Skip to main content

TURCKHEIM Frédéric Édouard de

Maître de forges (★ Strasbourg 16.2.1829 † Dachstein 17.4.1909). Fils de Henri de Turckheim ©. ∞ I 4.3.1866 à Jaegerthal, commune de Windstein, Louise Amélie de Dietrich (★ Jaegerthal 27.6.1841 † 30.11.1874), fille d’Eugène baron de Dietrich © ; 4 enfants dont Frédéric © 15. ∞ II 26.10.1875 Frida de Dietrich (★ 1850 † 1936), fille de Maximilien Frédéric Albert de Dietrich © et d’Adélaïde de Stein ; 3 fils et 4 filles. En 1845, après ses études, sur recommandation de son père, Édouard rejoignit l’École navale à Brest, sur le vaisseau-école « Borda ». En 1847, aspirant dans l’Océan indien, il embarqua sur la « Reine Blanche », puis l’« Artémise ». Ces frégates de 50 canons lui firent découvrir Ténériffe, Rio de Janeiro, Bombay, Madagascar et la Réunion. Après diverses affectations sur des frégates de Brest et de Toulon vers 1850, l’amirauté le nomma enseigne de vaisseau sur la « Girafe » et il participa à la bataille de Sébastopol. Officier de manœuvre à bord du vaisseau « Montebello », sous le commandement de l’amiral Bruat ©. Celui-ci témoigne du « zèle » de son compatriote en juin 1855 au débarquement de Taranrod, à l’embouchure du Don, en mer d’Azov. Après six mois de congé à Strasbourg, son dernier embarquement eut lieu en 1859 à Cherbourg à bord du yacht impérial « L’Aigle ».

Édouard obtint la gérance du groupe de Dietrich en 1873 de son second beau-père, Albert de Dietrich, et collabora avec ses trois fils, Albert, Eugène et Charles, dans les établissements métallurgiques de Niederbronn-les-Bains. Il y fut responsable des finances dès 1880. Il s’investit au sein du groupe tant dans la construction ferroviaire au-delà des Vosges, pensant le transmettre un jour à son fils aîné, que dans la construction automobile. Au vu de ses faibles actifs au sein de la nouvelle maison, cette industrie resta marginale à son époque: néanmoins, Adrien © 14, son fils, envoyé étudier en France pour être soustrait au service militaire allemand, fut l’initiateur, sous le regard d’Eugène de Dietrich ©, de cette nouvelle branche de la Société lorraine des Ets De Dietrich à Lunéville. Édouard devint membre du Consistoire supérieur de l’Église de la Confession d’Augsbourg. À ce titre, il intervint dans la nomination d’inspecteurs de l’inspection à Wissembourg en 1902 ou de pasteurs à Mertzwiller, Niederbronn, Reichshoffen, Bitche, Plobsheim, Mouterhouse, Baerenthal dès 1880, avec de réguliers conflits ouverts avec le Statthalter. Son activité s’élargit au domaine scolaire au Jaegerthal où il patronna, en 1880, le maître d’école. Répondre aux demandes des paroissiens et des pasteurs sur les règles de son Église restèrent ses champs de prédilection (à Buhl ou à Hatten en 1881). À la communauté libre de Heiligenstein, près de Truttenhausen, un don de 13000 francs est à porter à son actif dans la construction d’un lieu de culte et d’un presbytère en 1870 (65 % du budget total). Édouard prit son rôle de défenseur des intérêts protestants à l’égard des pouvoirs publics très à cœur et milita toute sa vie en faveur des libertés de culte et de conscience. Politiquement, Édouard participa en 1871 à une mission diplomatique déléguée par l’assemblée des notables de Strasbourg auprès du chancelier Bismarck pour défendre les intérêts de l’Alsace. Puis, nommé par l’empereur au Conseil d’État d’Alsace-Lorraine gouverné par le maréchal Manteuffel ©, sous condition d’être dispensé du serment, Édouard participa activement à la vie locale comme protecteur et intermédiaire de la population du Nord de l’Alsace. Il démissionna en 1887, au vu des contraintes discriminatoires et des obligations de passeport injustement exigées des habitants d’Alsace-Lorraine. Maire de Niederbronn-les-Bains de 1876 à 1887. En 1905, Édouard se retira au château de Dachstein qu’il restaura. Chevalier de la Légion d’honneur, décoré par l’impératrice Eugénie (1860).

Archives départementales du Bas-Rhin, 2 V 79, 27 AL (140 a-c), 47 AL, 87 AL (ECAAL, chambre de commerce), série M (élections à Niederbronn) ; Archives de Dietrich (ADD), cartons Administration et cartons Industrie ; H. Georger-Vogt, J. Keller, E. Landgraf, Fonds de Turckheim (archives privées de Dachstein), inventaire, Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, 1999/2000, boîtes 4, 5, 10, 21, 33, 37, 53, 57, 64, 72 (archives consistoriales XIXe-XXe ; lettres, mémoire, actes de propriété, factures de travaux à Dachstein, baux, dont boîte 4 (3/3), agenda et liste du trousseau, feuillets 1-2) ; Lehr, L’Alsace noble, 1870, p. 164-175 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 901 (nombreuses erreurs) ; Encyclopédie de l’Alsace, XI, p. 7444-7445 ; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 298 ; S. Sinclair, Les de Dietrich et l’automobile – l’entreprise de Dietrich et Cie de Lunéville et Niederbronn (1896-1905), École nationale des chartes, thèse, 1988 ; travaux d’Armand de Turckheim au Service historique de la Marine, Édouard de Turckheim, sa carrière maritime (1845-1860), 1998 ; M. Hau, La maison de Dietrich de 1684 à nos jours, Strasbourg, 1999.

Eric Landgraf (2001)