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TROTHA von

Famille noble (PI) originaire, semble-t-il, du village de Trotha, près de Halle, Thuringe, qui fit souche dans les pays de Hesse, de Saxe, de Brandebourg, d’Anhalt et du Palatinat. De ce fait, l’orthographe du nom patronymique connaît de nombreuses variantes comme Drott, Trott, Drothe, Trote, Trothe, Trotta, même Drod, Drad, Trade ou encore Drathe ou Trate. Cette grande diversité provient certainement des diverses prononciations en usage dans les différentes régions d’Allemagne, la famille ayant, dès le XIe siècle, fait preuve d’une grande mobilité. Deux représentants installés au Palatinat à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle connurent une grande notoriété en Alsace du Nord et tout particulièrement dans la région de Wissembourg.

  1. Hans,

chevalier († 26.10 1503. Pierre tombale dans la chapelle Saint-Anne près de Niederschlettenbach (Palatinat)). Fils de Thilo von Trotha († 1467), installé au château de Wettin dans la vallée de la Saale, près de Halle. Durant la guerre dite de Wissembourg, en 1470, le prince palatin du Rhin, Frédéric le Victorieux, s’empara des châteaux de Grafendahn et de Berwartstein dans la haute vallée de la Lauter, ainsi que des villages qui en dépendaient. Néanmoins, en 1474, le prince électeur rendit à l’abbé de Wissembourg les propriétés de la vallée de Schlettenbach appartenant au couvent. En 1476, son successeur, le prince Philipp, nomma Hans, maréchal de l’électorat palatin pour les services rendus. Afin de le récompenser de son engagement, il l’investit en 1480 des châteaux de Berwartstein et de Grafendahn comme arrière-fief relevant de l’abbaye de Wissembourg. La seigneurie de Berwartstein s’étendait alors sur tout le ressort du tribunal de Schlettenbach, c’est-à-dire qu’elle englobait les villages de Nieder-Schlettenbach, Bobenthal, Finsternheim et Bärenbach. L’ensemble de ces localités faisait partie du Mundat dont les autorités féodales voulurent s’emparer. En 1485, le prince électeur vendit à Hans les droits dépendant des deux châteaux en question. Cette vente, sans le consentement du suzerain, était entachée de nullité au regard du droit féodal. À cette nouvelle possession, s’ajouta encore le village d’Erlenbach acquis du chevalier de Dürkheim. En 1458, Hans transforma Berwartstein en véritable forteresse adaptée à la résistance aux armes à feu. Il fit élever à proximité la tour de « Petite France » (Kleinfranckreich). Cette situation provoqua la protestation de l’abbaye, la dégradation des relations entre les deux antagonistes et finalement dégénéra en guerre ouverte. Sous la protection du prince palatin, Hans fit subir de grands dommages au couvent et à son allié du moment, la ville de Wissembourg. Il rançonna les bourgeois et pilla les localités du Mundat. Il alla jusqu’à détourner le cours de la Lauter en faisant construire un impressionnant barrage. Il empêcha ainsi le flottage du bois et provoqua l’arrêt des moulins dans la cité. Puis il rompit brusquement son barrage et inonda les champs céréaliers à proximité de la ville, détruisant ainsi les récoltes. Il s’empara du château de Saint-Rémy, près d’Altenstadt, et, de ce repaire, il terrorisa avec ses cavaliers les habitants de Wissembourg. Les comtes Erich von Leiningen (Linange) et Friedrich von Bitsch (Bitche), les chevaliers Martin von Schauenburg, Eudule von Iglau et le Schultheiss de Rott furent ses complices. Ce dernier interdit d’exécuter les corvées à l’abbaye et de lui verser les dîmes. On s’empara de ses troupeaux, on coupa du bois dans ses forêts, on détruisit ses récoltes. Devant tant de méfaits, on dénonça les agissements de Hans devant l’empereur Maximilien Ier. L’abbé Heinrich von Hohenburg se rendit même à Rome pour obtenir l’aide du pape ; il décéda sur le chemin de retour, à Florence, en 1496. Hans finit par être excommunié et mis au ban de l’Empire. Cependant, toujours placé sous la protection du prince palatin du Rhin qui chercha à démembrer le Mundat, il ne risqua rien. Un nombre important de Wissembourgeois émigrèrent autour de 1500 vers la France, l’Italie, la Hollande et la Pologne pour échapper aux conséquences désastreuses de cette querelle. Son décès soulagea tant soit peu l’abbaye et la ville. Cependant, le traité de paix signé le 4 décembre 1504 avec le prince palatin officialisa la perte, pour le couvent, du château et de la seigneurie de Berwartstein. On fit alors dans la tradition populaire de Hans le fameux « Hans Trapp », personnage mythique, célèbre croque-mitaine, père fouettard pour les enfants désobéissants qui, en compagnie de « Christkindel » parcourt les rues des villages d’Alsace et visite les familles le soir de Noël. Le nom de Trott se transforma en Trapp du verbe allemand « trappen » vraisemblablement en raison des chevauchées demeurées tristement célèbres et de la menace que l’on prononce à rencontre des mauvais garnements : « Geb acht, de Hans Trapp komrnt ! ».

  1. Christoph,

bailli de Wissembourg (apparaît comme mineur en 1505 † peu après 1544). Fils de 1. ∞ Margrede von Sturmfeder. Il fut investi en 1511, par l’électeur Ludwig prince palatin du Rhin, du château de Berwartstein, des localités de Niederschletterbach et Bobenthal ainsi que du tribunal qui en dépendait, du château de Grafendahn et de tous les droits qui s’y rattachaient. Cependant, l’abbaye de Wissembourg fut à nouveau rétablie dans ses droits. Finalement, une sentence arbitrale de 1520, spécifia les droits de chacun, notamment en ce qui concerne les villages d’Erlenbach et de Lauterschwan. En 1522, Christoph et son épouse vendirent au couvent de Klingenmünster une rente annuelle de 10 florins. En 1544, Christoph apparaît comme bailli de Wissembourg pour y représenter les intérêts du prince palatin du Rhin. Leur fille Martha († avant 1537) épousa Friedrich von Fleckenstein. L’héritage passa aux Fleckenstein-Bickenbach de la lignée de Niederroedern.

Archives départementales du Bas-Rhin; Archives municipales de Wissembourg ; Archives des Fleckenstein à Ebnet ; Generallandesarchiv Karlsruhe (Michael Lothar) ; Das Untere Elsass, Neustadt a.d. Aisch ; Thilo von Trotha, Vorstudien zur Geschichte des Geschlechts von Trotha, Neuwied, 1860 ; Landsmann O. R. (extrait de la Revue catholique d’Alsace), Wissembourg ; un siècle de son histoire 1480-1580, Rixheim, 1902 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 885-886 ; Lothar Cunz, Der Wasgenwald, t. 1, 1961 et t. 2, 1.

Jean-Laurent Vonau (2001)