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THOM René

Universitaire, mathématicien, (PI) (★ Montbéliard 2.9.1923 † Bures-sur-Yvette, Essonne, 25.10.2002). ∞ 1949 Suzanne Helmlinger. Études primaires et secondaires au collège Cuvier de Montbéliard. Élève de l’École normale supérieure de 1943 à 1947. Agrégation de sciences mathématiques en 1946. En 1947 Thom suivit son maître Henri Cartan à la faculté des Sciences de Strasbourg, où il fut successivement attaché de recherches, puis chargé de recherches du CNRS. C’est dans l’atmosphère exceptionnellement stimulante du département de Mathématiques de Strasbourg de l’époque (il y a côtoyé Charles Ehresmann, Jean-Louis Koszul, Georges Reeb qui, tous trois, ont apporté des contributions fondamentales aux mathématiques) qu’il prépara sa thèse d’État (intitulée Espaces fibrés en sphères et carrés de Steenrod) sous la direction d’Henri Cartan, thèse qu’il soutint à Paris en 1951. Boursier au Graduate College de Princeton, États-Unis, en 1951-1952. Maître de conférences à la faculté des Sciences de Grenoble (1953-1954), il fut nommé en 1954 à la faculté des Sciences de Strasbourg maître de conférences, puis à partir de 1957 professeur. Professeur permanent à l’Institut des hautes études scientifiques de Bures-sur-Yvette en 1963, il y resta jusqu’à sa retraite en 1988. C’est dans son article Quelques propriétés des variétés différentiables paru en 1954 que Thom introduisit la théorie du cobordisme qui allait révolutionner la topologie algébrique et créer la topologie différentielle, une branche nouvelle des mathématiques. Ces travaux lui valurent en 1958 la Médaille Field (distinction attribuée à deux ou quatre mathématiciens tous les quatre ans et dont le prestige est comparable au Prix Nobel). Il fut également avec Hassler Whitney l’un des créateurs de la théorie des singularités. Thom fut considéré comme l’un des plus grands géomètres du XXe siècle. On lui doit de nombreuses idées et concepts, souvent très simples, d’une pertinence telle que l’on a parfois oublié qu’il en est l’auteur. Son ambition a toujours été de penser la science comme un tout. À partir des années 1960 Thom s’intéressa aux applications de la topologie à la biologie et aux sciences humaines et sociales, développant ce qu’il a appelé la «théorie des catastrophes». Il exposa ses idées sur ce sujet dans Stabilité structurelle et morphogénèse. Elles connurent un grand retentissement et inspirèrent plusieurs artistes: c’est ainsi que Jean-Luc Godard a tourné un film intitulé René et Salvador Dali peignit en 1983 une série de tableaux intitulée À René qui était inspirée par la « théorie des catastrophes ».
Thom fut membre de l’Académie des Sciences de Paris et de plusieurs académies étrangères (Academia Brasileira de Ciencias, American Academy of Arts and Sciences, Deutsche Akademie der Naturforscher Leopoldina, Académie internationale de philosophie des sciences de Bruxelles, Académie des Sciences de Pologne). Outre la Médaille Fields (1958), il eut le Grand Prix scientifique de la Ville de Paris (1974). Docteur honoris causa des Universités de Warwick, Tübingen, Nimègue, San Sebastian. Officier de la Légion d’Honneur (1993), commandeur de l’ordre national du Mérite (1990), grand croix de l’ordre national du Mérite scientifique du Brésil (1995).

Les œuvres complètes de Thom (360 articles, 6 ouvrages, un grand nombre d’inédits) sont disponibles sous forme de CD-ROM chez EDP-Sciences. On retiendra particulièrement Quelques propriétés des variétés différentiables (Commentarii Math, Helvetici 28, 1954, 17-86) et Stabilité structurelle et morphogénèse. Essai d’une théorie générale des modèles, Reading, Mass., USA, 1972.

« René Thom (1923-2002) », supplément au numéro 103 de La Gazette des mathématiciens, Société mathématique de France, Paris, 2004 ; Encyclopædia Universalis, Paris, 1968.

Christian Kassel (2006)