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TRAUTMANN Catherine

Ministre, députée, maire de Strasbourg, (Pr) (★ Strasbourg 15.1.1951). Fille de Louis Argence, officier, et d’Élisabeth Blumenrœder. ∞ 18.12.1970 à Strasbourg Jacques Trautmann, alors étudiant en philosophie, actuellement chargé d’études sur l’emploi et la formation à l’Université Louis-Pasteur (Strasbourg III) ; 2 filles. Études secondaires au lycée de jeunes filles de Strasbourg. Études supérieures à la faculté de Théologie protestante de Strasbourg. Maîtrise (1975). Alors qu’elle continuait ses travaux sur les textes gnostiques d’Égypte, elle s’est engagée en politique au Parti socialiste en 1977 pour participer à l’élaboration de la charte sur le droit des femmes. Elle a rejoint le courant rocardien, animé à Strasbourg par Jean-Luc Guihard et dont faisaient partie Jean-Claude Petitdemange ©, Armand Jung © et Marc Brunschweiler ©. Secrétaire de la section socialiste du canton de Strasbourg-La Robertsau, elle est devenue ensuite secrétaire à l’éducation et à la culture de la Fédération du Bas-Rhin. Élue au conseil municipal de Strasbourg en 1983, septième de la liste conduite par Jean Oehler ©, elle s’est fait remarquer dès les premières séances comme porte-parole de l’opposition dans les débats budgétaires. En 1986, deuxième sur la liste de Jean Oehler, député sortant, à la surprise générale, elle a été élue députée du Bas-Rhin. À l’Assemblée nationale, elle a fait partie de la commission des affaires sociales, familiales et culturelles, où le groupe socialiste la chargea de suivre les questions relatives à l’audiovisuel et à la toxicomanie. En 1987, elle est entrée au comité directeur du Parti socialiste. Après la réélection de François Mitterrand à la présidence de la République, elle est entrée, le 13 mai 1988, dans le premier gouvernement de Michel Rocard comme secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires sociales et de l’Emploi chargée des personnes âgées et des handicapés. Aux élections législatives de juin 1988, elle a été candidate de la majorité présidentielle à Strasbourg II (suppléant : Alfred Muller ©), mais a été battue au second tour par Marc Reymann ©. Elle a quitté alors le gouvernement et a été nommée, le 17 novembre 1988, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la toxicomanie (MILT). En rivalité avec Jean Oehler, elle a été désignée, le 4 novembre 1988, comme tête de liste de la majorité présidentielle aux élections municipales de mars 1989. Sa liste a triomphé au second tour (42,7 %) dans une lutte quadrangulaire, situation électorale rarissime, face à la liste de droite du maire sortant Marcel Rudloff © (36,3 %), la liste du Front national de Robert Spieler © (12,1 %) et la liste des Verts d’Andrée Buchmann (8,9 %). Le 25 mars 1989, elle a été élue maire de Strasbourg. Elle a été ainsi la première femme maire d’une grande ville en France. Quelques semaines plus tard, elle a été élue présidente de la Communauté urbaine de Strasbourg (CUS). Son succès strasbourgeois lui a valu de figurer en seconde place sur la liste conduite par Laurent Fabius aux élections européennes du 18 juin 1989. Députée au Parlement européen jusqu’en 1997, présidente de l’Intergroupe cinéma et audiovisuel, elle a lutté pour obtenir la reconnaissance juridique de l’établissement de cette institution à Strasbourg, inscrite dans le traité d’Amsterdam, et est parvenue à convaincre ses collègues d’engager la construction du nouvel hémicycle de Strasbourg. Dès son entrée en fonction avec la nouvelle équipe municipale, elle s’est attachée à la réalisation de ses principaux objectifs de campagne avec, en premier lieu, la mise en œuvre de la première ligne de tramway, entraînant de profondes modifications dans le paysage urbain, avec celle du nouveau plan de circulation découlant de la poursuite de la piétonisation du centre historique de la ville, avec le lancement de la construction du Musée d’art moderne et contemporain. La réussite de ces réalisations, très controversées au départ, a contribué à l’essor de la ville et de son image et a suscité l’adhésion d’une majorité de la population qui a permis la réélection de Catherine Trautmann avec 52,5 % des suffrages exprimés au premier tour des municipales de 1995. En mars 1997, des contraintes juridiques l’ont obligée à accepter la tenue du congrès du Front national au Palais de la musique et des congrès, mais le grand succès d’une manifestation nationale et européenne de protestation organisée dans les rues de Strasbourg l’a fait apparaître comme l’un des principaux champions de la lutte contre l’extrême-droite. Le 1er juin 1997, à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale, elle a été élue au second tour députée de Strasbourg I contre le sortant, Harry Lapp ©. Quelques jours plus tard, elle a été appelée à faire partie du gouvernement Jospin comme ministre de la Culture et de la Communication, porte-parole du gouvernement. Son suppléant, Armand Jung, lui a succédé à l’Assemblée nationale. Son adjoint à la culture, Norbert Engel, est entré dans son cabinet avec le titre de conseiller spécial. Obéissant à la règle du non-cumul fixée par le premier ministre, elle a abandonné la mairie de Strasbourg et la présidence de la CUS au profit de son premier adjoint, Roland Ries ©, qui a pris l’engagement de rendre ces mandats à Catherine Trautmann « à la première demande de sa part ». Deux mois après son arrivée rue de Valois, elle s’est vue infliger, par le ministère des Finances, un gel des crédits de son ministère. Le 31 mars 1998, à l’occasion d’un remaniement ministériel, elle a abandonné ses fonctions de porte-parole. En septembre 1999, elle a annoncé qu’elle comptait conduire la liste socialiste aux élections municipales de 2001. À la suite d’un accord conclu le 6 décembre 1999, Roland Ries lui a rétrocédé immédiatement la présidence de la CUS. Catherine Trautmann, qui s’était vu reprocher par certains milieux artistiques parisiens influents de manquer de grand projet culturel, a été écartée du gouvernement Jospin lors du remaniement du 27 mars 2000. Parmi les réalisations de ses trois années de gestion ministérielle : la fondation du Centre de la jeune création au Palais de Tokyo, l’instauration de la gratuité, un dimanche par mois, de l’entrée dans les musées et monuments nationaux, les tarifs très réduits, le jeudi, dans les théâtres nationaux, la fusion en une seule direction de l’architecture et du patrimoine d’une part, et du spectacle vivant (théâtre, musique, danse) d’autre part. Dans le domaine de l’audiovisuel, alors que les socialistes avaient d’abord annoncé la mise en place d’un dispositif contre la concentration visant notamment Bouygues-TF1, Catherine Trautmann a dû assumer le recul du gouvernement. Néanmoins, après deux ans de péripéties, la « loi Trautmann », adoptée en deuxième lecture par l’Assemblée nationale le 25 mars 2000, a créé le holding public France-Télévision et a fixé les modalités d’application de la télévision numérique hertzienne. De retour à Strasbourg, Catherine Trautmann a été investie, le 31 mars, par 87 % des militants socialistes présents pour conduire la liste de gauche aux élections municipales de 2001. Ce vote a provoqué la colère de Jean-Claude Petitdemange, adjoint au maire et premier secrétaire de la fédération socialiste du Bas-Rhin, qui a accusé l’ancienne ministre de « rouerie » et d’autoritarisme. Son départ du gouvernement rendait, selon elle, caduc l’accord passé en décembre. Roland Ries, dont le style et les trois ans de gestion municipale avaient été appréciés par la population, finit par accepter, le 19 mai, de lui céder également le fauteuil de maire, auquel le Conseil municipal devait la réélire à nouveau le 23 juin 2000. L’ancienne ministre a été chargée par Lionel Jospin, qui avait inauguré le 1er septembre 2000 la deuxième ligne de tramway de Strasbourg, de la présidence de l’« Institut des villes », nouvellement créé. Le 20 janvier 2001, elle a été élue présidente de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains. La liste « Un nouvel enthousiasme» qu’elle avait formée pour les élections municipales de 2001 avec les Verts, les communistes et des personnalités qualifiées, a exclu Petitdemange et ses amis qui ont constitué une liste concurrente. La campagne électorale se ressentit des démêlés et des divisions au sein des socialistes strasbourgeois. Catherine Trautmann y parut bientôt acculée à la défensive, d’autant plus que les principales fractions de la droite, l’UDF et le RPR, avaient réussi à constituer une liste d’union conduite par le tandem Fabienne Keller © – Robert Grossmann ©. Ces derniers ont attaqué le « laxisme » du maire sortant en matière de sécurité et ont exploité le thème, largement médiatisé, de « Strasbourg, capitale des voitures brûlées ». Au soir du premier tour, qui a vu 10 listes en lice, Catherine Trautmann n’est arrivée qu’en deuxième position, avec 29.1 %, derrière la liste d’union de la droite (29,5 %), tandis que J.C. Petitdemange, avec 12.1 %, a réussi à se maintenir. Entre les deux tours, l’équipe du maire sortant n’est pas parvenue à susciter un nouveau démarrage de sa campagne, malgré l’annonce faite par Catherine Trautmann., qu’en cas de victoire, elle laisserait la présidence de la CUS à son second, Roland Ries. La triangulaire du deuxième tour, marquée par un fort accroissement de la participation, a largement accentué le retard de la liste Trautmann (41,4 %) en donnant nettement l’avantage au tandem Keller-Grossmann (50,8 %). Au soir du 18 mars, Catherine Trautmann s’est retrouvée simple conseillère municipale d’opposition, comme 18 ans auparavant, lors de son entrée dans l’assemblée strasbourgeoise, alors présidée par Marcel Rudloff. Peu après, elle a abandonné la présidence de l’Institut des Villes et celle de la Fédération des élus socialistes et républicains.

† Jean-Claude Hahn et Léon Strauss (2001)

Réélue au conseil municipal de Strasbourg en 2008 sur la liste socialiste de Roland Ries ©, elle devient deuxième vice-présidente de la Communauté urbaine de Strasbourg. Tête de liste socialiste aux élections municipales de 2020, elle arrive en troisième position, derrière la liste écologiste de Jeanne Barseghian. C. Trautmann n’est pas réélue députée européenne en 2014.

Philippe Legin (avril 2022)