Maire, homme politique, (C) (★ Haguenau 21.2.1920 † Haguenau 6.4.1992). Fils d’Auguste Traband, percepteur municipal, et de Marie Heyband. ∞ 20.3.1941 Éliane Demaison, originaire de Solignac ; 2 fils, Gérard © et Jean-Paul, notaire. Études primaires et secondaires à Haguenau, puis à l’École normale d’instituteurs d’Obernai. Instituteur à cette même école, repliée de novembre 1939 à 1945 à Solignac, près de Limoges. Licencié d’histoire et de géographie, il fut nommé professeur au collège technique commercial de Haguenau dont il devint directeur en 1957. À partir de 1962, il entama une carrière administrative à Nancy comme inspecteur principal de l’enseignement technique et directeur du Centre pédagogique régional. Il dirigea également le secrétariat général du Centre d’études pour la région économique lorraine dans le cadre de la faculté de Droit et des sciences économiques de Nancy. En 1967, nommé à l’Université de Strasbourg, il devint directeur d’études à l’IUT de Colmar et responsable du département géographie de 1972 à 1977. En tant qu’enseignant et universitaire, Traband s’intéressa surtout aux questions d’aménagement et de développement économique, urbain et rural, auxquelles sa spécialisation en géographie humaine l’avait préparé et en les étudiant d’abord au plan local et puis dans une perspective plus générale et transfrontalière. Par ailleurs, Traband mena une action militante en faveur de l’aménagement et de la modernisation des structures économiques alsaciennes dans le cadre du groupement des Intellectuels chrétiens sociaux du FEC dont il fut un des principaux animateurs autour du frère Médard © et par de nombreux articles dans leur revue Élan. Son entrée dans la vie politique lui permit d’appliquer dans la pratique ses idées de développement économique et social et, en premier lieu, sur le terrain de sa ville même. Se présentant au scrutin municipal de mars 1971, il l’emporta, à la surprise générale, avec sa liste sur celle du maire sortant, Frédéric North ©. Élu maire, le 3 avril, il resta à la tête de la municipalité durant trois mandats successifs (1971-1989). Mais son état de santé le fit renoncer à se représenter pour un nouveau mandat. Durant toute son activité de maire, il donna corps à son ambition de faire de sa « grande petite ville » le pôle urbain de l’Alsace du Nord, en s’appuyant sur un contrat de ville moyenne passé avec l’État. Dans la ville même, il fit adopter un nouveau plan de circulation consécutif à la création d’une vaste zone piétonne avec le réaménagement des principales places. Il fut à l’origine de la création du centre socio-culturel, du Musée alsacien, du relais culturel, de la création du nouveau Centre hospitalier général, du collège Kléber, du parc des sports, mais aussi de l’installation de nouvelles usines dont « Mars alimentaire », de zones industrielles et artisanales favorisées par l’amélioration des liaisons routières de la ville. Haguenau devint ainsi le principal centre d’emploi d’Alsace du Nord. La carrière politique de Traband se déroula également au Conseil général où il représenta, comme élu CDS, le canton de Haguenau de 1976 à 1988, accédant à la présidence de la commission de la culture, puis à celle de l’éducation. Il fit partie du Conseil régional de 1977 à 1986, fut suppléant de Marcel Rudloff © au Sénat durant le mandat de 1977 à 1986 et pour le mandat de 1986 à 1995, mais ne put, pour raisons de santé, siéger à la haute assemblée lorsque le titulaire fut nommé au Conseil constitutionnel, le 25 février 1992. Au Conseil général, Traband put mettre en œuvre un autre de ses objectifs qu’il avait déjà lancé au sein du groupement des ICS du FEC : la défense de l’identité alsacienne et celle du dialecte comme base d’un bilinguisme, facteur de développement dans une région frontalière comme l’Alsace et « passeport pour l’emploi ». Se démarquant de la prudence de la classe politique alsacienne en la matière, élargissant et approfondissant le sillon tracé par l’inspecteur général, Georges Holderith ©, bénéficiant du soutien du recteur d’Académie, Pierre Deyon ©. Traband fit adopter, en janvier 1982, après deux ans d’efforts, une motion unanime demandant la reconnaissance de l’allemand comme langue littéraire de l’alsacien, son enseignement sous forme d’initiations dès le cours élémentaire. Sous son impulsion fut créée une commission académique « Langue et culture régionale » avec participation des élus. Ces efforts aboutirent, partiellement, dans l’inscription, par arrêté ministériel, de l’alsacien dans la liste des épreuves facultatives du baccalauréat. Traband expliqua et détailla l’ensemble de son action, en ce domaine, dans un texte paru dans le quotidien Le Nouvel Alsacien du 19 avril 1985. Par ailleurs, Traband présida, de 1970 à 1990, la Société d’histoire et d’archéologie de Haguenau, dont il relança en 1979 la publication de la revue Études haguenoviennes. Chevalier de la Légion d’honneur (19 mars 1980) ; officier dans l’ordre national du Mérite ; officier des Palmes académiques ; titulaire de la médaille des « Justes des Nations » de l’État d’Israël pour le sauvetage, avec son épouse, d’enfants juifs dans le Limousin durant la Seconde Guerre mondiale.
Paysans et ouvriers-paysans dans la région de Haguenau, 1953-1954 ; « Quelques types d’influence de Haguenau sur sa région », Études haguenoviennes, 1955, et surtout l’ouvrage qui lui a valu le prix Strasbourg en 1967 : Villes du Rhin : Strasbourg et Mannheim – Ludwigshafen, étude de géographie comparée, Publications de la Faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg, 1966. « Deux rivales rhénanes : Strasbourg et Mannheim », Revue d’Alsace, n° 103, 1965, p. 80-95 ; (en coll.) Haguenau vous accueille Willkommen in Haguenau. Welcome to Haguenau, Haguenau, 1979 ; « Au service de notre patrimoine linguistique. L’action des élus », L’allemand en Alsace. Die deutsche Sprache im Elsass, actes du colloque de Strasbourg 25-30 novembre 1985, 1988, p. 180-185.
Archives municipales de Strasbourg, Fonds Hoffmann ; Journal de Haguenau du 10.4.1971 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 19.1.1980, 7.4.1992 ; Ami du Peuple du 20.1.1980 ; Objectif Alsace n° 79, mai 1992 ; J.-P. Grasser, « André Traband
(1920-1992)… », Études haguenoviennes, t. XVIII, 1992, p. 5-10 (portrait) ; B. Vogler, Histoire politique de l’Alsace, p. 397.
Jean-Claude Hahn (2001)