Skip to main content

STERNGASSEN Johannes KORNGIN von

Prédicateur (★ Cologne avant 1285 † vers 1342). La première date certaine dont on dispose est celle de 1310, où il est mentionné dans une chronique de la ville de Strasbourg. Il est, à l’époque, maître lecteur au couvent des Dominicains. En 1316, il figure, dans la même chronique, comme exécuteur du testament de l’écolâtre de la collégiale Saint-Thomas. Il était alors prieur et peut-être maître en théologie au couvent des Dominicains (Temple-Neuf). Il est également connu comme prédicateur auprès des couvents de Dominicaines de Strasbourg, ce qui lui valut ce surnom : der brediger lermeister von Strazburg (Stuttgart, Landesbibliothek, Ms HB Cod. ascet. I, 6, f° 26 r). C’était, de fait, un prédicateur exceptionnel, qui sait transposer, comme son contemporain Eckhart ©, la spéculation scolastique dans le domaine de la mystique. Son œuvre théologique est en partie perdue. Il ne reste que son Commentaire des Sentences, qu’il rédigea avant 1315 et qui le situe dans la première génération des thomistes. La plupart de ses sermons nous sont connus de seconde main, mais il est possible d’en dégager les grandes lignes, qui le rapprochent d’Eckhart, à tel point qu’on a pensé qu’il était son disciple, ce qui n’est pas le cas. Cependant, il y a une réelle convergence de vues entre ces deux Dominicains strasbourgeois qui avaient des postes de responsabilité au cours des mêmes années: J. von Sterngassen étant prieur de son couvent et Eckhart assistant du maître de l’Ordre, chargé de la cura monialium entre 1313 et 1323-1324. Ils se sont connus et ont dû largement dialoguer. Comme Eckhart, J. von Sterngassen part de la pureté du cœur, qu’il appelle luterkeit, qui conduit au détachement et à l’union à Dieu. On pourrait même établir un parallèle entre le Sermon 52 d’Eckhart et ses sermons : Formans me et : « En toutes choses, j’ai cherché le repos » (Sir 24,1). On y trouve des thèmes analogues : le néant, l’étincelle de l’âme, l’intellect, la Déité. Il étudie la présence et l’action de Dieu dans l’âme. Cependant, J. von Sterngassen adopte un style différent de celui d’Eckhart : il met en œuvre une rhétorique particulière, en privilégiant le parallélisme entre les phrases et la juxtaposition des affirmations. D’autre part, il n’est pas marqué par le néoplatonisme.

Extraits dans W. Wackernagel, Altdeutsche Predigten und Gebete, Bâle, 1876, p. 163-168, 544-546 ; Urkundenbuch der Stadt Strassburg, bearb III, p. 206, n° 675 ; p. 253, n° 829 ; F. Pfeiffer, « Predigten und Sprüche », Zeitschrift für deutsches Altertum, 8, 1851, p. 251-258 ; « Sprüche deutscher Mystiker », Germania 3, 1958, p. 235-238.

Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 827-829 ; A. Landgraf, « Johannes Sterngasse OP und sein Sentenzkommentar », Divus Thomas 4, 1926, p. 40-54, 207-214, 327-350, 467-480 ; W. Senner, Johannes von Sterngassen OP und sein Sentenzenkommentar, Berlin, 1995 ; K. Ruh, Geschichte der abendländischen Mystik, t. 3, Munich, 1996, p. 410-414.

Marie-Anne Vannier (2000)