Professeur des Universités, (C) (★ Sarrebourg 21.6.1922 † Mulhouse 9.6.1998) ; 2 enfants. Originaire de Lorraine, elle fut très tôt marquée par le double apport des humanités classiques et de la culture germanique. Dans une Europe en guerre, elle fit le choix du latin autour duquel elle organisa toute sa vie. Après une formation en romanistique à l’Université de Göttingen et des études de lettres classiques à la faculté de Strasbourg, elle réussit l’agrégation. Elle enseigna alors au lycée de jeunes filles de Mulhouse où elle s’installa définitivement. Elle donna des cours de latin au Collège littéraire universitaire dès sa création, avant d’être nommée maître-assistant à l’Université de Lyon. Elle rejoignit ensuite la faculté des Lettres de Mulhouse nouvellement créée. Elle contribua à son rayonnement en dirigeant, en particulier, son Bulletin. Elle succéda à Raymond Oberlé © à la tête du Centre de recherches et d’études rhénanes. Professeur de lettres classiques jusqu’en 1991, elle avait soutenu (1967) une thèse de doctorat de 3e cycle (édition et traduction de la huitième Bucolique de Virgile, 1970), puis une thèse de doctorat d’État (Alter ab illo. Recherches sur l’imitation dans la poésie personnelle à l’époque augustéenne, soutenue à Lyon en 1974 et publiée en 1979). Ces deux livres établirent sa réputation de spécialiste de la poésie latine classique, à laquelle elle consacra encore de nombreux articles. Elle fut progressivement conduite à un domaine peu exploré, la poésie néo-latine, et s’occupa plus particulièrement du jésuite alsacien Jacob Balde ©, qu’elle traduisit et commenta ; ce poète fit l’objet d’un colloque qu’elle organisa en 1982 à Ensisheim — elle avait auparavant organisé un colloque sur l’élégie romaine (Mulhouse, 1978). Elle s’intéressa également au maître de Balde, le jésuite polonais Sarbiewski elle en publia un choix de poèmes, ainsi qu’à d’autres poètes jésuites d’expression latine du XVIIe, dont elle préparait une anthologie, La lyre jésuite, lorsque la mort la frappa.
Bibliographie sélective (1970-1987) dans De Virgile à Jacob Balde. Hommage à Mme A. Thill, Paris, 1987, p. 7-8. À compléter par « Un Champollion contemporain. Michael Ventris déchiffre l’écriture crétomycénienne », Bulletin des professeurs du Lycée d’État de garçons de Mulhouse, 2,1963-4, p. 9-22 ; Jacob Balde, Urania Victrix, trad. par A. Thill, Mulhouse, 1989 ; « Jacob Balde und der Humanismus. Praxis und Liebe in Daphnis », Zeitschrift fur mittlere deutsche Literatur, 19/2, 1990 ; Jacob Balde. Dix ans de recherche, Paris, 1991 ; « M. C. Sarbiewski, l’Horace polonais. Deux aspects de son lyrisme », Revue des études latines, 70,1992, p. 228-244 ; « La singularité virgilienne des Bucoliques », Virgile-Europe, janvier-février 1993, p. 15-23 ; « Sarbiewskis Höhenflug als Medium zwischen Horazischer und moderner Dichtung », Wolfenbütteler Barock-Nachrichten, 20, 1993, p. 28-33 ; « Horace polonais, Horace allemand », Horace. L’œuvre et les imitations, Genève, Fondation Hardt, « Entretiens sur l’Antiquité classique », 39, 1993, p. 381-425 ; « Religiöse Dimensionen der argutia-Poetik am Beispiel Jacob Baldes », Religion und Religiosität im Zeitalter des Barock, Wiesbaden, 1995, t. I, p. 771-778 ; Mathias Casimir Sarbiewski, Choix de poèmes lyriques, trad. par A. Thill, Paris, 1995 ; « M. C. Sarbiewski. Eine Würdigung zur Vierhundertjährigen Wiederkehr seines Geburtstages », Wolfenbütteler Barock-Nachrichten, 22, 1995, p. 1-9 ; « Métamorphoses néo-latines », Ovid. Werk und Wirkung Festgabe für M. von Albrecht, Bern, 1998, p. 967-975 (posth.) ; La Lyre jésuite. Anthologie de poèmes latins (1620-1730), Genève, 1999 (préface de M. Fumaroli). Traductions : J. Russel, A. Wilton, Turner in der Schweiz/Turner en Suisse, Zurich, 1976 ; A. Wilton, William Pars, voyage dans les Alpes, Zurich, 1979 ; G. Fussenegger, Pilatus, Centre de recherches et d’études rhénanes, 1987.
J.-P. Boucher, avant-propos à De Virgile à Jacob Balde (op. cit.), p. 11-12 ; G. Banderier, Humanistica Lovaniensia, 48, 1998, p. 456 ; Y. Lehmann, Revue des études latines, 76, I998, p. 20-22.
Gilles Banderier et Marie-Laure Freyburger (2001)