Chimiste et égyptologue (★ Mulhouse 14.11.1943). Fils de Marcel Albert Traunecker, technicien en chauffage central, et d’Hélène Joséphine Abt. ∞ au Caire 18.12.1978 Françoise, fille d’Emmanuel Laroche. Après une formation professionnelle pendant trois ans au Centre régional d’apprentissage du textile (1958-1961) il a travaillé jusqu’en 1968 dans l’usine textile de Pfastatt-Château comme chimiste. De 1961 à 1964, il a suivi l’enseignement d’égyptologie de Jean Leclant © à Strasbourg, puis après son service militaire en Allemagne (1963-1965) celui de Philippe Derchain, successeur de J. Leclant © à Strasbourg (1965-1968). Il s’est perfectionné en chimie (cours du CNAM) et en géologie (activité de spéléologie en Alsace, Franche-Comté et Espagne). 1967, certificat d’égyptologie à Strasbourg (P. Derchain). En 1967 et 1968, il a participé aux campagnes de fouille de la Fondation égyptologique Reine Élisabeth (Bruxelles) à Elkab en Haute Égypte. En 1968, il a été engagé par le Centre franco-égyptien des temples de Karnak (CFETK) en tant que chimiste chargé de l’étude des dégradations des pierres. Il a soutenu sa thèse d’égyptologie en 1980. Il est resté en poste à Karnak (CNRS) jusqu’en 1984. Pendant cette période, il a travaillé, comme égyptologue sous la direction de S. Sauneron, puis P. Barguet et J. C. Goyon et a été chargé de la direction de la section d’épigraphie du CFETK. Il a aussi participé à des fouilles en Turquie. En 1984, il a obtenu un poste de chercheur au CNRS, s’est fixé à Strasbourg et a fait partie d’équipes de recherche de Lyon puis de Lille. Il a participé à l’enseignement à l’École du Louvre. Il a ouvert et a dirigé plusieurs chantiers de fouille et d’épigraphie en Égypte (temples d’El Qal’a, de Qasr el-Agouz, tombe de Padiamenopé dans la nécropole thébaine). En 1996, il a été professeur associé à l’Université de Leuwen, Belgique. En 1997, il a été nommé professeur à l’Université Marc Bloch de Strasbourg et dirige l’Institut d’Égyptologie de Strasbourg. Il a occupé plusieurs charges universitaires dont notamment celle de vice-président chargé de la recherche de 2002 à 2006.
Sa double formation marqua ses premiers travaux en Égypte. A Karnak, il a mené de front des recherches sur les dégradations des pierres, la conservation, les technologies antiques et des travaux d’égyptologue dans le cadre du CFETK. En égyptologie, son domaine de recherche essentiel est la religion et surtout les temples et rituels. En 1970 ; il a découvert, grâce aux rayons ultraviolets, des décors et des textes inconnus dans les cryptes du temple d’Opet dont il a entrepris le relevé et l’étude des graffitis. Il aparticipé à l’édition de la chapelle d’Achôris dont il a traduit et commente les textes hiéroglyphiques. Il s’est tout particulièrement consacré à l’étude et à l’édition de monuments d’époque tardive. Il a édité ainsi les monuments ptolémaïques et romains de Coptos (thèse de 3e cycle à Lyon), les temples d’el Qal’a et de Qasr el-Agouz (publication en cours). Ces travaux l’ont conduit à présenter une approche particulière de la religion égyptienne (Les dieux de l’Egypte, collection Que-sais-je? avec une édition augmentée publiée aux États-Unis) fondée sur l’éthologie du comportement religieux et la prise en compte de l’archéologie du support. Il a développé quelques concepts telle « la théologie pariétale » (théologie créée par le décorateur du temple dans un souci de cohérence des décors) ou encore les « ana » ou collection d’histoires, petites et diverses, à propos des dieux, notion
plus réaliste que celle du « Mythe ». Son approche du temple et du rituel a été marquée par une réflexion sur la nature de l’hiérophanie égyptienne, objet manufacturé (statuette de culte) et non-révélé. (voir l’article Temple dans le Dictionnaire de l’Antiquité). Ses articles sur les cultes populaires et privés se sont appuyés sur une approche anthropologique. Étudiant la documentation amarnienne trouvée à Karnak par le CFETK, et publiant une liste de villes et de dieux taxés par Akhenaton il a montré que celui-ci n’était pas monothéiste. Il a découvert que la position d’Amarna est le produit d’un calcul astronomique fixant le centre géographique du pays et a été commandé par des besoins rituels et non politiques. Dans le domaine du comparatisme, il a abordé les religions du Japon, invité par un temple shintoïste. Pendant son rattachement à Lille, il a conduit des campagnes de prospection dans le Sinaï. Son projet sur la tombe 33 de Louqsor (Padiamenopé) lui a permis de redécouvrir et de mettre en valeur un intellectuel de l’antiquité avec une tombe-bibliothèque d’une ampleur exceptionnelle. Ses travaux sur l’histoire de l’égyptologie et son livre Résurrection de Karnak, en fait l’histoire de la découverte de la Haute Égypte par les Occidentaux, font partie
d’une réflexion sur les méthodes historiques. Il analyse l’Égypte ancienne vue par les égyptologues d’avant Champollion dans la Description de l’Egypte (expédition de Bonaparte) comme une utopie moderniste annonçant le saintsimonisme après 1815. Il s’est également intéressé à l’histoire de l’école alsacienne d’égyptologie. Nommé professeur à l’Université de Strasbourg après un parcours original: l’industrie textile, puis en Égypte la géologie appliquée à l’archéologie, la restauration d’objet et de monuments, les fouilles et l’épigraphie de terrain, il s’est appliqué pendant ses dix années de professorat à valoriser l’égyptologie en Alsace qui avait souffert de l’absence d’une chaire professorale depuis les années soixante. Ainsi la riche collection égyptologique de l’Institut (près de 3000 objets) a participé à plusieurs dizaines d’expositions nationales et internationales depuis 1997. Jusqu’en 1970 spéléologie au Groupe Spéléologique des Campeurs d’Alsace (publications dans la revue Sous Terre); musique ancienne avec pratique du clavecin, de l’orgue, et de la viole de gambe.
Bibliographie sélective: travaux en rapport avec l’Alsace: « « Les microkarsts du champ de fracture de Guebwiller, Sous Terre, 14, 1965, p. 17-24; « La collection égyptienne du Musée d’Histoire Naturelle de Colmar », Bulletin de la Société d’Histoire Naturelle de Colmar, 1968; « La bandelette de momie inscrite de la collection del’Institut d’Egyptologie de Strasbourg », Kêmi, 19, 1969, p. 72-78; La femme dans les collections de Colmar et de Mulhouse, La femme dans l’Egypte ancienne, Institut d’Egyptologie de Strasbourg, Musée d’histoire de Mulhouse, Musée d’Histoire naturelle de Colmar, 1994 p. 33-61; Catalogue de la collection Schlumberger, Musée des Arts Décoratifs de Strasbourg, avec Annie Schweitzer et Bernadette Schnitzler, Paris, 1997; « Égyptomanie et égyptologie à Strasbourg en 1900 », Strasbourg
1900 naissance d’une capitale, 2000, p. 70-77; « Un portrait ignoré d’un roi perse: la tête, Strasbourg 1604 », Transeuphratène 9, 1995, p. 101-117; Notices dans le catalogue Des signes et des mots, l’écriture des origines au moyen âge, Musée archéologique, Palais Rohan, Strasbourg 2003.
« Études de géologie et de technologie antique: Données d’hydrogéologie et de climatologie du site de Karnak », Karnak III à V, 1971-75; « La lutte contre la dégradation des grès à Karnak », Prospection et sauvegarde des Antiquités d’Egypte, Le Caire, IFAO, p. 57-70; « Observations faites au IXe Pylône: Dégradations internes et humidité », Karnak, VIII, 1987, p. 355-367; « Wandmalereien aus den Krypten der Tempel von Karnak » en collaboration avec A. Bellod, ATM Arbeitsblätter, Heft 1, 1974, p. 23-29; « Pierre ponce, bitumes, résines et rivages du Nord-Sinaï Grafma (Paris) », Bulletin de Recherche Archéologique Française et Internationale sur les métiers depuis l’Antiquité, n° 2, décembre 1998, p. 61-68.
Histoire : « Essai sur l’histoire de la XXIXe dynastie », Bulletin de l’Institut Français d’Archéologie Orientale du Caire 79, 1979, p. 395-436 ; « Thèbes – Memphis : quelques observations », Memphis et ses nécropoles au Nouvel Empire, Actes du colloque international CNRS 1986, édité par A.-P. Zivie, 1988, p. 97-102. « Études amarniennes : Données nouvelles sur le début du règne d’Aménophis IV et son œuvre à Karnak », Journal of the Society of the Studies of Egyptian Antiquities, 14-3, 1983, p. 60-70 ; « Sur la salle dite du couronnement à Tell el-Amarna », en collaboration avec F. Laroche-Traunecker, Bulletin de la Société d’Egyptologie de Genève, 9-10, 1984-1985, p. 285-307 ; « Aménophis IV et Néfertiti », Bulletin de la Société Française d’Égyptologie, 107, 1986, p. 17-44; « Les maisons du domaine d’Aton à Karnak », Cahiers de Recherches de l’Institut de Papyrologie et
d’Égyptologie de Lille, n° 10, 1988, p. 73-93 ; « Néfertiti, la reine sans nom, Amenhotep, IV, percepteur royal du Disque », Akhenaton et l’époque amarnienne, Éditions Khéops, Paris, 2005, p. 145-182.
Temples, rites et faits de religion : « Les rites de l’eau à Karnak d’après les textes de la rampe de Taharqa », Bulletin de l’Institut Français d’Archéologie Orientale du Caire 72, 1972, p. 195-236 ; « Un exemple de rite de substitution : une stèle de Nectanébo Ier », Karnak, VII, 1983, p. 339-354 ; « La chapelle de Thot et d’Amon au sud-ouest du Lac Sacré », en collaboration avec J.-C. Goyon, Karnak, VII, 1983, p. 355-366; « La revanche du crocodile de Coptos », Mélanges Adolphe Gutbub, Montpellier, 1984, p. 219-229 ; « Les temples hauts de Basse-Epoque : un aspect du fonctionnement économique des temples », Revue d’Égyptologie, 38, 1987, p. 147-162 ; « La problématique de l’autel en Égypte ancienne », Bulletin de liaison de la Société des Amis de la Bibliothèque Salomon-Reinach, nouvelle série 6, 1988, p. 7-13; « Le château de l’Or de Thoutmosis III et les magasins nord du temple d’Amon », Cahiers de Recherches de l’Institut de Papyrologie et d’Égyptologie de Lille, n° 11, 1989, p. 89-111; « Observations sur les cultes à ciel ouvert en Égypte Ancienne ; la salle solaire de l’Akhmenou à Karnak », L’espace sacrificiel dans les civilisations méditerranéennes de l’antiquité, Université Lumière, Lyon 2, 1991, p. 249-258; « Observations sur le décor des temples égyptiens », L’Image et la production du Sacré, F. Dunand, J.-M. Spieser, J. Wirth éditeurs, 1991 p. 77-101 ; « De l’hiérophanie au temple, quelques réflexions… », Religion und Philosophie im alten Àgypten, Fesgabe für Philippe Derchain, dans la série OLA 39, 1991, p. 303-317; « Cryptes connues et inconnues des temples tardifs », Bulletin de la Société Française d’Égyptologie, 129, 1994, p. 21-45; « Lessons from the Temple of el Qal’a », Actes du Colloque de Londres (juillet 1994) au British Museum ; « Le papyrus Spiegelberg et l’évolution des liturgies thébaines », Hundred-Gated Thebes Acts of a Colloquium on Thebes and the Theban Area in the Graeco-Roman Period, Leiden, 1995, p. 183-20; « Les ouabet des temples d’EI Qal’a et de Chenhour. Rôle et position », 3. Ägyptologische Tempeltagung, ÄAT 33,1, 1996, p. 241-282;
« Temple-Maquette ou maquette de temple dans l’Égypte ancienne », Maquettes architecturales de l’Antiquité ed. B. Muller, Strasbourg 2001, p. 497-503; « Les « Lointaines » égyptiennes, orientales et japonaises : quelques réflexions autour des mythes de l’absence », Mythes, symboles, littérature, II, textes rassemblé par Shinoda Chiwaki, Université de Nagoya, 2002, p. 33-43 ; « Le panthéon du Ouadi Hammâmât (Inscription n° 58) », Topoi, Suppl. 3, 2002, p. 355-383 ; « Pharaon ritualiste, le culte divin », Les Pharaons sous la direction de C. Ziegler. Exposition au Palazo Grassi à Venise, 2004, p. 145-157 ; « L’anticipation dans la pensée de l’Égypte antique : à propos du texte de la Théologie memphite », R. Sock et B. Vaxelaire (éditeurs) L’anticipation, À l’horizon du présent, Paris 2004, p. 253-267 ; « Dimensions réelles et dimensions imaginaires des dieux d’Égypte : les statues secrètes du temple d’Opet à Karnak », Ktema 29, 2004, p. 51-65 ; « Temple », Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, 2005.
b. Ouvrages de synthèse : La chapelle d’Achôris à Karnak. II. 1ère partie : Décor texte et interprétation, Éditions de l’Association pour la Diffusion de la Pensée Française, 1981, 140 pages ; Les dieux de l’Egypte, titre 1194 de la collection Que Sais-Je? Paris 1992, 128 p. ; The Gods of Egypt, New York, 2001, 134 pages. Adaptation anglaise du Que Sais-Je, les dieux de l’Egypte complète par des notes et index. Traduction et collaboration de David Lorton, Coptos. Hommes et dieux sur le parvis de Geb, Leuven, Orientalia Lovaniensia Analecta 43, 1992, 426 pages, « 1. Cultes populaires : Manifestations de piété personnelle à Karnak », Bulletin de la Société Française d’Égyptologie, 85, 1979, p. 22-31 ; « Une chapelle de magie guérisseuse sur le parvis du temple de Mout à Karnak », Journal of the American Research Center in Egypt, 20, 1983, p. 68-92 ; « La revanche du crocodile de Coptos », Mélanges Adolphe Gutbub, Montpellier 1984, 219-229, 80 ; « Une pratique de magie populaire dans les temples de Karnak », La magia in Egitto al Tempel del Faraoni, Milan, 1987, p. 221-42 ; « Les résidents des rives du Lac Sacré, le cas d’Ankhefenkhonsou », CRIPEL, 15, 1993, p. 83-93 ; « L’appel au divin : la crainte des dieux et les serments de temple », Actes du Colloque Oracles et prophéties dans l’Antiquité, Strasbourg 15-17 juin 1995 ; « Une famille de prêtres à Karnak aux 1er et 2e siècles avant J.-C. : les Horsaisis-Nekhtmontou », In Memoriam Jan Quaegebeur, éditions Peters, 1998, p. 1191-1230 ; « Outils : Code analytique de profils de céramique de l’ancienne Égypte », Studien zur altägyptische Keramik, Deutsches Archäologisches Institut, 1981, p. 49-77 ; « Les Techniques d’épigraphie de terrain : principes et pratique », Problems and Priorities in Egyptian Archaeology, Londres, 1987, p. 261-298. Voyageurs et divers : a. articles : « L’étole diaconale copte et ses antécédents », Cahiers de la Bibliothèque Copte 3, 1984, p. 93-110 ; « Deux missionnaires franciscains en Haute Égypte (mai-août 1691) », Orbis Biblicus et Orientalis 95, 1990, p. 171-241 ; L’expédition d’Egypte, 1798-1801. Participation à l’ouvrage de H. Laurens Paris, Armand Colin, 1989 ; « Visions utopistes et réalité archéologique dans l’ancienne Égypte de la Description », Institut de France, Acte du colloque de Juin 1998, 1999, p. 187-203 ; « Voyageurs dans la région de Meydancikale, Le tombeau aux statues », Gülnar I, le site de Meydancikkale (Turquie) en collaboration avec F. Laroche-Traunecker, 1998. b. Ouvrage de synthèse : Karnak. Résurrection d’un site, avec la collaboration avec J.-C. Golvin. Office du Livre et Payot Paris, 1984 ; Travaux de terrain : « Reconnaissance archéologique à la pointe orientale du Delta, Campagne 1992 », en collaboration avec Maryvonne Chartier-Raymond, CRIPEL 15,1993, p. 45-70 ; « Les sites miniers pharaoniques du Sud-Sinaï. Quelques notes et observations de terrain », en collaboration avec M. Raymond Chartier, B. Gratien, et J.-M. Vinçon, CRIPEL 16, 1994, p. 31-77 ; « Chenhour 1839-1993, État de la question et rapport des travaux de 1992 et de 1993 » en collaboration avec J. Quaegebeur, CRIPEL 16, 1994, p. 167-209, et pl. 22-28. « Chenhour. Rapport des travaux 1996 et 1997 », en collaboration avec Harco Willems, CRIPEL (Université de Lille) 17, 1998, p. 167-210 ; Le temple d’EI Qal’a. Relevés des scènes et des textes. I et II, Le Caire, 1990 et 1998 en collaboration avec Laure Pantalacci ; Coptos, L’Égypte antique aux portes du désert, Musée des Beaux Arts de Lyon 2000 ; Catalogue de l’exposition sur Coptos. Rédaction de six chapitres.
† Jean-Pierre Kintz (2006)