Général et homme politique, (C) (★ Strasbourg 22.5.1857 † Cannes 2.12.1938). Fils de Marie Adolphe Tauflieb, ancien sous-officier, directeur de la compagnie d’assurances « L’Aigle » dans le Bas-Rhin, et de Marie Émilie Schaeffer, née à Strasbourg, fille d’un maître menuisier. ∞ I 15.1.1883 Grisolles, Tarn-et-Garonne, Jeanne Pétronille Redon. ∞ II 28.2.1918 à Longueil-Annel, Oise, Julia Cathin (★ État du Vermont, États-Unis, 6.7.1870), directrice de l’hôpital américain au château d’Annel. Scolarité à la Doctrine Chrétienne, au collège Saint-Arbogast et, à partir de 1869, au lycée, puis au petit séminaire de Strasbourg. En septembre 1872, sa famille opta et s’installa à Paris où il poursuivit ses études au lycée Condorcet. Admis à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1876, il passa par l’École d’application de cavalerie de Saumur en 1878. Breveté d’état-major en 1890. Colonel du 5e régiment de Hussards à Nancy en 1907. Membre du comité technique de l’État-major général de l’Armée à partir de 1911, il fut nommé général de brigade en 1912. Commandant de la 6e brigade de cuirassiers en 1913, puis de la 62e brigade d’infanterie le 12 février 1915. Promu général de division le 1er mai 1915, il participa à la bataille de Verdun comme commandant de la 69e division d’infanterie, puis, à partir du 28 mai 1916, du 37e corps d’armée. Après la bataille du Chemin des Dames en avril-mai 1917, il réprima la mutinerie d’un de ses bataillons. Après dissolution de son corps d’armée, Tauflieb fut mis en réserve de commandement du groupe d’armées du Nord, puis du groupe d’armées du Centre. Après l’armistice, il fut chargé d’une mission aux États-Unis pour y lutter contre la propagande allemande et pour le retour sans plébiscite de l’Alsace-Lorraine. Placé dans la section de réserve en 1919, Tauflieb s’installa à Strasbourg et commença une carrière politique. Représentant de l’Union Populaire Républicaine (UPR) sur la liste de Bloc National, il fut élu sénateur du Bas-Rhin avec le plus grand nombre de suffrages, le 10 janvier 1920. Inscrit au groupe de la gauche démocratique, radicale et radical-socialiste, ce qui lui valut une menace d’exclusion de l’UPR, il fut membre de la Commission de l’armée et de la Commission d’Alsace et de Lorraine. Il intervint essentiellement sur les questions militaires. Avec les sénateurs Bourgeois © et Lazare Weiller ©, il publia, le 5 juin 1920, une déclaration dans le journal Le Temps, où ils se prononçaient pour la suppression du Commissariat général d’Alsace et de Lorraine, tout en étant favorables au maintien du régime concordataire et du statut scolaire confessionnel. En 1923, Tauflieb demanda la suppression du Commissariat général à la tribune du Sénat. Ses déclarations et ses demandes réitérées de mesures contre l’autonomisme en Alsace provoquèrent des remous au sein de l’UPR. En novembre 1926, la Commission départementale de l’UPR du Bas-Rhin unanime décida de ne pas soutenir sa candidature aux élections sénatoriales de janvier 1927. Arrivé en huitième position sous l’étiquette « concentration républicaine », le 9 janvier 1927, Tauflieb se retira au second tour de scrutin. Ce fut la fin de sa carrière politique. Commandeur de la Légion d’honneur, 21 mai 1916.
Réorganisation de la défense nationale, Strasbourg, 1922 ; Souvenirs d’un enfant de l’Alsace (1870-1914), Strasbourg, 1934.
Archives historiques de l’Armée, IIIe série, dossier 628 ; Jouve, Les Alsaciens-Lorrains, Dictionnaire, annuaire et album, II, Paris, 1898 ; Le Livre d’or de l’Alsace. Nos généraux, Strasbourg, s.d.; Die Heimat, janvier 1927, p. 1-4 ; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, IV ; Jolly, dir., Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, 8, 1977, p. 3058 ; Christian Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Paris-Strasbourg, 1982, index ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, p. 7230-7231 ; G. Pedroncini, Les mutineries de 1917, Paris, 1983 ; Alphonse Halter, Dictionnaire biographique des maréchaux et généraux alsaciens et des maréchaux et généraux morts en Alsace de l’Ancien Régime à nos jours, Colmar, 1994, p. 310 (portrait) ; Ch. H. Taufflieb, « Les mutineries de 1917 : l’exemple du 37e corps d’armée », Guerres mondiales et conflits contemporains, 411, janvier-mars 1994, p. 136-153 ; N. Offenstadt, Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective, Paris, 1999.
Christian Baechler (2000)