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STOSKOPFF Sébastien

Peintre (★ Strasbourg 31.7.1597 † Idstein, Hesse-Nassau, 11.2.1657). Fils de Georg Stoskopf, courrier attaché à la ville de Strasbourg. ∞ 21.9.1646 Anna Maria Riedinger, veuve de l’orfèvre Johann Dex, fille de Nicolas Riedinger, orfèvre
strasbourgeois. Fréquenta sans doute dès 1612, l’atelier du peintre, graveur et dessinateur Friedrich Brentel. En 1615, il fit un apprentissage à Hanau, chez Daniel Soreau, originaire d’Anvers. Il s’ouvrit à l’influence des peintres des Pays-Bas et à celle d’autres peintres de la région, Georg Flegel et Peter Binoit : seule œuvre conservée de cette époque, la Jatte de fraises (Strasbourg, Musée de l’Œuvre Notre-Dame) témoigne de l’apport de ces deux milieux. À la mort de son maître, il dirigea l’atelier jusqu’en 1622, puis s’installa à Paris. Sa Nature morte aux livres et la gravure de Callot (Rotterdam, Musée Boymans van Beuningen), datée de 1625, est une des premières associant livres et gravure. Il suivit l’exemple des grands peintres parisiens, et se rendit en Italie, à Venise où il se trouvait en 1629. À Paris, il vécut dans le quartier du Marais. Mentionné à Troyes, en 1633, chez le baron du Vouldy. Comme ses contemporains parisiens, Jacques Linard, Lubin Baugin ou Louise Moillon, il aborda le thème de la vanité, celui des Cinq sens (l’Eté ou les Cinq Sens, 1633, Strasbourg, Musée de l’Œuvre Notre-Dame, ou les Cinq Sens à l’Horloge de table, Strasbourg, Musée de l’Œuvre Notre- Dame), et proposa des « tables mises » et des cuisines très originales, dont certaines mettent en scène un nombre réduit d’objets. Pourtant cette simplicité ne nuit pas à la qualité de l’œuvre: l’austérité est alors animée par la somptuosité des reflets (Nature morte à la carpe sur une boîte de copeaux, Clamecy, Musée d’art et d’histoire Romain Rolland). Ses œuvres furent très appréciées des amateurs, certaines figurent dans la collection du roi, dans celle de Richelieu, ou dans celles d’autres personnages importants de la cour. Il quitta Paris vers 1640, et fit sans doute un bref séjour à Francfort: les Natures mortes au pain et à l’écrevisse (Le Havre, Musée des Beaux-Arts) montrent des analogies avec les œuvres de Georg Flegel. Il s’installa à Strasbourg, et se présenta à la corporation, le 11 février 1641. Une dispense de chef-d’œuvre lui fut accordée par la tribu des métiers Zur Steltz (l’Échasse), les 15 et 28 septembre 1641, stipulant que l’artiste pouvait travailler seul, mais qu’il ne pouvait prendre d’apprenti ni d’ouvrier d’atelier tant qu’il n’aurait pas exécuté le chef-d’œuvre. Mais au début de l’année 1642, la corporation, qui voyait d’un mauvais œil la venue d’un artiste de renommée, revint sur sa décision. Le litige se régla par un compromis : le Conseil des Quinze donna un blâme aux peintres strasbourgeois pour leur conduite inconvenante, et autorisa Stoskopf à travailler seul. Le peintre offrit alors, le 13 octobre 1642, un tableau au Conseil des Quinze. En 1641, il peignit le portrait de Johannes Schmidt © (disparu), dont ne subsiste que la gravure de Peter Aubry, et la Grande Vanité (Strasbourg, Musée de l’Œuvre Notre-Dame) dans laquelle les symboles des activités humaines sont disposés autour du crâne. Grâce à son mariage, Stoskopf entretint des relations privilégiées avec les orfèvres de la ville. Il devint le peintre le plus important de Strasbourg. Il fut élu au Grand Conseil de la tribu de l’Échasse, déposa régulièrement, de 1650 à 1655, de l’argent au Pfennigturm (trésor de la Ville), organisme de crédit municipal. Dans ses œuvres de la période strasbourgeoise, de nouveaux sujets apparaissent : les somptueuses corbeilles de verres et le trompe-l’œil. Parmi les amateurs, figurait le comte Johannes von Nassau-ldstein, réfugié à Strasbourg, qui devint son protecteur et mécène. En 1651, celui-ci offrit deux tableaux à l’empereur Ferdinand III: la Grande nature morte d’orfèvrerie (Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle) et le Trompe-l’œil à la gravure de Galatée (Vienne, Kunsthistorisches Museum).
En 1656, Stoskopf rejoignit le comte à Idstein ; il y mourut dans des conditions troublantes et mal élucidées. Fidèle à la représentation des objets devant un fond sombre, il développa des thèmes particuliers, tels que livres, gravures et surtout verres et orfèvreries qui lui permirent des recherches tout à fait neuves sur la transparence.

J. Brauner, Sebastian Stoskopff, ein Strassburger Maier des 17. Jh., Strasbourg, 1933 ; H. Haug, « S. Stoskopf, peintre de natures mortes », Trois siècles d’art alsacien 1648-1948, 1948, p. 23-72 ; idem, « Trois peintres strasbourgeois de natures mortes », Revue des arts, 1952, p. 138-160 ; idem, « Deux nouveaux tableaux de S. Stoskopf », ibidem, 1959, p. 282-292 ; idem, « S. Stoskopf », L’Œil, 76, 1961, p. 23-36 ; S. Stoskopf, sein Leben, sein Werk, seine Zeit, cat. expo, Idstein, 1987 ; M. C. Heck, Der Einfluss Georg Flegels auf S. Stoskopf, catalogue de l’exposition Georg Flegel, Francfort, 1993-1994, p. 241-246 ; M. C. Heck, S. Stoskopf, peintre de natures mortes, thèse de doctorat, Strasbourg, 1995 ; B. Hahn-Woernle, S. Stoskopf, Stuttgart, 1996 ; S. Stoskopf, un maître de la nature morte, catalogue de l’exposition, Strasbourg/Aix-la-Chapelle, 1997.

Michèle-Caroline Heck (2000)