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THOMANN Marcel

Professeur d’université, (C) (★ Marmoutier 16.1.1924). Fils de Charles Thomann, agent des PTT, et de Marie Louise Stengel. ∞ 23.3.1951 à Saint-Louis, Anne-Marie Schué, agrégée de l’Université, fille de François Schué, ingénieur des Ponts et Chaussées, et de Marguerite Dillenschneider ; 2 fils. Scolarité primaire et secondaire à Strasbourg, interrompue en 1942. Échappant à l’incorporation de force dans la Wehrmacht pour raison de santé, Marcel Thomann s’est engagé, après la libération de Strasbourg, dans la « Compagnie des volontaires du Rhin ». Après sa démobilisation, il a passé le baccalauréat en 1945 et a été journaliste à L’Alsace libérée, puis à L’Écho de l’Est, jusqu’à la cessation de parution de ce quotidien en 1946. Ayant opté pour l’enseignement et la recherche, Marcel Thomann a enseigné à Belfort (1948-1949) et à Strasbourg (1950-1960) et a poursuivi parallèlement des études de lettres (licence d’allemand et certificat d’aptitude à l’enseignement CAPET, 1948) et de droit (licence en droit 1956, diplômes d’études supérieures de droit public 1957, de droit romain et d’histoire du droit, 1958, avec un mémoire — inédit — sur Un aspect de la crise du bois à la fin de l’Ancien Régime : l’administration forestale des intendants d’Alsace au XVIIIe siècle, 183 p., dact.). En 1960, Marcel Thomann a été recruté comme chargé d’enseignement à la faculté de Droit et attaché, puis chargé de recherches au CNRS. Après la soutenance d’une thèse de doctorat en 1963 sur Christian Wolff et son temps (1679-1754). Aspects de sa pensée morale et juridique (Prix de la meilleure thèse de la Faculté), il a été titularisé à la faculté de Droit en 1964 où sa carrière de professeur s’est conclue par l’accession à l’éméritat en 1989. Dans sa spécialité universitaire, il s’est forgé une réputation internationale en philosophie du droit par l’édition commentée des œuvres juridiques du juriste-philosophe Christian Wolff (10 volumes) et ses travaux axés sur l’histoire et la doctrine de l’École du droit naturel et du rationalisme juridique au XVIIIe siècle français et européen. Orientant son enseignement sur les réalités européennes et régionales, il a innové en créant, en plus des matières traditionnelles dans toutes les facultés de droit, des cours de licence et de doctorat portant sur l’histoire du droit privé européen ainsi qu’un enseignement de terminologie et de traduction juridique français-allemand. De 1973 à sa retraite en 1989, ses activités scientifiques lui avaient valu la direction du Centre de recherche d’histoire des institutions (CRHI) de l’Université Robert Schuman, où il y a développé notamment les recherches historiques sur l’enseignement et la pratique du droit en Alsace. Dans cette optique, il a inventorié (avec « regestes ») près de 5000 thèses et dissertations soutenues jusqu’en 1789 à la faculté de Droit de Strasbourg et constitué le fichier d’un Dictionnaire raisonné des institutions d’Alsace composé de notices descriptives avec bibliographies (inédit). Représentant au plan national ses pairs au Comité consultatif des universités (1969-1973), il est vice-président de la Société française de l’histoire des facultés de droit et de la science juridique et a représenté, à partir de 1964, les historiens français du droit aux assises des historiens du droit des pays germanophones (Rechsthistorikertage). Dans le domaine associatif, Marcel Thomann a participé depuis 1945 aux activités scientifiques de la Société d’histoire de Saverne et environs dont il a été vice-président (1954-2000). À Strasbourg, il a succédé, en 1963, en tant que trésorier de la Société savante d’Alsace et des régions de l’Est, à Francis Rapp ©, nommé à Nancy, et a pu ainsi seconder le doyen Georges Livet © dans la publication d’une soixantaine d’ouvrages et dans l’organisation de deux congrès nationaux des sociétés savantes. Il lui a succédé à la présidence de la Société savante d’Alsace, ainsi qu’à celle de la Société académique du Bas-Rhin de 1989 à 1992. De 1989 à 1995, Marcel Thomann a siégé au Conseil économique et social d’Alsace (CESA) en tant que vice-président-rapporteur de la commission « Culture et identité régionale » et a été, des années durant, membre de la Commission régionale du patrimoine historique, archéologique et ethnologique (COREPHAE) et administrateur-membre du bureau de l’Agence culturelle et technique d’Alsace (ACTA). Il est membre du Conseil d’administration de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. Président (de 1979 à 1993) de la Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace, il a donné à cette structure associative un nouvel élan. En témoignage de gratitude, la Fédération lui a offert, en 1993, un volume de Mélanges et l’a nommé président d’honneur. Marcel Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg a été également très actif, toujours à titre bénévole, dans le domaine du logement social par la création et la gestion d’organismes mutualistes. Il a œuvré ainsi en qualité de co-fondateur et de vice-président du conseil d’administration de l’association Habitat populaire qui a réalisé, de 1957 à 1984, plusieurs milliers de maisons monofamilles et de logements en Alsace. De même, il a été, de 1972 à 1984, vice-président et administrateur  du comité fédéral bas-rhinois des Associations populaires familiales (APF), cofondateur du Cautionnement mutuel de l’habitat. Au plan de la sécurité sociale mutualiste, il a fait partie (nommé par le gouvernement) du conseil d’administration de la Caisse mutuelle régionale de sécurité sociale des artisans et commerçants d’Alsace (CMR). Il y a présidé la commission des comptes (1967-1982) et a mis en place et présidé un Centre informatique mutuel (CIM) qui a — au plan national — informatisé de nombreuses et importantes structures mutualistes (1967-1986). Ces multiples activités n’ont pas empêché Marcel Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg de s’engager fortement pour la sauvegarde et la promotion des orgues avec, notamment, le soutien efficace d’Albert Schweitzer©. Il a d’abord créé, en 1952, l’association des Amis des orgues Silbermann et organisé, en l’abbatiale de Marmoutier, des centaines de manifestations qu’il veut « exemplaires au plan liturgique et artistique ». Depuis 1990, ces efforts sont prolongés par la création d’un « Centre européen de l’orgue » installé dans les anciens bâtiments abbatiaux de Marmoutier. Cette réalisation culturelle transfrontalière à vocation européenne lui a valu le Prix européen de la Culture 1999. Chevalier des Palmes académiques (1967), des Arts et Lettres (1985) et de l’ordre national du Mérite (1988) ; officier de l’Instruction publique (1976). Il est par ailleurs détenteur de la médaille d’or de la Renaissance française, du « Bretzel d’or » de l’Institut des arts et traditions populaires d’Alsace (1986), du Grand prix d’honneur des Amis du Vieux-Strasbourg (1990).

Les 98 publications parues avant 1993 ont été répertoriées (avec un index) dans les « Mélanges », Revue d’Alsace, t. 119, 1993, p. 17-30. Ont paru depuis, entre autre : « Recherches sur les monuments de l’art roman et le système carolingien des mesures et des monnaies », Revue d’Alsace, t. 122, 1996, p. 39-60 ; Le monde merveilleux de l’orgue, Strasbourg, 1999 ; Die wunderbare Welt der Orgel, Hildesheim, 1999 ; « Der « Truchsess » im deutsch-französischen Grenzraum des Mittelalters », Festschrift für Meinrad Schaab zum 70. Geburtstag. Zeitschrift für die Geschichte des Oberrheins, n° 147, 1999, p. 13-253 ; notices dans Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne  dont celles des familles de facteurs d’orgue Silbermann et Stiehr.

D. Huisman, Dictionnaire des philosophes, Paris, 1984, p. 2501 ; F.-J. Fuchs, Revue d’Alsace, t. 119, 1993, p. 7-15 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 9.1.1999, 19.6 et 29.10.2000.

† François-Joseph Fuchs (2001)

† Oberhausbergen 26.5.2020

Jean-Georges Guth, « La disparition de Marcel Thomann (16 janvier 1924-26 mai 2020), Revue d’Alsace, 146, 2020, p. 453-458

Philippe Legin (avril 2022)