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STOLL Jean-Baptiste (en religion dom PETRUS)

Maire, moine bénédictin et prêtre, (C) (★ Guebwiller 14.1.1768 † Nuremberg 22.7.1845). Fils de François-Joseph Stoll, propriétaire, conseiller municipal, marguillier de l’église paroissiale Saint-Léger, et de Marie-Rose Sitterlin. ∞ I 7 floréal an VI = 26.4.1798 à Guebwiller Anastasie Rudler © (★ Guebwiller 15.6.1770 † Guebwiller 17 pluviôse an VIII = 6.2.1800) ; 2 enfants. ∞ II 18.3.1803 à Rouffach Marie-Élisabeth de Muller © (★ Lauterbourg 2.2.1781 † Guebwiller 15.4.1819) ; 7 enfants dont Marie Antoinette Reine Élisabeth (★ Guebwiller 14.6.1806 † Colmar 2.4.1876), en religion sœur Chrysostome, supérieure des Sœurs de la Charité des Hospices civils de Colmar (1862) ; Marie-Louise-Joséphine (★ Guebwiller 9.5.1808 † Colmar 6.6.1892) épouse de Jean-Martin-Victor Robin ©, ingénieur civil à Colmar. Stoll désirait se consacrer à la vie bénédictine lorsqu’éclata la Révolution française. La première partie de son existence s’en trouva profondément modifiée. Tour à tour, on le trouve désigné comme cultivateur, propriétaire et marchand de bois. Dès lors, fort de l’estime et de l’indépendance financière dont jouissait sa famille, il se consacra à la chose publique. Conseiller municipal en 1800, il succéda en qualité de maire à son beau-frère J. B. Rudler © (arrêté préfectoral du 15 septembre 1803) et le demeura jusqu’à sa démission le 18 janvier 1816. Il fut appelé à exercer à nouveau les mêmes fonctions du 17 avril 1821 au 30 août 1830, date de sa suspension par les autorités. Cette période vit le développement de l’industrie textile guebwilleroise (1804 : rubanerie de soie de Bary et Mérian, 1806 : manufacture de filature et de tissage Ziegler Greuter et Cie, 1808 : Nicolas Schlumberger et Cie, …). Le percement des remparts, l’arasement des tours de la cité médiévale, l’aménagement de la Promenade (1804-1805) et l’ouverture d’un nouveau cimetière (1810) furent entrepris par la municipalité. Stoll veilla également à la confection de l’Inventaire des titres, registres et papiers communaux (1808) ainsi qu’à la réalisation de ces documents fort utiles à la gestion d’une ville en pleine expansion démographique appelée à devenir la « Mulhouse des Vosges » : les plans d’alignement, atlas et matrices cadastrales (1825-1827). Par ailleurs, la restauration de l’église Saint-Léger — profanée durant la Révolution — et sa réouverture en tant qu’annexe de l’église paroissiale Notre-Dame furent menées à bonne fin (1828). Nommé membre du Conseil d’arrondissement en 1814, Stoll représenta le canton lors du voyage qu’effectua le duc de Berry à travers l’Alsace. Quant à l’arc de triomphe érigé sur la route d’Issenheim à l’occasion de l’accueil solennel du roi Charles X, le 11 septembre 1828, il fut immortalisé, sur la volonté expresse du maire, par une lithographie d’Engelmann © qui fut vendue au profit des pauvres de la ville. Les émeutes forestières suscitées lors de l’hiver 1829-1830 contre Stoll, adjudicateur de toutes les coupes de bois de la vallée — et dont les archives conservent la complainte : Die Gebweilere Rewellen Holzlied von der Rewult 1830 —, mirent celui-ci en difficulté. Renonçant à ses fonctions après les journées de Juillet, il demeura toutefois conseiller municipal. Début 1837, Stoll annonça son départ de France. Soucieux de renouer avec sa vocation première contrariée, il entra à l’âge de 69 ans comme novice au prieuré, récemment rétabli, d’Ottobeuren, Bavière, sur les conseils conjugués de la mère supérieure des Sœurs de la Charité de l’hôpital de Munich, Ignatia Jorth © — d’origine alsacienne — et de Barnabé Huber, abbé de Saint-Étienne, à Augsburg. Stoll prononça solennellement ses vœux le 21 octobre 1838 et fut ordonné prêtre par l’évêque d’Augsburg dès la semaine suivante « en raison de son grand âge et de la présence de sa pieuse fille, sœur Chrysostome ». Stoll, en religion dom Petrus, mit ses qualités d’administrateur avisé au service de la communauté bénédictine d’Ottobeuren en tant qu’économe. L’abbé ne put que se féliciter de sa présence : en effet, Stoll contribua pour plus de 10000 francs de donation aux finances du monastère en plein essor ! Dom Petrus prit également sa part dans le ministère des paroisses voisines et fit bénéficier ses ouailles de sa grande expérience. Il effectua plusieurs pèlerinages à Einsiedeln et se rendit à Salzburg. Alors qu’il revenait d’une cure thermale à Bad Kissingen, Dom Petrus, décéda à Nuremberg où il fut inhumé au cimetière Saint-Roch. Monument funéraire de ses parents à Guebwiller, en l’église Saint-Léger, nef, mur ouest. Décoration de l’ordre royal du Lis (1814). Chevalier de la Légion d’honneur (1815, 1821).

Archives de l’abbaye Saint-Étienne, Augsburg ; Évêché de Strasbourg, Monasticon alsaticum ; Archives municipales Guebwiller, registres paroissiaux, état-civil; 1 D, 6, 7; 2 D, 2, 3; 1 K, 1 ; Archives départementales du Haut-Rhin, 2 M, 21, 39, 61 ; 4 R, 8 ; Fargès-Méricourt, Relation du voyage de S. M. Charles X en Alsace, Strasbourg, 1829 (lithographie d’Engelmann où figure Stoll en civil) ; E. C. Scherer, Die Kongregation der Barmherzigen Schwestern von Strassburg, Sarralbe, 1930 ; A. Kolb, « Jean Baptiste Stoll von Gebweiler », Pro Deo Amur. Deutsch-französische Begegnung, Ottobeuren 1967, Augsbourg, 1967, p. 87-109, (avec traduction française comportant de nombreuses erreurs et portrait de dom Petrus) ; « J.-B. Stoll, Bürgermeister von Guebwiller unter dem 1. Kaiserreich und der Restauration mit 69 Jahren Benediktinermönch », L’Alsace des 7-8.8.1967 (erreur sur le lieu d’inhumation) ; C. Wittmer, « Markante Elsässer, Jean-Baptiste Stoll von Gebweiler », Le Nouvel Alsacien du 5.12.1968 (date de naissance et lieu d’inhumation erronés) ; Inventaire général des Monuments et Richesses artistiques de la France, Canton Guebwiller, Paris, 1972, t. 1 p. 55, t. 2 p. 112 (monument funéraire de F.-J. Stoll) ; G. Bischoff, « Jetzt fangt der kalten winder an… L’émeute forestière de février 1830 et l’histoire sociale de Guebwiller », Annuaire de la Société d’histoire des régions de Thann-Guebwiller, XII, 1977-1978, p. 85-97 ; J.-P. Blatz, « Bénédictins alsaciens (1801-1945) », Archives de l’Église d’Alsace, 41, 3e série 2, 1982, 213-262, p. 260 ; CNRS, Grands notables du Premier Empire – Haut-Rhin, 1978, p. 58-59 (erreur sur la date de naissance) ; Encyclopédie de l’Alsace, XI, p. 7018 (patronyme erroné de la mère). Contrairement à l’article « Ein Maire von Guebwiller wurde Abt des Benediktinerklosters Ottobeuren », Almanach Saint-Joseph 89, 1979, p. 143-144, Stoll n’a jamais été abbé ; M. Rogez, 1790-1990. Contribution à l’histoire des Sœurs de la Charité aux Hospices civils de Colmar, Colmar, 1993, passim (concerne sœur Chrysostome).

† René Bornert et † Pierre-Marie Maulbecker (2000)