Évêque, (C) (★ Eguisheim 21.9.1822 † Strasbourg 10.8.1890). Fils de Jean-Baptiste Stumpf, appariteur, et de Marie Anne Willmann. Après ses études à Colmar et à La Chapelle-sous-Rougemont, il entra en 1842 au Grand Séminaire de Strasbourg et fut ordonné prêtre en 1847. Vicaire à Molsheim en 1848, puis à la cathédrale de Strasbourg en 1849, où son éloquence fut remarquée par Mgr André Raess ©. Il entra en 1853 chez les Spiritains sous l’influence de Jérôme Schwindenhammer © et y fit profession en 1854. Envoyé au séminaire français de Rome, il y devint répétiteur, obtenant parallèlement le grade de docteur en théologie. Devenu supérieur du séminaire français de 1859 à 1863, il commença à publier des articles dans divers journaux catholiques. Mais bientôt il se brouilla avec le supérieur des Spiritains, Ignace Schwindenhammer ©, et quitta la congrégation. Il répondit à l’appel de Raess qui le nomma supérieur du grand séminaire de Strasbourg de 1864 à 1876 et chanoine titulaire en 1866. À la suite de la déclaration au Reichstag de Raess du 18 février 1874, Roland Anger (2000) osa protester, ce qui lui valut l’inimitié persistante de son ancien mentor, qui pourtant le nomma vicaire général du diocèse en 1876. Désigné coadjuteur par Raess, à la suite de tractations rocambolesques, il fut nommé évêque in partibus de Caesaropolis avec droit de succession le 24 août 1881. Le vieux prélat cacha cette nomination, ignorant Stumpf qui, après plusieurs protestations, devint administrateur du diocèse le 3 février 1883, mais la ligne politique de discussions avec l’administration allemande, suivie par Stumpf, lui valut l’hostilité du clergé alsacien : Landolin Winterer ©, Victor Guerber ©, Alexandre Straub © le critiquèrent violemment. Homme d’Église, plutôt qu’homme politique, Stumpf fut victime de ses tergiversations et de la conjoncture qui le broya. Francophone, il abandonna sa francophilie, suite aux entreprises de séduction des responsables allemands locaux, comme Manteuffel ©. S’il obtint pour le grand séminaire le statut d’institut pontifical habilité à délivrer les diplômes canoniques du baccalauréat et de la licence en théologie, il dut accepter que les cours se fissent désormais en allemand. Le Bulletin ecclésiastique de Strasbourg dut aussi paraître en allemand. En 1884, il créa « l’Œuvre des Églises mixtes », destinée à encourager les catholiques à construire des églises en vue de mettre fin au simultaneum. Devenu évêque de Strasbourg le 17 novembre 1887, il fut rapidement victime de sa santé chancelante depuis sa jeunesse. Un Allemand, Mgr Adolf Fritzen © lui succéda en 1890.
Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 846 ; F. Reibel, Die Bischöfe Strassburgs seit 1802, Strasbourg, 1958 ; Das Elsass von 1870-1932, Colmar, 1936-1938; François Igersheim, L’Alsace des notables, 1870-1914, Strasbourg, 1981, p. 297 ; Christian Baechler, Le parti catholique alsacien 1890-1939. Du Reichsland à la République jacobine, Paris-Strasbourg, 1982, p. 739 ; Cl. Muller, « Le malencontreux dualisme : l’opposition de Mgr Raess envers Mgr Stumpf (1881-1883) », Archives de l’Église d’Alsace, t. 42, 1983, p. 315-335 ; idem, Dieu est catholique et alsacien. La vitalité du diocèse de Strasbourg au XIXe siècle, Strasbourg, 1986 (index) ; idem, Les résultats de « l’Œuvre des Églises Mixtes » en Alsace (1884-1914) », Archives de l’Église d’Alsace, t. 45, 1986, p. 287-338 ; Encyclopédie de l’Alsace, XII, 1986, p. 7169 avec bibliographie des œuvres de Stumpf ; Cl. Muller, Mgr Pierre Paul Stumpf, enfant d’Eguisheim. Un épiscopat dans l’alternative (1887-1890), Eguisheim, 1987, 202 p. ; Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 429 ; Cl. Muller, « Correspondance entre Pierre Paul Stumpf et Landolin Winterer », Annuaire historique de la ville de Mulhouse, t. 1, 1988, p. 137-147 ; idem, « Lettres de Pierre Paul Stumpf à Mgr André Raess (1858-1862) », Au pied des trois châteaux, t. 1, 1990, p. 91-97 ; idem, « Pierre Paul Stumpf et Landolin Winterer ou les désaccords politiques au sein du clergé catholique dans l’Alsace allemande (1879-1881) », Ibidem, t. 2, 1993, p. 163-194 ; idem, « Pierre Paul Stumpf, Mgr Raess et la congrégation du Saint-Esprit », Revue d’Alsace, n° 122, 1996, p. 313-328.
Claude Muller (2000)