Magistrat, maire de Sélestat (★ Wissembourg 3.11.1861 † Beaulieu-sur-Mer, Alpes Maritimes, 2.4.1940). Fils d’Auguste Stoffel (★ Sélestat 11.7.1828 † 25.10.1914), conseiller honoraire à la Cour d’appel de Nancy, et d’Anne Marie Charlotte Mélanie Demontzey de Saint-Dié. Cousin de Léon Stoffel ©. ∞ Marguerite Alice Lallement (★ 1866 † Nancy 21.11.1936) ; 2 enfants dont Robert, président de l’Automobile-Club de Lorraine. École primaire à Sélestat jusqu’en 1870, puis — sa famille ayant opté pour la France — à Lure ; études secondaires au collège des Jésuites de Dole ; études de droit avec doctorat à l’Université de Nancy suivant ainsi les différentes étapes de la carrière paternelle. Entra dans la magistrature en 1890. Après un court passage au tribunal de Saint-Dié, sa carrière toute entière se déroula à Nancy, où il fut successivement substitut du procureur, juge d’instruction, puis juge (1902). Comme son père, Stoffel joua un rôle important dans les milieux alsaciens établis à Nancy après la guerre de 1870, maintenant l’espoir de revenir dans la province perdue. Avec ses parents d’abord, puis avec ses enfants, il revenait chaque année en vacances dans le « Ritterhof », la maison familiale de Sélestat. Lorsque la ville de Nancy prépara sa grande exposition industrielle et commerciale de 1909 il convainquit les organisateurs d’y créer un « village alsacien ». Grâce à une souscription à Nancy, mais aussi auprès de négociants strasbourgeois et mulhousiens, il put acquérir une maison typique alsacienne à Zutzendorf, non loin d’Ingwiller, qui fut démontée avec tous les bâtiments d’exploitation attenants. L’ensemble fut remonté pierre par pierre et poutre par poutre dans la section alsacienne de l’exposition dont Stoffel fut l’animateur. La maison fut meublée dans le strict respect de la tradition grâce à l’aide de Léon Dollinger ©, le directeur du Musée alsacien de Strasbourg. Après un nouveau démontage, elle fut installée définitivement dans le parc Sainte-Marie, où elle fournit le cadre du « Musée et conservatoire d’art populaire alsacien » créé à l’initiative de Stoffel et inauguré en juin à la veille de la Première Guerre mondiale. Quelques jours après l’Armistice, Stoffel retourna à Sélestat et fut nommé, en date du 7 décembre 1918, président de la commission municipale de sa ville natale par M. Maringer, haut-commissaire du gouvernement à Strasbourg. À ce titre il reçut en gare de Sélestat, le 10 décembre, le président de la République, Raymond Poincaré ©, qui se rendait avec sa suite de Strasbourg à Colmar, lors de son premier voyage officiel en Lorraine et en Alsace (7-11 décembre 1918). Dans son allocution de remerciement, le président le salua d’un « cher cousin ». En effet Stoffel, son arrière cousin, était apparenté par sa mère à la famille Poincaré. Une plaque commémorative apposée sur la façade de la gare de Sélestat rappelle cette visite. Il fut élu maire le 10 décembre 1919. Il accueillit encore le président Poincaré (20 août 1919) ainsi que le président Alexandre Millerand (29 mai 1923), venu remettre la croix de Guerre à la ville. Dès le début de sa magistrature, il fit adopter par le conseil municipal l’appellation définitive de la ville : Sélestat à la place de l’ancien Schletstadt. Au cours de son mandat, Stoffel eut à gérer l’adaptation de la cité dans le cadre de l’administration française. Entre autres travaux, il fit entreprendre une restauration extérieure de l’église Saint-Georges. Aux élections municipales de 1925, il dut céder sa place à son successeur, le docteur Auguste Bronner ©. À la déclaration de la guerre, il se retira définitivement à Beaulieu-sur-Mer. Il ne fut inhumé dans le carré familial du cimetière de Sélestat que le 19 mai 1949. Nommé maire honoraire et citoyen d’honneur de la ville en 1933. Officier de la Légion d’honneur ; officier de l’Instruction publique.
Archives familiales, Mme Marie France Stoffel, Nancy ; « Auguste Stoffel », Fichier A. Dorlan (coupures de presse), Bibliothèque humaniste de Sélestat ; A. Dorlan, « Casier descriptif et historique des rues et maisons de Sélestat (suite) », Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1956, p. 34 ; A. Dorlan, Histoire architecturale de Schlestadt, p. 86 ; G. Martin, « La libération de Schlestadt en 1918. Le colonel Fortuné Szarvas (1860-1939) », Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1971, p. 50-51, p. 149-150 ; M. Kubler, « Le docteur Auguste Bronner, 1890-1935, médecin et maire de Sélestat », Annuaire de la Société des Amis de la Bibliothèque de Sélestat, 1990, p. 81 ; Bulletin officiel municipal de Sélestat n° 1, 1965, p. 19-21 ; H. Lenattier-Sicard, Les Alsaciens Lorrains à Nancy, 1871-1914, une intégration réussie, thèse de doctorat, Université de Nancy, novembre 1999.
† Jean-Claude Hahn (2000)