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STURMEL Marcel René

Publiciste et homme politique, (C) (★ Mulhouse 17.6.1900 † Mulhouse 1.1.1972). Fils de Jean Sturmel, devenu horticulteur, après 14 ans de service dans l’armée française, et de Christine Louise Ansel, d’origine allemande. ∞ I 6.8.1924 à Mulhouse Françoise Hélène Heyd († 9.11.1935). ∞ II 17.2.1939 à Altkirch Marie Léonie Gutknecht, veuve Gilardoni. Incorporé dans l’armée allemande en juin 1918, Sturmel devint employé dans l’administration des chemins de fer en novembre 1918. De mars 1920 à juin 1921, il fit son service militaire dans le Train à Versailles. De retour dans l’administration des chemins de fer, il adhéra au Syndicat indépendant des Chemins de fer d’Alsace et de Lorraine, d’inspiration chrétienne, et devint membre actif de l’Union Populaire Républicaine (UPR). En juin 1926, il signa le manifeste de I’Elsa?-Lothringischer Heimatbund et devint membre de son comité central. Il créa une section du Heimatbund à Mulhouse. Démis de ses fonctions aux Chemins de fer, à cause de la signature du manifeste, Sturmel devint publiciste et collabora à la Zukunft, à la Volksstimme et à I’Elsässer Kurier. Il devint un protégé de l’abbé Haegy © et de Joseph Rossé ©. Le 24 février 1928, il fut arrêté sous l’inculpation d’atteinte à la sûreté de l’État, mais fut acquitté lors du procès de Colmar de mai 1928. C’est alors qu’il commença une carrière politique. Élu conseiller général de Saint-Amarin en octobre 1928, il devint député de la circonscription d’Altkirch le 13 janvier 1929, lors d’une élection partielle consécutive à la déchéance d’Eugène Ricklin ©. Réélu en 1932 et en 1936, il s’inscrivit, en 1932, au groupe des Républicains du centre, constitué par des députés alsaciens et lorrains, et, en 1936, au Groupe indépendant d’action populaire, fondé par les députés UPR et des collègues alsaciens et lorrains. À la Chambre des députés, il intervint essentiellement sur des questions agricoles et sociales. De 1934 à 1940, il fut conseiller général de Dannemarie. Représentant de la tendance autonomisante la plus radicale, il fut membre du Comité directeur de l’UPR à partir de 1929. Avec Joseph Rossé, il fut l’un des animateurs des Jeunesses-UPR,
dont il fut vice-président de 1933 à 1940. En janvier 1933, il prit la succession de l’abbé Haegy à la tête du mensuel régionaliste Die Heimat. Il en assura la direction jusqu’en juillet 1939. Il en fut alors écarté par le conseil d’administration d’Alsatia, après qu’il eut reconnu avoir reçu des fonds allemands pour la revue par l’intermédiaire de l’abbé Scherer ©. De 1929 à 1935, Sturmel fut un des artisans de la politique de Volksfront, c’est-à-dire d’alliance de l’UPR avec les partis autonomistes. Après le succès du Front Populaire en 1936, il préconisa la reprise d’une politique de Volksfront. Dans Die Heimat, il donna une large place aux problèmes extérieurs et défendit l’idée d’une collaboration entre la France et l’Allemagne, fondement de la paix en Europe. Dès 1931, il avait adhéré au Comité français d’Union douanière européenne, présidé par Aristide Briand. En octobre 1939, il fut arrêté sous l’inculpation d’atteinte à la sûreté de l’État et emprisonné à Nancy. Libéré sur injonction de l’Allemagne, il signa, le 18 juillet, le manifeste des Trois-Épis qui demandait l’intégration de l’Alsace au Troisième Reich. Dans le cadre de l’Elsässischer Hilfsdienst, il fut, de juillet 1940 à avril 1941, référendaire du bureau de l’agriculture et de l’approvisionnement pour le Haut-Rhin. En mars 1941, il fut nommé conseiller municipal et 4e adjoint au maire de Mulhouse. Il était proche du « Groupe de Colmar » qui avait établi des contacts avec la résistance allemande, en particulier avec Gördeler. Il fut arrêté en avril 1945 et condamné en juillet 1947 à huit ans de travaux forcés et à 20 ans d’interdiction de séjour et d’indignité nationale. Libéré le 29 avril 1951, il fut amnistié en 1954, en application de la loi d’amnistie de 1953.

« Die Autonomie Elsass-Lothringens auf Grund der Verfassung von 1911 », Flugschriften der Elsässischen Volkspartei, 7, Colmar, 1931 ; « Landwirtschaftliche Organisation und die Elsässische Volkspartei: Die « Grüne Front » in Elsass-Lothringen », ibidem, 3, Colmar, 1931 ; « Muttersprache und katholische Kirchenpraxis », Ins Kampf um die Muttersprache in Elsass-Lothringen, 2, Colmar, 1935.

Dictionnaire des Parlementaires français de 1940 à 1958. Paris, La Documentation française, V ; Das Elsass von 1870-1932 : I, p. 535, 623, 627, 634f, 721, 740f, 767, 770, 782, II, 224f, 225, 228, 242, IV, 66ff, 108f, 444 ; L. Kettenacker, National-sozialistische Volkstumspolitik im EIsa?, Stuttgart, 1973 — traduction adaptée publiée dans Saisons d’Alsace n° 65 et 68, 1978, sous le titre « La politique de nazification en Alsace » ; P. J. Schaeffer, L’Alsace et l’Allemagne de 1945 à 1949, Metz, 1976; PCF Bankwitz, Alsatian Autonomist Leaders 1919-1947, Regents Press of Kansas, 1978 — adaptation française parue dans Saisons d’Alsace n°71, 1980, sous le titre « Les chefs autonomistes alsaciens 1919-1947 »; M. Sturmel, « Das Elsass und die deutsche Widerstandsbewegung in der Sicht eines ehemaligen Abgeordeten der Elsässischen Volkspartei », Landesgeschichte und Zeitgeschichte, Karlsruhe, 1980, p. 59-128; Christian Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Paris-Strasbourg, 1982, index ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 430-431.

Christian Baechler (2000)