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STOSSKOPF Jacques Camille Léon

Ingénieur général du Génie maritime, (C) (   Paris 27.11.1898 † Struthof 1.09.1944).

Fils d’Albert Stosskopf, employé de banque, et de Jeanne Emmanuelle Martin. ∞ 1.06.1931 à Schiltigheim Marianne Thérèse Joséphine Hemmerlé (C), fille d’Émile Hemmerlé, industriel.

Issu d’une vieille famille alsacienne dont une branche se fixa au milieu du XVIIIe siècle à Wasselonne d’où son grand-père était originaire, Stosskopf passa son enfance et fit toutes ses études à Paris. Mobilisé en 1917 dans l’artillerie, croix de guerre et sous-lieutenant en 1919, il fut reçu cinquième au concours normal de Polytechnique en 1920. Il sortit 23e de la promotion militaire en 1922 et suivit les cours de l’École d’application du Génie maritime de 1922 à 1924. Il participa, à l’arsenal de Cherbourg, à la construction et à la mise au point des premiers torpilleurs de 1500 tonnes du programme naval. La compétence qu’il acquit le fit appeler en 1928 à la section des petits bâtiments du service technique des constructions navales à Paris, où il prit notamment une part active au succès des contre-torpilleurs des classes Fantasque et Mogador, dont fit partie le Terrible, détenteur du record mondial de vitesse des navires de guerre. Ingénieur principal en 1929 et chevalier de la Légion d’honneur en 1930, il fut nommé en 1936 à la tête de la circonscription de Nantes au Service de surveillance, chargé de suivre les commandes de la Marine dans les nombreux chantiers privés de l’estuaire de la Loire. Ingénieur en chef de 2e classe en 1937, il fut promu officier de la Légion d’honneur en 1939, année où il rejoignit l’arsenal de Lorient comme chef des constructions neuves.

Dès la fin d’août 1940, les premiers sous-marins allemands arrivèrent à Lorient qui devint rapidement leur base principale de l’Atlantique. Grâce à sa maîtrise de l’allemand, Stosskopf fut bientôt l’interlocuteur privilégié de l’occupant et put avoir accès à la base de Kéronan, où, en 1942, jusqu’à 20 sous-marins se trouvèrent parfois assemblés. Aidé de quelques ingénieurs et agents de l’arsenal, Stosskopf fit passer aux Alliés de septembre 1940 à février 1944 de nombreux renseignements sur les caractéristiques, les mouvements et les pertes de ces sous-marins.

À côté de cette activité clandestine, et malgré l’incompréhension du personnel qui le considéra en majorité comme un collaborateur, Stosskopf, nommé sous-directeur de l’arsenal en 1942, s’efforça de limiter au maximum les transferts d’ouvriers vers l’Allemagne exigés par l’occupant et de minimiser les travaux effectués pour son compte, tout en maintenant en état les équipements.

Stosskopf fut arrêté par la Gestapo qui releva son nom sur une liste des membres du réseau Alliance dont il faisait partie depuis mai 1943. Interné à Rennes, il fut ensuite transféré dans la baraque 10 du camp de Schirmeck, où avaient été regroupés plus de 120 agents de ce réseau. Il fut exécuté avec ses compagnons le 1.09.1944 au camp du Struthof.

A la Libération, il fut nommé, à titre posthume, ingénieur général et promu commandeur de la Légion d’honneur par le général de Gaulle, avec la citation suivante : « Brillant ingénieur possédant les plus belles qualités, n’a jamais cessé de manifester les sentiments patriotiques les plus élevés. A puissamment contribué à la victoire en fournissant pendant l’occupation des renseignements précieux sur l’activité ennemie. Arrêté par la Gestapo le 22 février 1944 pour son activité dans la résistance puis déporté, a forcé l’admiration par son courage tranquille et son indomptable énergie ».

La Marine nationale lui rendit un hommage posthume en baptisant de son nom en 1946 la base de Kéronan.

François Stosskopf  (juillet 2016)

Sources :

« Le réseau Alliance – Ingénieur général Stosskopf », Annuaire de la Société amicale du Génie maritime, 1956, p. 54-61 ; René Estienne, « Jacques Stosskopf »,  Cols Bleus. Marine et arsenaux, n° 212, 20 avril 1991, p. 4-9 ; Albert Truer, « Jacques Camille Stosskopf,  un résistant méconnu », Société d’Histoire et d’archéologie de Lorraine. Bulletins de la section de Sarrebourg, n° 27, 2013, p. 61-68, et n° 28, 2014, p. 22-33.