Prêtre constitutionnel, révolutionnaire (★ Bouzonville, Moselle, 17.4.1749 † Strasbourg 10.2.1794). Fils de Jean Baptiste Taffin, avocat à la Cour souveraine de Lorraine, et de Marie Thérèse Stoltzingen. ∞ 22 vendémiaire II (14.10.1793) à Haguenau sa gouvernante Marguerite Vandernooten (★ Mettlach, Sarre, 1.12.1757). Ordonné prêtre le 19 mars 1774. Curé de Castel (Blieskastel, Sarre) depuis 1779 (aucun document connu n’atteste qu’il aurait été chanoine de Metz ainsi que l’affirment quelques auteurs), il fut élu commandant de la Garde nationale du canton de « Castel » et délégué du district de Sarrelouis pour assister à la Confédération nationale du 14 juillet 1790 à Paris. Il prononça un discours très patriotique à la Société des amis de la Constitution de la capitale, qui le reçut parmi ses membres. Il prêta le serment à la constitution civile du clergé le 26 décembre 1790 et, au printemps de 1791, il se rendit à Strasbourg, où il exerça les fonctions d’aumônier à l’hôpital militaire. Le 3 mai 1791 il fut admis à la Société des amis de la Constitution de Strasbourg, et, lorsque survint la scission des clubistes en février 1792, Taffin se rangea avec les Jacobins. L’ayant nommé vicaire épiscopal, l’évêque constitutionnel François Antoine Brendel © l’affecta d’abord à la paroisse de la cathédrale de Strasbourg, puis à celle de Saint-Georges de Haguenau. Le 28 août 1792, il fut nommé président provisoire du directoire du district de Haguenau. Lorsque s’approchèrent les troupes autrichiennes en octobre 1793, Taffin se réfugia à Strasbourg avec l’administration de son district. Le 4 brumaire II (25 octobre 1793), les représentants J.-B. Lacoste et Mallarmé © l’instituèrent juge à la commission de l’armée révolutionnaire, créée le 15octobre 1793, et dont Euloge Schneider © était l’accusateur public ; le même jour, il fut élu président de ce tribunal révolutionnaire, un instrument au service de la politique de terreur. Il sévit d’abord à Strasbourg, puis à partir du 8 frimaire II (28 novembre 1793), dans les campagnes avoisinantes, prononçant, au cours de 146 séances, 33 sentences de mort, dont 31 furent exécutées (19 à Strasbourg, 1 à Mutzig, 2 à Obernai, 4 à Barr, 3 à Epfig et 2 à Sélestat). Le 6 frimaire II (26 novembre 1793) Taffin « rétracte et abjure toute prêtrise et sacerdoce ». Réorganisant le tribunal révolutionnaire, les représentants Baudot et J.-B. Lacoste mirent fin le 18 frimaire II (8 décembre 1793) à ses fonctions de juge et président du tribunal révolutionnaire. Il fut mis en arrestation le 25 frimaire II (15 décembre 1793) par ordre du Comité de surveillance et de sûreté générale du département, interné au séminaire, puis transféré à l’ancien hôtel de Darmstadt. Il fut soumis à deux interrogatoires, dont le dernier du 21 pluviôse II (9 février 1794) déboucha sur une inculpation pour complicité dans le détournement d’une propriété nationale, en l’occurrence du vin provenant de chez un émigré. Le soir même, s’étant réfugié dans les greniers de l’hôtel de Hesse-Darmstadt, il mit fin à ses jours en se donnant un coup de pistolet en plein cœur.
Archives nationales, W 343, 662 ; Archives départementales du Bas-Rhin, 1 L 1534, 6 L 12 n° 9562, 110 L 8/70, Q 2644, 5099 à 5102 ; E. Barth, Les hommes de la Révolution, p. 513-517; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 855-856 ; L. Kammerer, Le clergé constitutionnel en Alsace, 1791-1802, Strasbourg, 1987, p. 76 (date de naissance à rectifier) ; C. Betzinger, Vie et mort d’Euloge Schneider, ci-devant franciscain. Des Lumières à la Terreur, Strasbourg, 1997.
Claude Betzinger (2000)