècle », Bulletin de la cathédrale de Strasbourg, XIV, 1980, p. 41-54 ; F.-J. Fuchs, « Employés municipaux de Strasbourg du XIVe au XVIIIe siècle… », : Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, 1993-1994, p. 32, 34, 1998-1999, p. 48 ; J.-Ph. Meyer, « Le chantier de la cathédrale et son outillage d’après un inventaire de 1608 », ibidem, XXII, 1996, p. 53-63 ; Th. Rieger, « Bernard Nonnenmacher, maître d’œuvre de la cathédrale de Strasbourg, et l’introduction du style Renaissance dans l’architecture religieuse alsacienne ibidem», , XXII, 1996, p. 85-90 ; idem, « Du flamboyant au prébaroque, l’architecture religieuse en Alsace entre 1525 et 1648 », Revue d’Alsace, 122, 1996, p. 252-263 ; idem, « Hans Thoman Uhlberger, ein Strassburger Baumeister zwischen Gotik und Renaissance », Badischer Geschichtsverein, 2001.
Théodore Rieger (2001)