Professeur, poète, historien, philologue, (PI) (★ Strasbourg 9.7.1808 † Mulhouse 19.3.1884). Fils de Daniel Ehrenfried Stoeber ©. Filleul du poète colmarien Pfeffel. Célibataire. Il fit des études au Gymnase protestant de Strasbourg (mai 1816-août 1826); bachelier ès lettres (nov. 1828). Inscrit à la faculté de Théologie de Strasbourg (27 août 1828). Il fréquenta pendant des années au cours de ses études les milieux littéraires notamment l’association des étudiants « Eugenia ». Successivement précepteur privé, vicaire à Oberbronn, desservant de la paroisse de Rothbach, directeur de l’école supérieure et inspecteur délégué du canton de Bouxwiller, régent au collège de Mulhouse (1841). Il refusa un poste de professeur de lettres dans les classes supérieures du Progymnasium de Bâle. Il s’enthousiasma pour les mouvements libéraux de 1848 et participa à la publication du journal libéral Der Freiheitsbaum lancé à Mulhouse. Il resta par la suite un adversaire du second Empire, notamment de Napoléon III. Sous-bibliothécaire (1857), bibliothécaire à Mulhouse (1861). Dès 1858, il lança l’idée de créer un Musée historique à Mulhouse. Il procéda à des fouilles dans le Zurenwald à proximité de Zimmersheim. Il devint président du Musée historique fondée en 1863 par la Société industrielle de Mulhouse.
Très jeune encore il s’exerça à la poésie, encouragé par son père. Le cercle des poètes souabes eut une grande influence sur sa muse. Il pratiqua surtout Uhland, Rückert et G. Schwab. Il fonda un périodique littéraire Erwinia (1838-1839). Ses principaux poèmes parurent dans Alsatisches Vergissmeinicht (1825) ; dans Alsabilder (1836) ; dans Gedichte (1842) ; dans Drei Aehren im Ober-Elsass (1873). Ils se rattachent tous par leur lyrisme à l’école romantique allemande. Stoeber apprécia fort la poésie dialectale. Il rallia autour de lui plusieurs poètes et écrivains tels Muhl, Candidus, Otte (Zetter), Daniel Hirtz ©. Son intérêt le porta par la suite à l’histoire, le folklore, la langue. Il publia les Elsässische Neujahrsblätter (1843-1848). Son aspiration profonde fut de doter l’Alsace d’un organe littéraire et artistique. Tout en défendant la spécificité alsacienne, il prôna également l’idée que l’Alsace était un trait d’union entre la France et l’Allemagne. Il fut ainsi un collaborateur du Samstagblatt créé à Mulhouse par Otte (1856-1866) et auquel collaboraient X. Mossmann ©, R. Reuss ©, Chauffour ©, Stoffel ©, Ehrsam ©, Rathgeber ©. Ses travaux étaient influencés par ceux des frères Grimm. Il s’engagea dans une voie scientifique conseillée par les Grimm, collabora au Deutsches Wörterbuch. Il publia l’Elsässische Volksbüchlein et le Sagenbuch des Elsass. La philologie l’attirant également, il travailla à un ouvrage qu’il ne put achever, Elsässischse Idiotikon. Ses recherches historiques aboutirent à quelques publications, telles : Die bürgeriichen Aufstände zu Mülhausen (1874), Der Sechsbatzenkrieg, ehemalige Grafschaft Pfirt (1843). Il publia notamment dans la Revue d’Alsace, le Bulletin du Musée historique de Mulhouse ; le Morgenblatt de Stuttgart. Il créa à Mulhouse, en 1853, un cercle littéraire la Concordia dont faisaient partie Schnegans, Adolphe Stoeber © 6, Charles Schmidt ©, Xavier Mossmann, Jacob Grimm, L. Uhland, Zetter. Stoeber faisait partie de plusieurs sociétés savantes: Historische antiquarische Gesellschaft (Bâle), Gelehrtenverein des germanischen Museum (Nuremberg), et fut nommé maître du Freies deutsches Hochstift des Goetheschen Vaterhauses (Francfort-sur-le-Main). Il prit sa retraite en 1873. Officier d’académie (1865). L’Université de Strasbourg lui décerna en 1878 le titre de docteur en philosophie.
G. Mühl, « Die Brüder Stöber », Leipziger illustrierte Zeitung, 1878, n° 1839 ; Encyclopédie des sciences religieuses, 13, 1882 ; Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, I, n° 38, p. 209 ; H. Erismann, « A. Stoeber, sa vie et ses œuvres », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1886 ; R. Ristelhuber, « A. Stoeber », Revue des traditions populaires, Paris, 1888 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 830 ; Haegy, Das Elsass von 1870-1932, Colmar, Alsatia, 1936-1938, III, passim ; K. Walter, Die Brüder Stöber, Colmar, 1940 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, n° 5079, p. 531 ; R. Oberlé, L’enseignement à Mulhouse de 1798 à 1870, Paris, 1961 ; Encyclopédie de l’Alsace, XI, 1985, p. 7015-7016.
† Raymond Oberlé (2000)